Récemment, je suis tombé sur un truc un peu fou : des gens qui se fabriquent des barrettes de RAM pour d’anciens ordinateurs, ici le Macintosh IIfx. Et c’est assez intéressant, en dehors de l’exploit de bidouilleur.
Le Macintosh IIfx de 1990 a été pendant pas mal de temps le Mac le plus rapide, avec son 68030 à 40 MHz et – surtout – un tas de puces spécialisées pour réduire l’usage du CPU lors des opérations d’E/S. Une des particularités de ce modèle est d’utiliser de la mémoire SIMM sur 64 broches, alors que la SIMM classique utilise soit 30 broches (SIMM 8 bits), soit 72 broches (32 bits). Dans le Macintosh IIfx, il s’agit de mémoire 8 bits, mais avec une particularité : la mémoire peut être lue et écrite en même temps. Dans une mémoire 8 bits classiques, la lecture et l’écriture se partagent les mêmes broches : on peut soit lire, soit écrire. Avec la machine d’Apple, le contrôleur mémoire peut effectuer les deux en parallèle, ce qui demande évidemment plus de broches. La mémoire utilise 64 broches parce que le connecteur est le même que pour les ROM, techniquement elles ne sont pas toutes utilisées. Je vous passe les détails techniques (vraiment) compliqués, mais en gros ça permet de réduire la latence et d’améliorer les performances de l’ordinateur, qui dispose en plus d’une mémoire cache de 32 ko (chose assez rare à l’époque).
Le principal problème de la RAM en SIMM 64 broches, c’est sa rareté et donc son prix. Elle a été utilisée uniquement dans le Macintosh IIfx et dans une imprimante laser, ce qui limite évidemment les possibilités. Si on peut installer 128 Mo de RAM dans un Macintosh IIfx (8x 16 Mo, par groupe de quatre), c’est pratiquement mission impossible en réalité. Et c’est là que les barrettes custom interviennent.
En gros, quelques passionnés ont décidé de fabriquer des PCB et de souder directement des puces dessus. C’est (relativement) économique : il suffit de fabriquer les PCB, de trouver des barrettes de RAM classiques compatibles, de récupérer les puces et de les souder sur les PCB. Le montage nécessite des puces de 16 mégabits interfacées en 8 bits, avec plusieurs sources possibles : des barrettes de 16 Mo en SIMM 30 broches (8 ou 9 puces de 16 Mb selon les cas), des barrettes de 128 Mo avec parité en 128 Mo (elles contiennent généralement 8 puces de 16 Mb pour la parité) ou des barrettes de 64 Mo avec parités équipées de 36 puces de 16 Mb, la solution la plus économique. Avec deux barrettes de SIMM 72 broches qui se trouvent assez facilement sur eBay (j’en possède d’ailleurs pour mon TAM), on peut fabriquer neuf barrettes de 16 Mo pour Macintosh IIfx, de quoi installer 128 Mo et avoir une barrette en rab’ en cas de soucis.
En pratique, je trouve vraiment intéressantes toutes les évolutions et bidouilles qui sortent régulièrement pour nos vieilles machines. Je ne possède pas de Macintosh IIfx, mais pour les personnes qui possèdent ce Mac très rapide, c’est un moyen efficace de l’améliorer.
Quel plaisir de lire à propos de Macintosh IIfx en 2017 ! J’en ai passé du temps avec cette machine, et elles étaient chères ces barrettes…
Oui, le IIfx est probablement, après le SE/30, la machine la plus populaire auprès des amateurs de macs 68k :-)
paleomac
Le Mac II c’était la Rolls des Mac quand il est sorti, le premier Mac en couleur (et pour le prix d’une Rolls ;-)
Sa dernière évolution, le IIfx a marqué son temps avec son proc 68030 à 40Mhz. C’était la course avec Intel qui présentait son 486 à 33Mhz la même année (50Mhz l’année suivante, et Apple les Mac 68040, etc…)
J’ai travaillé avec, il m’en reste 2 mais que des barrettes 1Mo, et les 4Mo étaient déjà chères à l’époque (aujourd’hui 25$ la barrette, les 16Mo sont introuvable).
Superbe cette réalisation, très propre. J’en serais bien incapable.