Aujourd’hui, un petit retour en arrière sur un beau flop de la part d’Apple et d’un de ses partenaires de l’époque, Motorola. Oui, on va parler des téléphones Motorola avec iTunes.
Chronique d’un bide annoncé
C’est en 2005 que Steve Jobs dévoile le ROKR, le premier téléphone — ce n’était pas un smartphone — avec iTunes intégré. Il a été présenté en même temps que le premier iPod nano, bien plus intéressant, et comparé directement par Apple à l’iPod shuffle lancé quelques mois plus tôt.
Tout d’abord, le téléphone était un mauvais téléphone, même pour un Motorola. Epais, assez laid, très lent et peu intuitif. C’était un modèle classique (le E398) recarossé pour Apple, avec un lecteur de musique en Java (a priori) assez moyen. On avait l’interface d’iTunes des iPod de l’époque, mais en plus lent.
Petite anecdote amusante, le téléphone a planté une démo de Steve Jobs sur scène.
Le second point gênant, c’est l’intégration dans iTunes. Le téléphone ne pouvait recevoir que 100 morceaux — protégés ou pas, à l’époque Apple avait encore des DRM sur la musique — et même seulement 50 morceaux dans certains pays, comme l’Australie. Heureusement dans un sens : le débit entre le téléphone et un ordinateur est désespérément faible, avec des performances dignes de l’USB 1.1.
Le second, le troisième et le quatrième téléphones iTunes
Si le ROKR est le plus connu, Motorola a sorti d’autres modèles dotés d’iTunes. Aux Etats-Unis, Motorola a proposé le SLVR L7 avec iTunes, un téléphone doté du même logiciel que le ROKR. Les versions internationales de ce modèle ne sont pas compatibles iTunes. C’est d’ailleurs la musique de mon groupe préféré, Hooverphonic, qui a été utilisé pour la publicité de ce modèle.
Le troisième et le quatrième téléphones iTunes, ce sont des Motorola RAZR. Il y a d’abord le V3i, avec une version iTunes sur certains marchés et une limite de 50 ou 100 morceaux. Et il y a eu aussi le Motorola RAZR V3im, la version anglaise du V3i.
Un petit test
J’ai pu me procurer un Motorola V3im pour un petit test. Premier constat : il faut une carte mémoire de 1 Go maximum. Le téléphone n’accepte pas les microSD de 2 Go ou plus. Après quelques recherches, je trouve une carte de 1 Go. Second constat, l’interface est horrible. Vraiment. Les boutons changent de fonctions selon la navigation dans les menus, ce n’est ni clair ni intuitif, c’est assez mauvais.
Troisième constat, iTunes 10.x ne prend pas en charge les téléphones avec iTunes. Quelques recherches plus tard m’indiquent qu’Apple a supprimé la prise en charge des téléphones iTunes avec iTunes 9.2. J’ai donc trouvé une vieille machine sous Tiger et installé iTunes 9.1.
Des limites
Pour le test, j’avais préparé un « pot pourri » de morceaux : des trucs protégés (AAC 128 kb/s), du MP3 128 kbps, de l’AAC 256 kb/s encodé manuellement et de l’AAC 256 kb/s sans DRM issu d’iTunes. Mauvaise nouvelle, le téléphone n’accepte tout simplement pas les morceaux en 256 kb/s (ni ceux en 192 kb/s d’ailleurs). Par contre, les morceaux protégés passent parfaitement, ce qui est un bon point.
Un réencodage plus tard, on recommence avec les mêmes morceaux encodés à 128 kb/s.
Et là, on pleure. Parce que bon, copier des fichiers à 45 ko/s vers une carte microSD, ça fait un peu mal. Autre petite surprise ridicule, le téléphone ne charge pas en USB sur un Mac. Et sous Windows, il faut installer un pilote pour activer la charge.
On peut noter que l’application iTunes a été mise à jour sur ce téléphone, avec une version 1.01.
L’interface en elle-même est lente, il y a une latence entre le choix d’un menu et son affichage, le lecteur ne démarre pas la lecture directement, le temps d’essayer de lire la pochette, etc. C’est franchement mauvais, et on comprend pourquoi les téléphones ont été un échec…