Aujourd’hui, on va parler d’un émulateur de PlayStation, la première. Virtual Game Station, de Connectix, est un émulateur intéressant pour plusieurs raisons. La première, c’est que c’est un émulateur commercial, la seconde, c’est qu’il ne nécessite pas une machine très puissante : un simple iMac de première génération suffit. Enfin, il a été vendu alors que la console qu’il émulait, la PlayStation, était dans son heure de gloire.
L’émulateur a été écrit par Aaron Giles et Eric Traut. Deux personnes assez connues dans le monde Apple, le second est notamment à l’origine de l’émulateur de processeurs 68000 pour PowerPC utilisé dans Mac OS. Le premier donne d’ailleurs quelques informations sur le développement de l’émulateur chez Connectix.
Virtual Game Station est impressionnant sur plusieurs points. D’abord, il émule correctement une console récente (elle date de 1994, l’émulateur de 1999) avec du matériel finalement assez faible. la console est basée sur un MIPS à 33 MHz et possède 2 Mo de RAM ainsi que 1 Mo de RAM vidéo. L’iMac, qui fait tourner correctement l’émulateur, a un PowerPC G3 à 233 MHz et 32 Mo de RAM. En comparaison, un émulateur gratuit comme ePSXe recommande un Pentium 3 à 1 GHz et 512 Mo de RAM sur PC et un ARM dual core à 1 200 MHz sous Android.
Ensuite, il s’agit d’un émulateur commercial — ce qui est assez rare — et qui est sorti à un moment où la console avait encore beaucoup de succès. Si on replaçait ça dans le contexte actuel, c’est comme si un émulateur de PlayStation 3 fonctionnel était sorti il y a un an tout en étant fluide sur un Core 2 Duo.
Dans la pratique, il n’y a que quelques version de l’émulateur (plutôt efficaces, on va le voir), des procès par Sony (celui sur l’utilisation du BIOS de la console est intéressant) et enfin un rachat du programme par Sony.
Comme j’ai un Power Mac G3 en état de marche, je me suis amusé à tester le programme. Je n’ai pas trouvé de version commerciale, donc j’ai utilisé une version piratée. Le programme, de base, ne permet d’utiliser que des jeux originaux, mais des patchs existent pour supprimer cette limitation. Dans mon cas, je n’ai pas vraiment réussi à graver correctement des ISOs de jeux PlayStation, aucune ne passaient (j’ai utilisé un DVD réinscriptible). Pour tester, j’ai donc utilisé trois jeux achetés à vil prix sur eBay : Moto Racer 2, Quake 2 et Formula One ’97.
Bonne nouvelle, le programme n’a pas besoin de BIOS et — si on a une carte graphique ATi — ça marche bien.
La machine de test est un Power Mac G3 à 400 MHz sous Mac OS 9, avec la Rage 128 d’origine, 896 Mo de RAM et un pauvre disque dur. Pour la manette, j’ai utilisé un pad Orange sans fil, reconnu nativement en USB HID par Mac OS 9.
Dans la pratique, c’est fluide et efficace avec les trois jeux testés. L’émulation du son est correcte (ma carte d’acquisition ne prend pas le son en analogique), c’est rapide, je n’ai pas remarqué de bugs graphiques. Le programme a été pensé pour la compatibilité et les performances, donc il n’améliore pas la qualité des jeux (contrairement à d’autres émulateurs).
Juste pour rire, j’ai lancé PCSX avec les mêmes jeux sur un MacBook Air récent. PCSX 1.6 lance Moto Racer 2, mais à 2 images/s, Formula One ’97 ne se lance même pas et Quake 2 est très lent. Avec ePSXe, c’est plus rapide, même si Formula One ’97 n’a pas voulu se lancer et que Motor Racer 2 prend (très) longtemps à charger mais marche ensuite parfaitement… Accessoirement, la configuration est quand même assez laborieuse (il faut un BIOS et les bons pilotes pour le GPU).
Ah c’est clair que ce soft déchirait. En 1999, on l’utilisait en démonstration pour les formations vendeurs Darty & co. Ça impressionnait vraiment, et Apple avait vraiment envie d’en faire un fer de lance du retour du Mac dans le jeu vidéo (Jobs l’avait présenté en grandes pompes lors de la conf Macworld de janvier 99). Malheureusement il n’a pas duré bien longtemps, et c’est dommage car c’était effectivement un putain de bon émulateur…
D’accord, l’émulateur est commercial. Mais commercial et développé par deux types seuls. À côté de ça, t’auras toujours ces putains de pros-open source qui viendront t’expliquer à quel point l’open source est l’avenir parce-que contrairement au commercial c’est développé par tout le monde et donc rapidement optimisé pour à peu près tout ce qui se fait sur le marché.
Encore une fois, le commercial démonte bien fort l’open source.
@Gete : intéressant. A voir ici : http://youtu.be/NuCYHrSig94?t=1h16m49s
Et oui c’est dingue.
@Jack : doit-on nécessairement faire un choix discriminant entre les deux ? Regarde, moi j’aime beaucoup l’idée de l’open source, sa philosophie est sur-puissante. On peut aussi l’appliquer à des tas d’autres domaines, et là on a des bribes de futur qui se dessinent.
Toutefois, j’utilise quotidiennement un grand nombre de softs commerciaux (les OS, les app, les jeux, etc.), car les moyens investis en font -presque de fait- de très bons softs, beaux, stables, bien pensés, des crèmes à l’usage.
Je ne vois pas l’intérêt de chercher à prouver qui « démonte » qui, à part quand on a une tendance trollesque. Et c’est caca. Don’t feed the troll… or give him caca.
@Pax La philosophie de l’open source se fait contredire par 50% de la communauté dans les faits et ce en permanence. C’est regrettable. Seulement, c’est aussi la preuve que bien que des millions de personnes se revendiquent de la philosophie de la gratuité et de l’accessible, la majorité d’entre elles n’avancent que parce-qu’on leur fait sniffer le chèque de fin de mois.
Je reste sport and am even gonna give you some caca. L’open source, c’est super cool pour plein de points — c’est pas moi qui dirai le contraire, je passe une bonne partie de mon temps à tâter du HandBrake ou VLC. Maintenant, faut rester les pieds sur Terre : de tous ceux qui supportent l’open source, combien y contribuent réellement ?
Maintenant, penchons-nous sur un point qui me gratte un peu le cul — watch my caca spirit strike back.
Tu dis que « les moyens investis en font – presque de fait – de très bons softs, beaux, stables, bien pensés, des crèmes à l’usage ». Et là, j’aime mieux te dire que c’est se foutre de la gueule du monde, gentiment.
Et voici pourquoi :
– Tu les dis « bons » mais utiliseras-tu les mauvais ? S’il y a du bon, il y a du mauvais. Si l’un des deux manque, l’autre part à la casse.
– Tu les trouves « beaux » mais c’est vraiment trop vague (beaux de philosophie ou d’esthétique, par exemple). Et ils sont loin d’être si beaux. Pour exemple, l’un des moins dégueulasses est, selon moi, VLC. Et pourtant…
– Tu les qualifies « stables » et c’est vrai. Mais au-delà de la stabilité, l’optimisation se fait souvent attendre (bon, là encore, VLC et HandBrake s’en sortent nickel chrome mais charge un peu un GNU/Linux et tu vas voir ce que la « vitesse du rien » va prendre). Bien que la plupart d’entre eux soit stable, ça manque cruellement d’optimisation — critère essentiel pour les milieux professionnels.
– Tu les trouves bien pensés, je dirais que ce n’est pas faux. Seulement, avant qu’un logiciel open source se révèle bien pensé, il mange pas mal d’étapes (la communauté servant de beta test). Un logiciel commercial, en comparaison, n’a pas le droit à la moindre erreur ou c’est la lourde au premier concurrent potable venu.
Et pour toutes ces raisons, non, ce ne sont pas « des crèmes à l’usage ». La plupart des trucs open source nécessitent parfois de mettre un peu les mains dans la daube et bien que les bidouilleurs comme nous puissent aimer ça, le final user classique (celui qui se fout de savoir comment ça fonctionne tant que ça fonctionne parce-qu’il n’a pas que ça à faire) ne passera pas la page d’accueil du site. Ne parlons même pas des logiciels distribués comme à compiler soi-même… Ne serait-ce que Chromium, par exemple. Ouais, c’est du béton armé comme truc (et je m’en sers tous les jours pour développer) mais sans Google à baser Chrome dessus pour le distribuer prebuilt avec un système d’autoupdate intégré, ce serait bon pour la casse. Les boîtes comme Mozilla visent le grand public et ce sont aussi des .exe ou .dmg qu’elles distribuent.
Chromium, personnellement, je n’ai jamais eu la foi de me taper tout le toutime pour me le monter. J’ai toujours chopé des versions toutes faites sur des Blogspot de types faisant ça, simplement parce-que je n’ai pas le temps. Si j’avais du pognon à ne savoir qu’en faire, je donnerai volontiers cent boules chaque mois à ces fondations et projets open source que j’utilise en permanence mais ce n’est pas pour autant que j’y consacrerais de mon temps, en manquant déjà pour mon propre job. Des trucs comme Transmission, VLC, HandBrake, FreeBSD, Chromium, TextMate, Sublime Text et compagnie, je dis « On est bon. ». Mais c’est trop facile de se faire un petit showcase ou on n’envoie que du cador pour enchaîner sur « C’est Grand, c’est Puissant — c’est pour les DIEVX. ». À un moment donné, faut aussi reconnaître ce qui est : les premières versions sont souvent désastreuses, la plupart des ajouts ultérieurs sont souvent pris du commercial, le design (et par « design », j’entends la conception du truc dans sa globalité, pas seulement « graphic design ») laisse à désirer et se fera triturer dans tous les sens avant d’en trouver un bon…
Le commercial, c’est que tu as au maximum cent bonhommes sur un truc qui sera optimisé de fou pour telles et telles plateformes avec un support précis et optimisé. Ce n’est pas forcément maximisé (encore que la suite Office envoie du lourd niveau puissance) mais c’est clairement plus optimisé que l’open source. L’open source, t’as cent-mille bonhommes sur un truc qui sera stable, complet et compatible à la folie pour jusqu’au sèche-cheveux de ta grand mère (et c’est un point souvent peu nécessaire, je me vois mal utiliser de GNU/Linux sur iPhone parce-que ce n’est pas compatible en terme d’usage).
Il y a ce qu’on doit à l’open source et il y a ce qu’on n’y doit pas.
On doit à l’open source de forcer le commercial à se bouger le cul, d’empêcher le monde du tout-breveté de partir en live à Paris-Bercy sur les tarifs, de filer des standards nous évitant d’avoir à casquer deux machines différentes parce-qu’on a un fichier Pages et un autre Word, de montrer une face plus humaine (donc parfois erronée car moins « binaire ») de l’informatique. Seulement, de l’autre côté, ça pourrait faire tellement mieux que de servir à 75% aux marmots qui ne se sentent plus pisser depuis qu’ils ont touché un Shell et imprimé un tee shirt avec le logo de The Pirate Bay. Le principe même que l’open source soit forkable à volonté est souvent utilisé en excès (prenons GNU/Linux : c’est super mais le nombre de distributions inutiles finit par saturer le délire, certaines distributions étant inutiles car un simple changement d’un paquet et deux éléments paumés dans le fond du truc). Là, si au lieu de se barrer chacun dans son coin et faire son open source propriétaire pour avoir son nom en-haut d’un credits.txt les mecs se mettaient d’accord, ça pourrait donner un putain de truc. Sauf que… Ben sauf que non, en fait. Dommage. Merci à eux, ils repasseront un autre jour.
Alors oui, t’as dans la communauté open source des espèces de Jésus de l’informatique. Les mecs se pointent, te balancent un terminal en deux raccourcis que six gars sur Terre connaissent, enfilent les commandes comme un Wagner au piano et se retournent en te regardant ultra satisfaits. Non pas d’eux-mêmes mais pour toi, satisfaits de t’avoir aidé parce-qu’ils savent à quel point l’informatique peut être un nid à merde (et à quel point ça empire quand c’est pas open source car fermé). Ils ont cette sorte d’esprit de copains qu’on a souvent vu dans cette partie de l’informatique, l’esprit de la bande de potes du garage en Californie qui voulaient juste faire un P.C. pour s’amuser. Sauf qu’après, t’as aussi les mecs inutiles qui font la branlette publicitaire et les autres sortes de premiers de la frime qui se prennent pour des fous parce-qu’attention, ils savent développer (aussi bons soient-ils, je vise leur mentalité, pas leurs compétences). Et non seulement ces types polluent l’open source mais le sabotent sans s’en rendre compte et feraient, au final, mieux d’aller choper un job chez Microsoft.
Là, dans le commercial, t’as simplement un boss. Le boss, il ne veut que deux choses : un joli cahier des charges bien rempli et son café. Le reste, il s’en branle. Et les employés du boss, ils ne veulent que deux choses : un meilleur cahier des charges et un café. Tous veulent aussi un meilleur salaire et savent que ça rime avec « plus grosses charges ». Mais les mecs n’ont pas le droit à l’erreur parce-que sinon c’est la lourde. C’est pas humain, c’est clair, sauf qu’en attendant quand tu allumes un Mac tu n’as pas besoin de le paramétrer alors qu’un GNU/Linux P.C. devra l’être en permanence et ça, ça craint un max si tu n’es ni bidouilleur ni ingénieur ni technicien.
Call this a gros caca as you see fit.
Pierre nous dit : « si on a une carte graphique ATI — ça marche bien » … Pas forcément, pas toutes les cartes ATI, je peux utiliser VGS sur mon Pismo (ATI Rage 128), sur mon Ti/550 (ATI Radeon 7000), mais pas sur mon Ti 1 Ghz, dont l’ATI Radeon 9000 ,’est pas reconnue. Quand je regarde la « codification » des puces ATI, je constate que la Radeon 7000 est codée « Rage … » alors que la 9000 est codée « Radeon … », donc, pour que ça marche, il faut une ATI Rage xxx.
Sinon, la première machine avec laquelle j’ai fait tourner VGS, c’était un PowerMac 5500/275 (ATI Rage II pour le graphisme), mais je ne parviens pas à me souvenir si c’était avant ou après y avoir greffé la carte Sonnet Crescendo L2 G3/400.