Sur une idée de Matthieu Sarter (en croisade sur les forums de MacBidouille), c’est le moment de parler d’un mythe : « L’iMac a lancé l’USB ». C’est un truc très souvent vu au sujet de l’iMac, aussi crédité de la mort du lecteur de disquettes.
C’est un mythe, pour une bonne raison : l’USB date d’avant l’iMac et était déjà largement utilisé dans le monde PC. En 1997 (avant le lancement de l’iMac, donc), j’avais déjà des périphériques USB et un ordinateur avec des ports USB (1.0, dans mes souvenirs). Cet article de 1998 donne des chiffres intéressants : entre 50 et 60 millions de machines équipées en USB et moins de 500 000 périphériques vendus en 1997. Pour situer, l’iMac qui aurait lancé l’USB c’est 800 000 ventes en 1998.
En 1998, au lancement de l’iMac (en août), les périphériques existaient et Windows supportait correctement l’USB avec la version 98 du système, sortie en mai 1998 (une mise à jour de Windows 95 supportait partiellement l’USB). Dans le monde PC, l’USB était présent sur les ordinateurs (souvent deux ports) mais peu utilisé, comme le montrent les chiffres. Pour plusieurs raisons, dont la présence des anciennes interfaces et le prix. Dans le monde PC, on est conservateur : le PS/2 omniprésent à l’époque pour le clavier et la souris est encore là 16 ans plus tard, par exemple.
On trouvait principalement des claviers et des souris, des scanners et des imprimantes et éventuellement des manettes de jeu (notamment chez Microsoft). La clé USB, le périphérique USB le plus courant, n’a été inventée qu’en 2001 (chez IBM) et les disques durs externes n’ont pris leur essor que bien plus tard, avec l’USB 2.0. L’USB, en dehors du côté pratique, n’avait pas réellement d’avantages : les claviers nécessitaient un support du BIOS et Windows 98, les imprimantes et autres fonctionnaient bien sur le port parallèle.
Factuellement, il suffit de regarder les ventes des périphériques USB avant la sortie de l’iMac : Connectix avait vendu plus d’un million de webcam (j’en ai eu une à cette période), par exemple. Et d’autres périphériques existaient déjà.
Ce qu’a fait l’iMac, c’est supprimer les anciennes interfaces. Sur un iMac, on n’a pas vraiment le choix : c’est USB… ou rien. C’est délibéré, et c’est un choix qui a été fait tardivement chez Apple, la carte mère intègre les traces des connecteurs ADB et du lecteur de disquettes. D’un point de vue d’un utilisateur de Mac, forcément, on a un biais : les périphériques USB sont devenus très courant rapidement, étant donné qu’il n’y avait pas d’autres choix. Apple a travaillé en marche forcée : après la sortie de l’iMac, le Power Mac G3 a gardé un connecteur ADB, mais il a disparu rapidement du reste de la gamme. On a aussi un biais « d’aspect » : une imprimante aux couleurs de l’iMac (et dotée d’un port USB) est forcément plus visible que la version beige, dotée elle-aussi d’un port USB.
Cet article du WSJ montre bien que les périphériques USB étaient nombreux à la sortie de l’iMac, mais n’avaient pas de pilotes.
Another potential problem for iMac buyers, at least in the short term, will be hooking up printers and other peripherals, like scanners. One of the iMac’s best features is that it lacks any of Apple’s old proprietary connectors and instead includes the newest connector sweeping the Windows market, USB. This means that many new USB devices being built for Windows PCs can also be used on the iMac, as long as their makers include a small Macintosh software program called a « driver. » But, when the iMac goes on sale next month, there will be relatively few USB devices with Mac drivers ready.
Pour être complet, il y a une catégorie de périphériques qui n’a eu du succès que grâce à l’iMac, c’est aussi un fait : les lecteurs de disquettes externes. C’est assez logique : les PC avaient tous des lecteurs de disquettes, comme les Mac d’ailleurs, et l’iMac ne proposaient pas d’alternatives à la disquette pour partager des données. Il n’avait qu’un simple lecteur de CD-ROM, les clés USB n’existaient pas et l’interface la plus utilisée pour les disques durs externes (le SCSI) n’était pas de la partie. Je n’ai pas trouvé de chiffres, mais je suppose qu’une grosse partie des utilisateurs d’iMac a acheté un lecteur de ce type, au moins sur la première génération (mais je me trompe peut-être).
Au final, pour une fois, Apple a juste bien suivi le marché : le passage à l’USB était en route depuis au moins 18 mois et la société en a bien profité. Comme la rupture a été plus criante que dans le monde PC, avec la suppression de toutes les autres interfaces sur une machine très mise en avant médiatiquement, on a forcément un effet de biais, mais quand on fait un peu de recherches, les faits sont là : l’impact de l’iMac est dans le meilleur des cas très limité.
Point de vue pertinent. Mais si je me souviens de mes débuts dans le monde de l’USB, avec mon G3 Yosemite, le lecteur de disquette ne m’avait pas manqué. C’était sans doute parce que j’ai tôt fait d’intégrer à mon Mac un lecteur Zip et surtout une carte SCSI, ce qui m’a permis de réutiliser mon EZDrive. Je n’utilisais déjà presque plus les disquettes sur mon précédent Mac, un Powerbook 5300CS. Le réflexe du SCSI m’est resté encore longtemps. Ainsi, mon premier graveur de DVD (un modèle 2X qui m’avait coûté 800 CHF) était encore en SCSI, dans un boîtier externe.
A mon sens, il serait bon d’ajouter que l’explosion de l’USB sur Mac a surtout eu lieu avec le passage à Mac OS X. Mac OS 9 était en effet catastrophique dans sa gestion de l’USB; sans compter l’absence de drivers pour la plupart des périphériques.
Il faut prendre cette donnée comme ce qu’elle est. Dans les deux cas, Apple a montré aux autres constructeurs qu’il était possible de vendre une machine en supprimant le reste. C’est un exemple que ce business modem fonctionne. C’est très important dans l’industrie. Et en ce sens Apple a démocratisé l’usb et le tout cd. De même qu’elle a fait le sans flash ou le tout html. En tout cas c’est sûr qu’elle n’a pas fait l’usb tout seul. A un moment il faut que les constructeurs de périphérique externes sortent, sinon ça fait du firewire ;-)
Et donc l’iMac n’a pas tué la disquette puisque les PC ont mis une grosse dizaine d’années ensuite avant de ne plus en proposer.
Perso mon premier PC, un Packard Bell, datait de 1997 et j’avais effectivement la dernière version de Windows 95 OSR 2.5, mais l’USB venant avec l’OSR 2 je ne sais pas si il y a eu des améliorations entre les deux : tu parles de support partiel, moi à l’époque je n’avais rien remarqué ça marchait bien. Bon à part des souris et des webcams, je n’ai pas eu grznd chose en USB (imprimante et scanner en //). Ah, si : le modem ADSL « raie Manta » de France Telecom / Alcatel.
Modem USB qui quelques mois plus tard fonctionnera mal sur mon premier Mac, faute de bons drivers, bien entendu ^^
L’utilisateur de PC lambda ne devait pas beaucoup utiliser l’USB en 1997 :
« A partir du début de 1997, sur l’initiative d’Intel, la plupart des cartes mères des nouveaux PC furent équipées d’un contrôleur USB. Mais dans 60 % des cas, ce contrôleur n’était pas relié à un connecteur situé à l’arrière des machines. »
En fait si l’iMac n’a pas tué « le lecteur » de disquettes, je me demande quand-même si il n’y a pas tué « la disquette ».
La clé USB aurait-elle été inventée sans l’arrivée de l’iMac ? Ou aurait-elle simplement eu le succès qu’on lui connais ?
L’iMac supprime le lecteur de disquettes. IBM développe un remplaçant au format à la mode. Les gens adorent. Les gens n’utilisent plus de disquettes. Dix ans après la bande à Intel supprime le lecteur de disquettes faute d’utilisateurs.
Pour moi, ce n’est pas vraiment un mythe. L’USB existait bien avant : Oui, je me souviens de l’avoir vu sur des PC sous Windows 95 à la fin des années 90. Mais je ne l’ai jamais vu utilisé avant. Certain périphérique l’utilisait, mais c’était plutôt exceptionnel. Donc pour moi, c’est bien l’iMac qui a fait comprendre les usages de ce port et c’est grace à lui que les imprimantes ont commencé à utiliser ce port.
Donc, je suis plutôt pour affirmer que l’iMac a généralisé ce port :) Mais pas qu’il a été le premier à l’utiliser.
@timekeeper : le support des clés USB était inexistant sous Windows avant Me/2000, et sous 95, certains trucs marchaient pas/uniquement en mode 1,5 mb/s (donc lentement).
@greycat : en fait, c’était pas dans les connecteurs standards, fallait une équerre avec les prises pour les ports. J’avais du le faire sur le PC de mes parents.
@timekeeper : les clés USB, c’était pour le monde PC, à la base (IBM…). Et disquette ou pas, ça avait des avantages (ne serait-ce que la capacité). Le lecteur de disquettes a disparu ârce que les gens l’utilisaient plus, mais le choix d’Apple a pas d’impact, pour moi.
@Mathieu Fay : l’iMac c’est pas assez vendu pour que ça généralise le truc, simplement.
Oui, l’iMac n’était pas assez vendu. Mais les constructeurs d’imprimante ont commencé à mette des prises USB dans les imprimantes pour l’iMac. Avant, elles étaient toutes série ou parallele (et quelquefois réseau). Et pour moi, c’est le point important de la bascule vers l’USB. Les imprimantes étant un des principaux périphériques des micros (ça se perd peut-être).
Non. Y avait des imprimantes USB avant, et généralement pas de pilotes pour Mac OS, en plus (c’était le cas de la mienne à l’époque)
Bonjour,
Si Wikipedia référence la plus ancienne taille de clé usb (1gb) en 2001, elle existe depuis +/- 1998. Je me souviens d’avoir eu une clé usb de 128 Mb ou moins vers 1999/2000
La première clé USB, c’est IBM, et c’était 8 Mo vers la fin de l’année 2000. 1 Go, c’est nettement plus tard.