Avant le Blu-ray et le HD DVD, il y a eu une tentative de diffuser de la vidéo en haute-définition dans les foyers, avec… des VHS. Plus exactement, des D-VHS, c’est-à-dire des cassettes contenant de la vidéo numérique. Quelques dizaines de films sont sortis, avec de la vidéo en 1080i.
Une peu de technique, d’abord. Les D-VHS peuvent contenir entre 25 et 50 Go de données, avec un bitrate variable : de 2,8 Mb/s à 28 Mb/s. Dans ce dernier mode, la vidéo est généralement encodée en MPEG-2 et en 1080i, ce qui permet d’obtenir une qualité d’image proche de celle des premiers Blu-ray, qui utilisaient aussi du MPEG-2 avec des débits de cet ordre. Ce n’est pas aussi bon que du H.264 en 1080p, mais ça reste excellent tout de même.
Les D-VHS commerciales portent le nom de D-Theater et sont protégées par un DRM, le DTCP, qui n’a pas réellement été cracké. Les magnétoscopes D-VHS utilisent une connexion FireWire pour se relier à un téléviseur ou un décodeur compatible (certains téléviseurs HD de l’époque ont une prise FireWire) et il est possible de lire le contenu d’une cassette depuis un Mac, à la manière des cassettes DV. Les cassettes protégées par DTCP ne permettent pas ce transfert (et ne sont pas lisibles sur les magnétoscopes qui ne prennent pas en compte DTCP). Visiblement, il y a une faille dans certains décodeurs qui permet de récupérer le flux en passant par de l’USB, mais je n’ai pas trouvé d’informations fiables sur le sujet.
Point intéressant, pour ceux qui ont des magnétoscopes D-VHS, Apple a proposé des outils pour prendre le contrôle des appareils et donc récupérer des données enregistrées depuis un décodeur ou sur des cassettes sans DTCP. Le SDK FireWire d’Apple (la version 26 est disponible pour les développeurs) contient en effet quelques logiciels pour capturer le flux vidéo d’une D-VHS ou pour commander un magnétoscope relié en FireWire.
Dans les faits, le format est mal connu et assez rare : sorti uniquement aux Etats-Unis pour les cassettes enregistrées, il demandait des lecteurs assez onéreux. Si la qualité des images était bonne, le format a souffert de l’absence de téléviseurs vraiment adaptés, le Full HD était très rare et cher en 2002, et des inconvénients des cassettes, comme la taille, l’absence d’accès rapide, etc.
Bonjour,
Merci pour cet article très instructif.
Il est dommage que le S-VHS apparu dès la fin des années 80 (je me souviens d’un reportage de TF1 avec explications à l’applui de Michel Chevalet) n’a pas remplacé progressivement le VHS classique, qui était pourtant supérieur techniquement parlant (400 Lignes de résolution contre 240 lignes – chrominance et luminance séparée, son-Hifi etc.)
Seulement voilà, le S-VHS n’a pas été adopté par les autres industriels qui en sont restés au VHS d’origine.
Les cassettes S-VHS n’étaient pas lisibles sur des scopes VHS
Les scopes S-VHS peuvent bien sur lire des cassettes VHS
Aussi, le prix des scopes S-VHS était assez dissuassif pour l’époque, et réserve à une niche de pro et semi-pros.
A noter aussi l’existance de caméscopes au standard S-VHS-C (à ne pas confondre avec le VHS-C) sorti pour concurrencer le format Hi-8.
A noter que certains scopes S-VHS JVC et Panasonic (et même Thomson), en plus des circuits et du mécanisme de qualité supérieurs aux scopes VHS grand public, intègrent d’office un circuit d’étalonnage et de correction de l’image à la lecture de cassettes VHS et S-VHS qu’est le TBC (Time Base Corrector) :
http://www.unterzuber.com/TBC.html
https://www.youtube.com/watch?v=tMA5aH_olAQ
Le TBC est alors très utile pour restaurer de vieilles bandes VHS / VHS-C / Hi8 etc. , c’est d’ailleurs ce que utilisent les professionels pour numériser du VHS vers d’autres supports actuels, comme un Mac sous iMovie par exemple…
Cdt