Vous l’avez peut-être vu, un nouvelle génération de Blu-ray arrive : les Blu-ray Ultra HD. Et il existe des lecteurs pour ordinateurs capables de lire le contenu des disques.
Le titre fait un peu putaclic, mais je vais être clair dès le début : actuellement, il est impossible de décoder la vidéo présente sur les disques. Ni sur PC – même si ça devrait bientôt changer – ni évidemment sur Mac. Le sujet est donc essentiellement éducatif, spécialement sur Mac.
Un peu de théorie sur le Blu-ray, d’abord. Le format est maintenant assez ancien (il date de ~2006 en version commerciale) et il existe différentes technologies de disques. Pour un usage vidéo, la norme propose deux versions : 25 Go (une couche) ou 50 Go (deux couches) avec un débit de 36 mégabits/s (1x).
Dans le monde informatique, il existe des BDXL (j’en avais gravé un). Ils proposent une capacité de 66 Go (deux couches de 33 Go), 100 Go (trois couches de 33 Go) ou 128 Go (quatre couches de 32 Go, uniquement en version inscriptible). Des versions de 200 Go existent aussi, avec deux faces. Les BDXL demandent un lecteur spécifique, la majorité des lecteurs PC récents accepte ce type de disques (le format date de 2010).
Les Blu-ray Ultra HD utilisent une nouvelle version de la norme, avec de nouvelles contraintes. Trois capacités sont spécifiées dans la norme : 50 Go (deux couches de 25 Go) avec un débit de 92 mégabits/s (environ 2,5x plus que les Blu-ray classiques), 66 Go (deux couches de 33 Go) et 100 Go (trois couches de 33 Go), avec un débit de 123 mégabits/s. Le débit dépend en partie de la zone où les données sont lues, donc la norme indique un minimum et un maximum (72 et 92 mégabits/s au minimum en fonction de la capacité, 144 mégabits/s au maximum). Techniquement, ils demandent donc un nouveau lecteur.
Actuellement, la norme BD-ROM4 (le petit nom du format physique) n’est supportée que par un seul fabricant : Hitachi-LG Data Storage. Les lecteurs des autres fabricants, même récents, ne lisent donc pas les Blu-ray Ultra HD.
Pour tester, j’ai utilisé un lecteur de chez LG (logiquement), le BH16NS55. Quelques variantes de ce modèle existe, mais il s’agit du rare capable de lire les données sur un Blu-ray Ultra HD. Pour être certain qu’il est compatible Blu-ray Ultra HD, le code SVC (sur l’étiquette) doit être NS55.
La question de la lecture des films se pose, mais pour le moment, il n’y a pas de solutions. Techniquement, les lecteurs pour PC ne doivent pas nécessairement prendre en compte la gestion de l’AACS 2.0 (qui se fait, comme en AACS, sur le lecteur) et je n’ai pas trouvé d’informations sur le lecteur dont je dispose.
La seconde protection, l’AACS 2.0, n’a pas été cassé à ma connaissance, ni contournée. La norme propose deux niveaux de protections : basique, avec une clé stockée sur le disque (comme actuellement) et avancée, avec une clé stockée en ligne et récupérée à la première lecture. Les films sortis récemment utilisent la première variante.
La troisième protection, la norme HDCP 2.2, a visiblement déjà été contournée. Elle impose en théorie une chaîne de confiance, avec un flux chiffré, mais des appareils permettant de sortir le signal sans protections existent pour environ 250 $.
Pour le côté vidéo, j’en reparlerais, mais d’autres le feront mieux que moi. En gros, les Blu-ray Ultra HD utilisent le codec HEVC (H.265) avec une image encodée sur 10 bits, un espace de couleurs plus large et des images en HDR. Au niveau de la définition, c’est du 3 840 x 2 160 (jusqu’à 60 images/s).
Pour le moment, mon seul Blu-ray Ultra HD – Kingsman : The Secret Service – utilise un débit assez faible en HEVC. Les sources habituelles considèrent que le HEVC est environ 1,5x plus performant que H.264 (à définition identique), mais la différence n’est pas de cet ordre ici, alors que la définition est quadruplée.
Le Blu-ray classique contient 48 Go de données, avec un film de 2h et 9 minutes et quatre pistes audio (anglais en DTS HD MA, français, anglais et espagnol en AC3). Le Blu-ray Ultra HD utilise un disque de 66 Go avec 58 Go de données pour le même film en HEVC et (toujours) quatre pistes audio (anglais en DTS HD MA, anglais et espagnol en AC3, français en DTS). La différence reste assez faible dans l’absolu, peut-être parce que le film – même s’il est encodé en Ultra HD – reste un simple upscale d’un master en 2K (il a été filmé en 2,8 K).
Enfin, j’espère récupérer un jour un logiciel de lecture pour PC (pas pour Mac, ne rêvons pas) : Cyberlink (PowerDVD), sMedio et Sony travaillent sur des logiciels de ce type.