Si le contenu en format 16:9 est devenu largement la norme depuis quelques années, c’est finalement assez récent dans le monde de la télévision : les téléviseurs datent du milieu des années nonante seulement. Et pour un format comme le LaserDisc, le passage dans ce ratio n’a pas été de tout repos.
Premièrement, parler de définition avec un LaserDisc est fondamentalement une erreur. Un LaserDisc contient de la vidéo analogique et il faut raisonner en terme de nombre de lignes et éventuellement de définition horizontale. Globalement, un LaserDisc NTSC propose 480 lignes et une définition horizontale de ~425 points (environ), à comparer (par exemple) aux ~250 points d’une VHS. La valeur dépend de la bande passante disponible pour la vidéo, le laserDisc étant meilleur que la VHS (ou même que la diffusion hertzienne).
Sur un LaserDisc, un problème se pose avec les films qui sont dans un format large (plus que le 4:3) : l’image stockée sur le disque est dans tous les cas en 4:3, le 16:9 pour un usage grand public n’existait pas au moment de la création du format. Dans la grande majorité des cas, la seule solution consiste donc à encoder des bandes noires et à perdre en qualité. Je l’avais expliqué il y a un moment, soit les films coupent l’image pour que ça rentre dans une « fenêtre » 4:3, soit on perd en définition verticale, avec dans le pire des cas – un film en 2,35:1 sur un LaserDisc NTSC – seulement 272 lignes utilisables.
Pourtant, il existe une solution, assez rarement utilisée : l’anamorphose. Au lieu de mettre des bandes noires, l’image est étirée en hauteur pour utiliser toute la surface de l’image, et le téléviseur doit ensuite élargir l’image. Cette solution permet de garder 480 ou 576 lignes, ce qui améliore la qualité. Deux variantes existent, en NTSC et en PAL+. La version NTSC, la plus utilisée, fonctionne sur n’importe quel téléviseur mais a le désavantage de proposer une image déformée sur les téléviseurs 4:3 : ils ne peuvent généralement pas compresser l’image en hauteur pour obtenir une version avec des bandes noires. En PAL+, une technologie européenne assez rare (j’en parlerais un jour), l’image est par défaut avec des bandes noires et des informations dans ces dernières permettent de récupérer de quoi reconstituer une image en format 16:9 contenant toutes les lignes.
Les LaserDisc NTSC qui utilisent l’anamorphose portent le nom de Squeeze LD. Un site dédié aux LaserDisc proposent une liste a priori exhaustive (avec quelques erreurs, sur ceux qui ne sont pas vérifiés). En plus des rares LaserDisc PAL+ (qui nécessitent un décodeur), il existe donc une douzaine de LaserDisc de ce type au Japon, sortis dans le commerce. Des films connus comme Stargate, Terminator 2 ou Basic Instinct, en plus de disques de démonstrations. Aux Etats-Unis, il n’existe que quatre Squeeze LD et ils sont rares pour une bonne raison : ils n’étaient pas vendus. Il s’agissait de films offerts avec des téléviseurs 16:9 de chez Toshiba, à une époque ou le contenu en format large était encore très rare.
Pour tester, j’ai justement trouvé un de ces derniers, Grumpy Old Men (Les grincheux). J’en ai profité pour récupérer la version classique du LaserDisc pour comparer. Premier point à savoir, je n’ai pas de téléviseur NTSC et le logiciel de ma carte d’acquisition (EyeTV) ne permet pas d’étendre uniquement en largeur, donc la capture est un montage à partir d’un version 4:3 classique. Ensuite, une capture ne montre pas tout à fait la différence de qualité, mais en 16:9, c’est assez flagrant. Dans le LaserDisc classique, on se retrouve avec une image de 480 lignes qui contient en fait ~370 lignes utiles. Un téléviseur 16:9 devra zoomer dans l’image, un téléviseur 4:3 affichera des bandes noires. Dans le Squeeze LD, l’image propose 480 lignes, un téléviseur 16:9 devra élargir l’image et un modèle 4:3 affichera une image déformée.