Aujourd’hui, un truc amusant sur les films Pixar et l’avantage de faire un film en images de synthèses. En effet, tous les premiers Pixar existent dans plusieurs versions distinctes en fonction du format de l’écran. Dans certains cas, les scènes sont totalement recalculées avec un positionnement adapté des personnages.
La technique s’appelle le reframing. Premièrement, un peu de contexte : jusqu’au milieu des années nonante, les téléviseurs étaient majoritairement en format 4:3 alors que les cinémas utilisaient des formats larges depuis des dizaines d’années. Dans les films édités en vidéo (LaserDisc, VHS, etc.), la norme était donc généralement de proposer une version 4:3, découpées à partir de la version large. Soit en prenant simplement le milieu de l’image, soit en faisant du Pan&Scan (en gros, sélectionner une fenêtre 4:3 dans l’image large, en fonction de l’image). Dans tous les cas, on perd donc une partie significative de l’image. Dans certains cas rare (essentiellement les LaserDisc), une version large est proposée sur le support, avec des bandes noires.
Dans la seconde moitié des années nonante et avec l’arrivée des DVD, la donne change un peu. Le public commence à acheter des téléviseur 16:9 et certains éditeurs proposent donc des DVD avec deux versions du film. La première en format large, souvent sans retouches, la seconde en 4:3, découpée. Avec les LaserDisc, certains permettent même une image large sans bandes noires.
La solution de Pixar est beaucoup plus élégantes : elle consiste à littéralement remonter le film. En plus découpage sur certaines scènes (dans certains cas, la perte d’informations peut être acceptable), d’autres sont totalement recalculées pour intégrer les éléments importants dans l’image. Ces versions sont rares, mais elles peuvent être considérées comme une sorte de second film.
La méthode n’a pas été utilisée sur tous les Pixar. Le premier, Toy Story, n’existe qu’en version large (même en VHS), en dehors d’éventuelles diffusion en 4:3 à la TV. 1001 pattes (je vais l’utiliser dans la suite) est le premier à être modifié de cette façon, avec la version 4:3 dans les VHS américaines et dans le premier DVD américain, en plus de la version large. Toy Story 2 propose aussi des modifications avec des personnages déplacés, sur les VHS et sur le premier DVD américain (2000). Monstres et Cie a été modifié de façon identique, tout comme Le Monde de Nemo. Pour Les Indestructibles, la version plein écran a été vendue séparément (les autres films proposaient les deux versions dans la même boîte) et les retours indiquent qu’il s’agit d’une simple version recadrée. Enfin, Cars est le dernier Pixar a avoir été proposé dans deux versions : tous les suivants n’existent qu’en version large. Pour ceux que ça intéresse, des détails sur les scènes modifiées existent.
Pourquoi prendre 1001 pattes comme exemple ? D’abord, parce que j’ai le DVD dans ma filmothèque. Ensuite, parce qu’il a une particularité : il s’agit du premier DVD encodé à partir d’une copie numérique. Toy Story, le premier Pixar, avait d’abord été passé sur pellicule avant d’être scanné. Il s’agit donc dans l’absolu du premier « vrai » DVD numérique, en 2000. Il s’agit aussi du dernier Disney sorti en LaserDisc, d’ailleurs. Une partie des infos viennent de cet excellent site sur les grands classiques de Disney.
La version 4:3 offre plus de détails verticaux et la seconde coquille a été rapprochée.
Déplacement de certains personnages.
Reconstruction numérique pour avoir tout le monde dans l’image.
Malheureusement, ces versions « fullscreen » sont rares actuellement. Généralement, seules les VHS américaines et les premières éditions des DVD proposent les deux variantes du même film (et encore, pas toujours, comme avec Les Indestructibles), alors que les DVD européens se contentent des versions larges, tout comme les Blu-ray.