Après de longues recherches, j’ai enfin récupéré un appareil intéressant pour un test : un décodeur PALplus. Couplé à un LaserDisc compatible, la technologie permet d’améliorer de façon significative la qualité de l’image en 16:9.
La gestion du widescreen est un des principaux problèmes en analogique, spécialement avec les LaserDisc. Fondamentalement, l’image reste en format 4:3 sur un LaserDisc (ou en diffusion) et le passage en 16:9 dans les années nonante a donc posé un problème. La première solution, peu efficace, consiste simplement à encoder des bandes noires. Elle a l’avantage de fonctionner sur tous les téléviseurs, mais fait perdre énormément en définition verticale. Sur un film en format 16:9, on passe de 576 lignes à 432 lignes en PAL (~370 sur ~480 en NTSC). Sur un téléviseur 4:3, on a donc des bandes noires et sur un téléviseur 16:9, on se retrouve avec une image pas très nette à cause de la perte en définition. C’est un sujet que j’avais abordé avec quelques exemples il y a quelques années.
Le Squeeze LD
La première solution, vue essentiellement sur des LaserDisc japonais, consiste à déformer l’image. Les Squeeze LD contiennent en fait une image 16:9 déformée, comprimée horizontalement. La solution a le mérite de garder la définition verticale intacte (480 lignes) mais rend la lecture sur un téléviseur 4:3 compliquée : l’image est déformée. Sur un téléviseur 16:9, elle est élargie, avec un résultat correct. C’est d’ailleurs la solution utilisée sur les DVD : ceux qui affichent une image en 16:9 contiennent des pixels rectangulaires et c’est le lecteur qui adapte ensuite l’image au téléviseur en ajoutant des bandes noires sur un modèle 4:3. La technologie a par contre l’avantage de fonctionner sur n’importe quel lecteur LaserDisc, le téléviseur s’occupant d’afficher l’image correctement. J’ai détaillé un peu plus le fonctionnement avec des captures dans un sujet dédié.
Le PALplus
Le PALplus, lancé dans les années nonante, offre un bon compromis entre compatibilité et gain en qualité. Un signal PALplus diffuse une image avec des bandes noires (4:3) utilisable directement sur n’importe quel téléviseur, et un décodeur – externe ou intégré directement dans le téléviseur – peut lire des informations cachées dans les bandes noires pour recréer une image complète. Un téléviseur classique recevra donc une image avec ~432 lignes, un modèle équipé d’un décodeur une image de ~576 lignes. Charge ensuite au téléviseur d’afficher l’image correctement, étant donné que l’image complète est déformée. Comme l’explique la page Wikipedia de la norme PALplus, le PALplus a été utilisé pendant une grosse dizaine d’années, entre le milieu des années nonante et l’arrêt de l’analogique dans la première décennie des années 2000.
PALplus et LaserDisc
Techniquement, il est donc possible de mettre du PALplus sur un LaserDisc. En pratique, la technologie n’a pas réellement été utilisée : elle est arrivée en fin de vie des LaserDisc, sur un support qui a surtout été pensé pour le NTSC. Selon LDDB, il n’existe que huit LaserDisc en PALplus, avec une majorité de démonstrations techniques. Trois films existent réellement en PALplus, tous en allemand : Mikrokosmos (un disque CAV), Showgirls (CAV) et Schlafes Bruder (CLV). Ce dernier existe en deux éditions, une avec du DTS et une sans.
Le test
Pour tester, j’ai utilisé un lecteur de LaserDisc PAL (un CLD-S310F, assez moyen), un décodeur PALplus Philips dégoté en Belgique et trois LaserDisc, Mikrokosmos et Schlafes Bruder (la variante DTS et la classique). J’ai eu un peu de mal pour les branchements : il faut relier la sortie (composite) du lecteur de LaserDisc à une des entrées Péritel du décodeur (dans mon cas, celle indiquée TV) et ensuite récupérer l’image sur la sortie Péritel du décodeur. Il ne possède pas vraiment de réglages : en gros, il s’active quand il détecte un signal compatible.
Avec Mikrokosmos, pas de soucis : le décodeur s’active dès le début de la lecture, avec une LED qui indique que tout va bien. Assez étonnamment, mon adaptateur Péritel vers composite/S-Video propose une image en noir et blanc sur la sortie composite, mais le décodage fonctionne bien. Avec Schlafes Bruder (DTS), par contre, la lecture n’enclenche pas le décodeur. Je ne sais pas si le problème vient du disque ou du décodeur, mais la page LDDB de ce disque précis indique qu’il existe des éditions qui fonctionnent mal en PALplus. Avec une édition classique de Schlafes Bruder (sans DTS), par contre, ça fonctionne.
Le résultat
J’ai mis quelques captures, qui ne font pas réellement justice au gain en qualité. Une fois le mode PALplus activé, l’image est déformée en 4:3 et il faut évidemment forcer le bon rapport d’image (16:9), et le gain en réel, sur un téléviseur (ou même un écran LCD) est assez visible. L’image est plus nette, le résultat s’approche des premiers DVD.
En vidéo
Mikrokosmos ne passe pas sur YouTube pour les droits, et j’ai mis l’image en format 16:9 en PALplus pour bien montrer la différence. Pour Schlafes Bruder, la première vidéo montre le PAL, la seconde le PALplus déformé.
Micro Cosmos a été édité en BluRay — j’en possède une copie — et c’est vraiment un régal pour les yeux.
Tu devrais essayer de t’en trouver une à l’occasion. ;)