Dans les derniers SSD Apple – MacBook, MacBook Pro, etc. -, la taille des secteurs est (enfin) passée à 4 ko. Une changement pas si anecdotique.
J’avais déjà évoqué le sujet avec les disques durs il y a un moment, mais la façon de gérer le stockage physique a évolué avec le temps. Dans les disques durs, à l’origine, on travaillait avec des secteurs de 512 octets. La lecture d’un octet demande donc de lire 512 octets en réalité. Pour diverses raisons, cette capacité a évolué vers des secteurs de 4 ko au fil du temps, avec une astuce (utilisée dans les disques durs), le 512e : en interne le disque dur travaille avec des secteurs de 4 ko, en externe il montre des secteurs de 512 octets. Un compromis correct mais qui pose quelques soucis de compatibilité : il faut un OS adapté pour utiliser le disque (Tiger chez Apple, Vista chez Microsoft). Les disques durs avec des secteurs de 4 ko en natif (4Kn) sont rares et la compatibilité moyenne : Windows 8 chez Microsoft, Mavericks chez Apple. Avec un plus vieil OS, ça fonctionne parfois mais avec une capacité divisée par huit.
Le cas des SSD
Dans les SSD, tous les modèles travaillent avec des secteurs de 4 ko en interne. En externe, ils montrent généralement des secteurs de 512 octets : sur 7 SSD testés, un seul – un Crucial M500 – travaille en Advanced Format, c’est-à-dire en indiquant à l’OS qu’il utilise des secteurs de 4 ko en interne et de 512 octets en externe. Ce choix pratique pose parfois des soucis, notamment avec les vieux OS de Microsoft : pour des performances optimales, les partitions doivent être alignées avec la taille réelle des données. Avec Windows XP (et avant), ce n’est pas le cas : les partitions démarrent au 63e secteur de 512 octets, donc pas sur un multiple de 4 096 octets.
Les derniers SSD d’Apple, eux, utilisent donc directement des secteurs de 4 ko. Ce choix a plusieurs avantages. Le premier vient des performances, avec des accès aléatoires normalement un peu plus rapides. Le second est directement lié à macOS High Sierra et à l’APFS, le prochain système de fichiers d’Apple : la correction d’erreur est bien meilleure avec des secteurs de 4 ko. La correction passe de 50 octets par secteur dans la version 512 octets à 100 octets en 4 ko (physiquement, un secteur prend un peu plus de place que son espace utile), ce qui augmente nettement l’efficacité de la correction. C’est à mon avis directement lié au développement d’APFS : un des reproches formulés contre APFS est l’absence de checksum sur les données (seules les métadonnées sont vérifiées), mais en réalité il y a une vérification des données… sur le matériel. Utiliser des SSD qui corrigent mieux les erreurs permet d’éviter de le faire au niveau logiciel. Pour Apple, c’est assez logique : APFS est utilisé dans énormément d’appareils (iOS, etc.) où la firme contrôle la partie logicielle et la partie matérielle.
Ce choix a un impact direct dans les Mac : les données son mieux protégées avec un SSD Apple et uniquement avec un SSD Apple. Ce qui explique que certains déconseillent déjà d’utiliser APFS sur un hackintosh, ou plus généralement sur un SSD qui ne vient pas de la société. Sans aller vers cette extrémité, APFS et son fonctionnement (notamment sur les copies) implique tout de même de bien penser son plan de sauvegarde.