Doubler la capacité d’un CD avec du mono

Récemment, je suis tombé sur une vidéo de l’excellent Techmoan (je vous conseille de regarder ses vidéos) qui parlait de CD avec une durée doublée, tout en gardant une compatibilité parfaite avec le standard. Et cette diablerie utilise une technique assez sale : du mono.

Le CD

Le CD, assez ancien (1987) contient bien 2 heures et 24 minutes de musique (144 minutes) et est parfaitement lisible dans un lecteur de CD classique. Mais il y a une astuce : il s’agit d’un CD en mono. Techniquement, la norme ne le permet pas nativement, mais rien n’empêche – comme ici – de proposer un CD en stéréo avec du contenu différent sur les deux canaux. C’est une technique inutilisable sur un vinyle ou la séparation entre les canaux est faible, mais qui était utilisée dans les LaserDisc pour proposer deux langues par exemple. De même, les Minidisc proposaient un mode Mono SP qui se basaient sur la même technique que ce CD pour doubler la capacité. Dixit la vidéo, et après quelques recherches, il n’existe que peu de CD avec cette astuce (visiblement deux seulement). C’est finalement assez logique : ça ne fonctionne qu’avec des enregistrements en mono au départ (comme l’enregistrement classique utilisé ici) et une bonne partie de la musique est enregistrée en stéréo depuis un moment.

Les explications


Les pistes

Une plaie à écouter et à ripper

Commençons par l’écoute. C’est un peu compliqué, car les lecteurs de CD ne proposent pas d’options pour écouter un seul canal en stéréo (sur deux enceintes). Dans l’énorme majorité des cas, il faut soit utiliser la balance pour forcer un canal, mais on se retrouve avec le son d’un seul côté, soit carrément ne brancher qu’une sortie sur les deux, quand on utilise des prises RCA. La solution idéale aurait été de sortir le son d’un canal sur deux enceintes, mais cette option n’existe pas sur les lecteurs de CD. Les lecteurs de LaserDisc le faisaient, mais pour deux raisons : les téléviseurs étaient souvent mono et les disques contenaient parfois deux pistes. Sans jouer sur la balance, on entend évidemment deux morceaux en même temps.

Le stockage en numérique est encore plus tendu. Premièrement, les logiciels proposent rarement (jamais ?) la possibilité de ne sauver qu’un canal. Deuxièmement, le stockage en MP3 et autre format compressé donne de mauvais résultats : une partie des algorithmes essaye d’améliorer l’efficacité en combinant les données quand les canaux stéréo contiennent la même chose (ce qui est courant) mais ici, de façon évidente, ce n’est pas possible. Enfin, le CD utilise une sorte d’entrelacement pour simplifier la vie de l’auditeur, qui rend la conversion en fichiers compliquées.

Deux pistes audio bien séparées


Scinder la piste stéréo


Sélectionner un canal (gauche ici)


Le coller sur le canal droit… et recommencer

Les pistes sont en fait toutes coupées en deux une fois enregistrée. Techniquement, le CD contient 28 pistes, mais elles sont entrelacée. La piste 8 contient donc le début d’un morceau sur le canal gauche et la fin de la piste 7 sur son canal droit. La piste 9, elle, contient la fin de la piste 8 à gauche et le début de la piste 9 à droite, etc. Cet entrelacement permet à l’utilisateur de choisir facilement le début d’une piste, chaque début de morceau a sa piste sur les 28, il faut juste choisir le bon canal. Point amusant, l’entrelacement n’est pas constant : dans certains cas, il y a du blanc d’un côté. En clair, il faut sortir le fascicule et vérifier.

Mais du coup, pour un enregistrement propre dans des fichiers, j’ai dû enregistrer le CD complet en stéréo avec un format sans compression, ensuite séparer les canaux dans Audacity et enfin reconstruire les pistes. Pour obtenir un résultat pratique à l’écoute, j’ai d’abord effectué deux copies du disques : une avec le canal gauche répliqué sur les deux canaux (pseudo stéréo) et une avec le canal droit répliqué. Ensuite, j’ai simplement recollé les morceaux ensembles pour le bon ordre des pistes. C’est assez fastidieux.

Une fois l’album monté correctement

Bonne nouvelle, depuis, la durée des disques n’a plus vraiment de limites. Le dématérialisé ne dépend que de l’espace disque qui évolue régulièrement et les formats plus modernes (Super Audio CD, DVD Audio, Blu-ray Pure Audio) offrent nettement plus que les 80 minutes des CD Audio.