Dans les années nonante, avec les premiers appareils photo numérique, la question du stockage était très importante. La mémoire flash coûtait très cher et il fallait donc une alternative. Certains utilisaient des disques durs, d’autres des CD (8 cm, chez Sony) ou des disquettes. Et Panasonic a tenté le LS-120, alias SuperDisk.
Le PV-SD4090 est un modèle qui date de ~1999 et qui stocke ses photos sur des disquettes LS-120, donc. Cette technologie offre une capacité de 120 Mo dans un média de la taille d’une disquette, avec (malheureusement) une fiabilité assez aléatoire. Le format permet aussi d’utiliser des disquettes classiques (1,44 Mo) en backup.
Côté technique, l’appareil propose un capteur de 1,3 mégapixel, avec plusieurs modes. Un Super Fine (1 280 x 960), un Fine (1 280 x 960, compression plus élevée), Normal (640 x 480, jusqu’à 1 500 images sur un disque), un mode Zoom numérique en 640 x 480, de la rafale (16 images en VGA) et enfin un mode vidéo inutile (320 x 240, 10 secondes). Le zoom numérique consiste simplement à prendre une image en définition maximale (1 280 x 960) en ne gardant qu’une image en 640 x 480 au centre, ce qui donne l’équivalent d’un zoom 2x. Magique. En plus, l’appareil propose aussi un zoom ~3x optique.
L’appareil est assez imposant (disquette oblige) et le mien n’a ni batterie (donc je dois rester près d’une prise) ni câble USB. L’appareil propose une sortie analogique pour le relier à un téléviseur avec un câble assez standard (jack vers composite) mais le connecteur USB est propriétaire. Si j’en trouve un, je testerais pour voir comment ça fonctionne. Petite astuce pour le jack : l’assignement des broches varie selon les constructeurs, mais il suffit généralement de tester toutes les prises pour obtenir la vidéo. Si elle n’est pas sur la prise jaune, elle peut être sur la rouge ou la blanche. J’ai utilisé un câble que j’avais en stock, et la vidéo est passée sur le canal audio droit, mais sans problèmes en dehors de ça.
La fiabilité et les LS-120
Avant de montrer quelques exemples de photos, un mot sur la fiabilité. Le LS-120 n’est pas fiable. C’est une mécanique proche des disquettes, avec les défauts associés. J’ai rédigé récemment un dossier sur le sujet et une de mes disquettes est mort au début du dossier (impossible de la lire, impossible de la formater). j’en avais commandé une seconde sur eBay pour la fin du test, et je l’ai donc utilisée avec l’appareil photo. Après avoir testé un peu, sans erreurs visibles, j’ai éjecté la disquette. Lors de l’essai suivant… je me suis retrouvé avec une erreur au lancement. Impossible de la lire, impossible de la formater. Merci le LS-120.
Plus largement, la mécanique reste un gros problème : c’est lent et bruyant. L’appareil lit la disquette à chaque allumage (plusieurs secondes) et chaque enregistrement prend des plombes. Et c’est évidemment tout sauf discret. Chaque manipulation, de l’allumage (pas loin de 10 secondes) à l’arrêt en passant par l’enregistrement (environ 5 secondes en Super Fine) implique des bruits de moteurs et une attente.
L’appareil accepte aussi les disquettes 3,5 pouces classiques (1,44 Mo) mais c’est encore nettement plus lent, et la capacité limitée empêche de profiter de l’appareil. C’est surtout une option intéressante pour transférer rapidement une ou deux photos vers un PC ou en cas de soucis avec une LS-120.
Les photos
Sans batterie, je me suis rabattu sur un adaptateur secteur, ce qui ne simplifie pas les choses pour un truc en extérieur. Voici quelques exemples de photos, récupérées avec un lecteur de SuperDisk en USB.
Pour la vidéo, c’est du MJPEG en 320 x 240 à 10 fps, avec de l’audio compressé à mort (8 kHz, 8 bits, PCM). L’appareil permet aussi d’enregistrer une image avec de l’audio, un peu à la manière des Live Photos d’iOS : un conteneur MOV avec l’image enregistrée et cinq secondes d’audio (même qualité : 8 kHz, 8 bits, mono).
La vidéo ci-dessous montre d’abord une vidéo filmée avec l’appareil (10 secondes, upscalée) puis quelques extraits de l’interface à travers la sortie vidéo analogique de l’appareil.
Pour conclure, l’idée n’était pas mauvaise et l’usage des LS-120 permettait de stocker beaucoup de photos pour l’époque (presque 500 en qualité maximale) pour un prix faible (quelques dollars) mais c’est aussi le point faible de l’appareil. Il est gros à cause du format des disquettes, mais surtout bruyant et lent. Attendre 10 secondes à chaque allumage en espérant que la disquette va fonctionner, c’est assez vite insupportable.
Dans le genre de cet appareil, j’aimerais un jour trouver un appareil photo qui enregistre sur des MiniDisc (rare et très cher, malheureusement) ou sur des PocketZip…
Ah, la fiabilité, ç’aura été le gros point noir de la plupart des nouveaux supports de stockage dans les années 90. Y a que le MiniDisc effectivement qui s’en est pas trop mal sorti, et encore, de mémoire j’avais entendu pas mal de critiques là-dessus aussi à postériori.