Tout a commencé avec cette vidéo de LGR : il montre un appareil photo Kodak qui lance Doom. Je trouvais ça intéressant, et en regardant les sites liés, j’ai découvert un truc : il existe pas mal de modèles capables de le faire et – mieux – le vieil appareil de mes parents est dans la liste. Une fois ce dernier récupéré, j’ai donc tenté.
Mais comment ça marche ? En fait, une société (FlashPoint) proposait à la fin des années nonante un système d’exploitation pour les appareils photo, Digita. L’idée était de proposer des applications et des scripts pour les appareils, pour uniformiser les interfaces. Les scripts permettent des choses intéressantes pour automatiser les photos, et ajouter des fonctions. Ils ont l’avantage de fonctionner sur tous les appareils compatibles avec Digita OS (ou presque), et on trouvait des choses assez intéressantes. Sur les modèles Kodak avec une interface série, il était par exemple possible d’acheter un kit GPS et pour ceux qui avaient un récepteur série, il était possible de le faire manuellement. Ca semble terriblement banal avec nos smartphones, mais dans les années nonante, c’était incroyable. Pour les applications, c’est un peu plus compliqué, parce que tous les appareils n’ont pas les mêmes composants, mais il était tout de même possible de lancer pas mal de choses.
Les appareils
La liste est assez courte : quelques Kodak (DC220, DC260, DC265 et DC290), deux Minolta (EX Zoom 1500 et EX Wide 1500), deux Pentax (EL-200 et EL-2000) et quelques modèles HP, qui sont soit des clones de Minolta, soit des clones de Pentax (618, 912, C500). Mon modèle est un HP 618, clone d’un Pentax. A l’époque, le fabricant vendait des appareils photo en bundle avec des imprimantes, en reprenant des modèles de sociétés spécialisées en photo. Cette page donne les caractéristiques techniques : les Kodak utilisaient un PowerPC MPC823 à 66 MHz (un modèle embarqué) avec 6 à 16 Mo de RAM et un écran en 288×216. Ils géraient l’audio (11 kHz). Les Pentax et les copies HP se basaient sur des CPU ColdFire (une architecture RISC dérivée des 68000 de Motorola) à 90 MHz, avec 16 Mo de RAM, un écran en 288×216 et la gestion du son (pas dans Doom). Enfin, les Minolta avaient un CPU DCAM (un SoC MIPS) à 54 MHz avec un écran en 360×240, 16 Mo de RAM mais pas d’audio.
Les différences entre les CPU font que les applications doivent être proposées pour chaque architecture, ce qui complexifie un peu les choses. Sur ce site, vous trouverez donc un lecteur MP3 pour les modèles de Kodak, Doom pour les 3 architectures et des portages de MAME (un émulateur de jeux d’arcade) pour les 3 architectures. Je me suis penché sur Doom, mais MAME fonctionne a priori pas trop mal avec le son, même si les CPU restent assez faibles.
Doom
Vous aurez besoin d’une carte CompactFlash de quelques Mo et sûrement d’un adaptateur secteur. Dans mon cas, le compartiment pour les piles est cassé, donc j’ai utilisé un adaptateur secteur (9V). Il suffit ensuite de copier les fichiers sur la carte, avec l’application dans un dossier system
et le .wad
à la racine. Ca doit fonctionner avec Doom et Doom 2, et a priori d’autres WAD. Une fois que c’est en place, il suffit d’aller dans les menus, de choisir les applications et de le lancer. L’appareil s’éteint, et au second allumage… Doom démarre. Les commandes sont un peu bizarres, avec un D-PAD et des boutons pas très adaptés, mais ça fonctionne. Le jeu se dirige avec la croix, les boutons de zoom servent à tirer et ouvrir les portes et l’ensemble est assez fluide et c’est jouable dans l’absolu.
La seconde étape a été d’utiliser la sortie vidéo. L’appareil photo a une sortie analogique, mais je n’avais pas de câble, donc j’ai choisi la technique la plus simple : un adaptateur jack 2,5 mm mâle vers 3,5 mm femelle suivi d’un câble AV quelconque (celui d’un iBook). Ensuite, j’ai tenté : comme le brochage peut différer mais que le câble propose trois RCA en sortie, il suffit d’essayer de trouver la bonne sortie. Ici, la vidéo passait sur la prise RCA rouge. Sur mon modèle, Doom ne propose pas le son, par contre.
Premier exemple, j’ai filmé directement l’appareil. Il n’y a pas de son.
Second exemple, j’ai enregistré directement la sortie vidéo de l’appareil, en analogique.
Une des touches permet aussi de faire des captures d’écran, mais je ne sais pas laquelle.