Cette semaine, je (re)teste un jeu Pippin… mais sur Mac. Une partie des titres de la console d’Apple et Bandai fonctionne en effet sur les deux plateformes. Il s’agit ici de Tetsuman Gaiden.
Tetsuman Gaiden fonctionne sur Mac et demande une configuration assez faible (un 68030 avec 8 Mo de RAM) et la variante Mac diffère assez peu de la version Pippin. Elle s’affiche de la même façon, en 640 x 480, avec en plus la prise en charge de l’overscan, donc avec une fenêtre réelle plus petite. C’est assez courant dans les jeux Pippin, et prévu par Apple et Bandai : pour prendre en compte le fait que certains téléviseurs mangent une partie de l’image, les jeux s’affichent dans une fenêtre un peu plus petites que le 640 x 480 pour éviter ça, avec des bandes noires.
Les textes japonais s’affichent correctement sur ce titre, même avec un OS en anglais, mais l’interface est vraiment la même que sur Pippin. Les indications à l’écran pour montrer quel bouton de la manette Pippin il faut presser restent présente… mais ne fonctionnent pas. J’ai branché une manette en ADB mais même avec les pilotes, ça ne marche pas. Il faut donc déplacer la souris sur l’image du bouton pour activer les options, ce qui est un peu fastidieux. C’est un portage Mac assez basique, sans aucune modifications, donc.
Tes articles à propos de l’Apple Pippin prophétisent l’un des potentiels avenirs d’Apple Arcade. L’Arcade échouera comme la Pippin échoua.
Une plateforme de jeux-vidéo, que ce soit un ordinateur ou une console virtuelle, c’est avant tout des jeux. La plupart des jeux de Pippin, presqu’uniquement édités par Bandai, étaient médiocres. Il n’y a pas besoin d’avoir fait EPITA pour (re)voir là le problème d’Arcade. Oceanhorn 2, le titre phare du service, n’arrive même pas sous la semelle de The Wind Waker, un jeu de 2002. Okay, les moyens financiers ne sont pas les mêmes (quoique, d’ailleurs), mais tout de même.
La plupart des exclusives d’Arcade se jouent comme si c’était 2003. Et c’est exactement ce que les jeux de Pippin transpiraient en 1997 : la SNES au pire, la TurboGrafx-16 voire Sega CD au mieux… Des consoles de la fin des années quatre-vingt, début des années quatre-vingt-dix. La traditionnelle Nintendo, avec toute la ‘sécurité’ qui va avec, est arrivée juste avant. L’astéroïdale PlayStation avait déjà explosé le marché deux ans plus tôt. La majorité des concurrents se sont fait démolir. Même Sega, qui était pourtant un mastodonte dans le game, s’est fait éjecter du ring comme par des sumos qui font du lancer de nain. Et là-dessus, Apple a déboulé de nulle part avec ses sempiternels gros sabots à œillères comme si elle savait mieux que les gens ce qu’ils veulent. [C’est pas un troll, attention. Je suis encore un Mac user. ;)] Résultat : ils se sont pris une branlée monumentale. À un an près, ils ont montré l’exemple à Tiger avec leur Game.com pourlingue.
Au final, même si conceptuellement parlant, ils ont devancé la Xbox One de 18 ans, la réalisation à chier et le manque de focus a donné lieu à un échec commercial en bonne et due forme. [Remarque, à ce jeu-là, la Game.com serait un ancêtre indirect de la PS Vita.] La différence avec Arcade, c’est qu’aujourd’hui, Apple a une division marketing efficace, et elle fait du forcing pas permis pour gagner en subscribers.
Sauf que pour quiconque joue pour jouer, ça prend pas. Ça prend pas parce que les jeux d’Arcade se veulent [je ne dirai pas ‘sont’] trop sérieux pour les non joueurs mais désespérément fadasses pour les ‘vrais’ joueurs, casual comme core. Par ‘vrais’, j’entends des gens qui ont pu jouer — pour jouer plutôt que juste passer le temps — sur des supports dédiés pensés pour ça et à des jeux fignolés qui suintent le fun.
Disons qu’Arcade eût été innovant en 2012, à l’époque où leur argument principal répondait à un problème (le pay-to-win freemium). Il y a un an, c’était déjà désuet avant d’être sorti. En plus, ça fait un moment que la plupart des joueurs même casual ont réalisé que le jeu-vidéo sur mobile est une cause perdue. Et puis on est passé d »On vous sauve des in-app purchases’ — un monstre qu’ils ont eux-même créé jusqu’endorsed — à ‘Jouez à des vrais jeux’. On dirait vraiment qu’ils ne savent pas où ils vont, exactement comme avec la Pippin.
En tout cas, Apple semble oublier ce qui l’a condamnée en 1995. Dans un peu tous les domaines, elle enchaîne les mêmes bourdes que celles qui l’ont menée au bord de la faillite.