Dans les années 80 et 90, la liaison entre plusieurs Mac passaient par l’AppleTalk (le protocole) et plus spécifiquement par le LocalTalk (une implémentation). La technologie utilise le port série des Mac et a des avantages certains sur la mise en oeuvre, mais elle a un défaut : les débits. Dans de bonnes conditions, on peut atteindre 230 kb/s (un peu moins de 30 ko/s, plutôt ~20 ko/s en pratique). C’est franchement lent, mais il existe une solution : des adaptateurs avec une horloge externe.
Par défaut, les périphériques série utilisent une horloge interne, fournie par le Mac. Mais Apple a prévu la possibilité d’utiliser une horloge externe dans la prise (la broche 2), ce qui permet d’obtenir un débit pouvant atteindre ~1 Mb/s. En pratique, ça dépend un peu des marques et les appareils sont (évidemment) incompatibles entre eux. Dans les produits en question, on trouve le Tops FlashBox (avec le FlashTalk à 770 kb/s), le DaynalTalk (850 Kb/s) et les produits EtherWave de Farallon (690 kb/s). J’avais déjà parlé de cette possibilité avec les boîtiers PhoneNET Plus, sans pouvoir en profiter.
Après pas mal de recherches, j’ai trouvé deux adaptateurs EtherWave de chez Farallon (au passage, un seul aurait suffit, mais soit). La gamme EtherWave est un peu particulière : les adaptateurs proposent deux prises RJ45 pour créer une réseau en bus, à la manière du 10BASE2, alors que l’Ethernet en RJ45 est généralement avec une topologie en étoile. Le modèle dont je dispose est prévu pour les PowerBook, avec d’un côté une prise Mini DIN 8 et de l’autre deux prises RJ45 (8P8C). Il a besoin d’une alimentation externe, au niveau de la prise Mini DIN 8 sur ce modèle, et il demande du 12 V, ce qui est assez standard. Les EtherWave existent en AUI, AAUI (Apple), Mini DIN 8, PhoneNET, ISA (pour les PC, en interne), PDS et même NuBus.
Premier point, l’adaptateur Farallon fonctionne sans pilotes : il suffit de le brancher à une connecteur série (Mini DIN 8) sur le port imprimante et de régler l’AppleTalk sur la prise en question. C’est évidemment très lent – ~20 ko/s – mais ça marche.
Lors de l’installation des pilotes j’ai eu quelques soucis : l’image disque que j’ai trouvé (les pilotes 2.2.2) était illisible sur mes vieux Mac. J’ai donc dû lire et convertir le contenu depuis un Mac moderne et recréer une image disque compatible, sans que je connaisse la raison exacte. Dans les petits problèmes, aussi, le pilote casse l’AppleTalk (en tout cas le tableau de bord) sous Mac OS 8.6 (et dixit cette page, il faut un adressage en 24 bits). Du coup, j’ai testé sur un Macintosh LC III sous System 7.1. Dans ce cas là, le pilote ajoute une nouvelle entrée dans le tableau de bord Network, PB Adapter. Et une fois cette interface sélectionnée, le réseau passe visiblement sur une horloge externe. La documentation explique que cette interface active en fait EtherTalk Alternative quand l’adaptateur est détecté, pour simplifier la configuration, et passe sur le LocalTalk s’il n’est pas détecté.
En mode LocalTalk, le transfert d’une image disque d’une disquette prend 1 minute et 14 secondes, soit environ 20 ko/s. C’est le débit classique avec cette norme, pratique mais lente. Une fois passé sur l’interface rapide, le débit triple : il ne faut que 24 secondes pour la même tâche (~62 ko/s). Ca reste lent pour du réseau, mais pour un vieux Mac c’est toujours mieux que rien. La bonne nouvelle, c’est que ça fonctionne avec mon réseau local et mon serveur Raspberry Pi. Sur le même Mac, une carte Ethernet en PDS (en interne) met ~14 secondes pour le même transfert (105 ko/s), c’est plus rapide mais très loin de la limite de l’Ethernet 10 Mb/s.
Le troisième adaptateur
En réalité, j’ai aussi un troisième adaptateur. Il est un peu différent physiquement, avec un connecteur d’alimentation au niveau du boîtier… et surtout il fonctionne mal. Au lieu de s’allumer en vert quand il est alimenté, il passe au rouge et ne fonctionne pas. Je ne sais pas si c’est parce qu’il s’agit d’un modèle différent ou s’il a un problème.
Je serais curieux en fait d’avoir un petit comparatif entre le débit standard de l’époque, et la taille moyenne des disques durs (40Mo et 80Mo) en comparaison des postes actuels (1To de disque, ethernet gigabit majoritairement).
Je ne serais pas trop étonné de voir que, même si cela nous parait bien plus lent, le ration n’est pas si différent ;-)
Alors, le LocalTalk c’est assez large, ça part des premiers Mac sans HDD au milieu des années 80 – et là, les 20 ko/s, c’est pas mal – jusqu’en gros les premiers PowerMac milieu des années 90 (à ce moment là, on avait de l’Ethernet à 10 Mb/s).
Le LCIII de 1993 avait un HDD de 40 à 160 Mo, donc fallait compter ~35 minutes dans le meilleur des cas pour copier tout. Là, un Mac mini de base, il a 256 Go et du réseau capable de taper 120 Mo/s en pointe (et du 10 Gb en option). On est à peu près dans le même ordre de débit dans l’absolu.
Sauf qu’en vrai, à l’époque, on transférait des documents… et maintenant aussi. Et la différence est pas si énorme. Une simple image de disquette, fallait compter plus d’une minute. Actuellement, en 1 minutes, on va transférer 7 Go.