Saviez-vous que les sous-titres CC existaient en PAL ? Et que des cassettes vidéo anglaises en proposaient ? Jusqu’il y a peu, moi pas. Et comme c’est un sujet que je trouve intéressant, j’ai voulu vérifier ça.
Un peu de contexte : le CC (Closed Captioning) consiste à retranscrire ce qui se passe à l’écran. Ce n’est pas tout à fait des sous-titres, plutôt de l’audiodescription, et c’est obligatoire aux USA, de ce que j’ai compris. La technologie existe depuis très longtemps en analogique, sous le nom CC (simplement), line 21 (je vais expliquer) ou EIA-608 (le nom du standard).
En NTSC, le standard utilisé aux USA pour la télévision, le texte est transmis sur la ligne 21 de l’image, qui est normalement invisible (VBI). C’est un encodage basique, à base de zones blanches et noires, qui permet d’encoder des caractères ASCII. Le CC est utilisé dans les VHS, dans les LaserDisc (c’est assez courant en NTSC) et même dans les DVD. Avec les solutions numériques actuelles, on préfère envoyer directement le texte ou – dans le cas des DVD et des Blu-ray – insérer des images plutôt que de l’ASCII. Mais même en numérique, la piste CC est parfois présente, en plus des sous-titres classiques. Pour lire du CC, il faut généralement un décodeur, et ça peut servir à des choses amusantes, comme censurer automatiquement les films. Plus amusant, on peut même générer du CC avec certains appareils, comme le Raspberry Pi. Si le sujet vous intéresse, cette vidéo est complète.
On en arrive au sujet : le PAL. Jusqu’il y a peu, avant cet article de Hackaday, je pensais que le CC n’avait pas été adapté au PAL, la norme européenne (mais pas française). Dans nos contrées, on utilisait parfois le télétexte pour ça (genre sur les LaserDisc) et éventuellement en Antiope pour la France. Mais le problème, c’est que si le télétexte est plus complet que le CC, ça passe assez mal sur une VHS, qui réduit énormément la quantité d’information, et ça n’a pas été utilisé à ma connaissance.
Dans l’article, donc, j’ai appris l’existence du line 22, l’équivalent du CC pour le PAL. Du coup, j’ai cherché pour vérifier s’il existait des médias avec ce genre de sous-titres. La réponse est oui : l’European Captioning Institute (au Royaume-Unis) a visiblement décidé d’en proposer sur pas mal de VHS. Les cassettes compatibles proposaient un logo spécifique sur la jaquette, mais aussi un bumper au début. Trouver des VHS compatibles est finalement assez simple sur eBay, il y a pas mal de Disney, et d’autres films. Il faut essentiellement vérifier si le logo est présent. Techniquement, ça doit fonctionner aussi sur LaserDisc, mais je n’ai pas trouvé d’exemples (ce qui ne veut pas dire que ça n’existe pas).
La seconde partie, plus compliqué, c’est la lecture. J’ai essayé avec quelques logiciels sans succès. EyeTV (qui lit le CC) n’a pas accepté le signal. De même, mon décodeur CC (de censure) non plus. J’ai donc trouvé un décodeur dédié, le Link IEC-788, explicitement compatible PAL. C’est un peu compliqué à brancher (il a une prise américaine, même s’il accepte le 220 V), il nécessite des adaptateurs BNC pour le composite (plutôt que RCA) et j’ai dû leur demander le manuel, mais ça fonctionne. Astuce, il faut mettre XDS
sur On
, Mode
sur Cap
, Channel
sur 1
et Field
sur 1
pour que ça décode. A l’époque, il était possible d’acheter des décodeurs au Royaume-Uni, probablement plus efficace que celui que j’ai.
Je ne sais pas si c’est l’âge de la cassette ou le décodeur mais l’image est assez instable quand je décode et certaines de mes cartes d’acquisition ont du mal à afficher une image correcte. Et en direct du magnétoscope, c’est un peu plus stable. Pour vous donner une idée, je vous ai mis quelques extraits avec les sous-titres, de The Tigger Movie (Les Aventures de Tigrou) et The Patriot (The Patriot : Le Chemin de la liberté). On voit bien la différence entre la sortie S-Video et la sortie composite d’ailleurs. Les sous-titres sont insérés comme en CC (en NTSC) : du texte blanc sur un fond noir.
La vidéo contient volontairement des extraits des deux cassettes en alternance. On voit pas mal les données VBI, aussi.
Dans certains extraits, on voit aussi les lignes qui contiennent les données. Et au passage, les bandes-annonces ne sont pas sous-titrées sur la cassette Disney. Sinon, on peut voir le CC (ici en line 22, donc) avec un vieil écran Apple qui affiche une partie des données normalement invisibles. Dans la première partie, le décodeur est branché, mais l’écran n’arrive à accrocher le signal. Dans la seconde, c’est en direct du magnétoscope, donc plus propre. Dans les deux cas, on voit bien la bande au-dessus avec ses clignotements.
Pour conclure, ça existe mais ce n’est vraiment pas courant. Et de ce que j’ai vu, uniquement utilisé au Royaume-Uni et dans les pays amis (visiblement parfois en Australie).