Cet article, c’est probablement celui qui attendait depuis le plus longtemps dans la liste des trucs à faire. J’ai (enfin) pu trouver une Voodoo 2 pour iMac, la Game Wizard. Une 3dfx ? Dans un iMac ? Oui.
Un peu de contexte. La Voodoo 2 est la seconde génération de cartes 3dfx pour les PC, et les cartes fonctionnaient (aussi) sur Mac. Pour faire simple, les cartes 3dfx (Voodoo Graphics et Voodoo 2) gèrent la 3D sans l’aide de l’ordinateur : elles n’ont pas de BIOS et prennent la main sur l’affichage. Les premières cartes pour Mac sont même simplement des cartes PC avec des pilotes pour Mac OS. Avec la Voodoo 2 (essentiellement une version plus rapide des Voodoo Graphics), une société propose tout de même une version pour Mac, avec une sortie adaptée, la Game Wizard. J’en ai une, mais elle ne fonctionne pas (un jour, je vais la réparer). Et donc la société à l’origine de cette carte (Micro Conversion) a proposé une carte pour l’iMac G3, le premier. Comment ? En utilisant le connecteur interne, le mezzanine. Il s’agit d’une prise présente physiquement dans les premiers iMac (rev. A et B) qui est essentiellement un connecteur PCI sous une autre forme. Si vous lisez le blog depuis longtemps, vous avez peut-être déjà vu d’autres cartes : j’ai une carte SCSI et une carte TV (qui fait aussi SCSI).
La Voodoo 2 de de Micro Conversions, donc, est un modèle 8 Mo (vu l’architecture de 3dfx, c’est plus exactement du 4 + 2 + 2 Mo) qui s’interface en mezzanine. Comme toutes les 3dfx de l’époque, elle récupère le signal vidéo issu de la carte graphique et s’intercale entre l’écran et la carte d’origine. Dans l’iMac, c’est possible car l’écran de l’iMac est branché en VGA (enfin, en DA-15 plus exactement). Un câble interne est relié à la sortie vidéo de la carte mère et la carte 3dfx est reliée à l’écran. Techniquement, il faut un iMac G3 avec un CPU à 233 MHz (révision A ou B), qui possède le port mezzanine. A l’époque, Micro Conversions proposait de modifier certains modèles d’iMac pour installer la carte : les versions colorées (rev. C) à 333 MHz ont les traces du connecteur mais pas le connecteur lui-même. La société installait aussi d’ailleurs un port ADB : les traces sont présentes sur la carte mère, mais la prise n’est pas installée. Ils auraient même pu mettre un lecteur de disquettes… Mon iMac est une révision A (en ATi Rage IIc) mais avec un CPU à 500 MHz, ce qui aide pas mal dans les jeux.
L’installation
L’installation est assez simple quand on a déjà démonté un iMac, mais ça demande un peu de temps. Il faut ouvrir une bonne partie de la machine, retourner la carte mère et installer la carte. La petite nappe va de la carte mère à la carte 3dfx, ensuite la sortie vidéo est branchée sur la 3dfx. Rien de vraiment compliqué et le manuel de l’époque est complet (quand il affiche les images…, ce qui n’est pas le cas sur mon Mac moderne). Une fois que c’est fait, il suffit d’installer les pilotes. Dans l’absolu, on peut utiliser les pilotes générique pour Mac OS, mais on doit grader certains fichiers spécifiques à la Game Wizard. Ce vieux sujet sur les forums de MacGénération explique bien ça (il a plus de 20 ans, et on apprend que la carte valait 130 $ en 2000). La solution la plus simple est celle de ce site, qui propose le nécessaire en téléchargement. Si le sujet vous intéresse, il y a une (longue) vidéo sur YouTube sur l’installation de la carte.
Et ça donne quoi ? Alors, déjà, ça fonctionne. Il y a quelques limites, notamment sur la définition : le fonctionnement même de l’iMac implique qu’il ne faut pas dépasser le 640 x 480 en 3D (800 x 600 dans certains cas). Ensuite, il faut trouver des jeux qui utilisent les 3dfx, et ce n’est pas si courant sur Mac. J’ai essayé Myth (The Fallen Lord), Tomb Raider (le premier et le 2), Unreal, Quake (le premier et le II) et Star Wars Pod Racer. la compatibilité est un peu limitée (je n’ai pas réussi à faire fonctionner les Quake) mais dans l’ensemble ça fonctionne. Il faut surtout penser à bien utiliser les bonnes extensions et c’est vite bloquant. Il y a aussi quelques jeux qui fonctionnent mal en Rave (l’API d’Apple) parce qu’ils combinent 2D et 3D et que les Voodoo ne font que la 3D. C’est le cas de Nanosaur, que je n’ai même pas essayé. Questions performances, les jeux n’ont pas de benchmark mais c’est une Voodoo 2 avec un G3 à 500 MHz, donc c’est fluide pour l’époque (cf. ce test de Barefeats). Il y a aussi un souci de luminosité, avec des jeux trop sombres, mais il suffit de placer un fichier texte contenant les bonnes valeurs dans un dossier pour régler ça (c’est un souci de gamma, classique avec les 3dfx, même sur PC). J’ai même tenté Quake III qui tourne assez bien compte tenu de la plateforme : pratiquement 30 fps en 640 x 480 si on ne force pas les détails sur les textures (si on passe au maximum, on descend vers 5 fps, les 8 Mo de la carte limitent dans ce cas précis).
Enfin, j’ai voulu capturer des images, mais impossible : ma carte d’acquisition ne détecte plus le signal quand l’image passe de la sortie de l’iMac à la carte 3dfx, probablement à cause du changement de définition/fréquence de rafraichissement. j’ai donc filmé un peu l’écran pour montrer le résultat.
Pour conclure, je suis content d’avoir cette carte, et je pense qu’à l’époque, c’était vraiment intéressant pour ceux qui jouaient sur Mac.
souvenirs… j’avais installée et flashé une 3dfx voodoo 3 dans mon G3 beige. première rencontre avec le principe d’une carte graphique. Et là la claque dans Quake3, Unreal et Unreal Tournament (quand Epic a mis à jour Unreal pour 3dfx)… Je pouvais enfin jouer en réseau local avec les copains qui avaient des PC (quelle galère à l’époque de transporter une tour G3 beige et le 15′ cathodique).
Mais je ne savais pas que ça existait pour le premier iMac.
Je n’avais pour ma part jamais réussi à faire fonctionner une voodoo 2 pc sur mon Compaq Presario de l’époque, certainement un problème lié au chip graphique intégré.
Depuis je me suis vengé, et monté il y à quelques années une tour pentium II + 128Mo de Ram + matrox millenium + 2 Voodoo 2 en SLI (ce qui n’était pas loin de la config ultime des années 2000).
Quel plaisir de voir enfin tourner POD en 1024, avec les effets de reflexion à fond ! Ou Carmageddon 2 avec les textures lissées !
Et puis un jour on se dit que la tour prend beaucoup de place, et qu’un Wine bien configuré sur le macbook pro fait tourner la même chose, et on oublie cette tour dans un coin, en se disant qu’on y reviendra un jour..
Merci Pierre pour ces supers articles et ces moments de nostalgie !
Quel plaisir de voir ce genre d’expérience rétro en 2021!
Merci
Ah, j’ai eu cette carte. J’avais le Rev C et la Rage Pro était un désastre en dehors de Quake version RAVE. Un ami avait beaucoup trop de Mac chez lui, dont un Rev B, et après discussion comme la connectivité mezzanine/irda ne lui manquaient pas, on s’est mis d’accord pour échanger les carte-mères en gardant nos cartes CPU.
La chirurgie s’est très bien passée – petit bisou à la gommette ronde sur la 3dfx qui empêche le contact avec le bouclier RF du moniteur CRT quand ça flex un peu durant le chargement du tiroir etc…
Bref, tous les jeux opengl sont transfigurés en un clin d’oeil (donc quake version opengl, quake 2, q3test) et bien sûr tout ce qui supportait glide, donc Unreal/UT, Rune etc… qui ceci dit passaient aussi bien en basculant sur l’option opengl. Je me souviens que l’un des carmageddon et Alien vs Predator passaient crème également.
Pas de danse des extensions en particulier et ~50fps sur Quake 3 avec un fichier de config assez agressif, ce qui remplissait l’objectif \o/
Le seul petit hic c’était l’impossibilité de contrôler le dimensionnement de l’image en mode 3d à cause du passthrough et des contrôles de moniteur uniquement dans le menu écran… J’aurais bien voulu avoir réussi à négocier une carte CPU Sonnet à l’époque mais c’était très dur à justifier avec les parents !
J’ai pu prendre le train plusieurs fois pour aller en LAN avec ce frankenmac, tantôt aux premières MacLAN qu’on avait lancé en collaboration entre Macjnet, Macgé et Mac4ever, tantôt à des LAN Quake 3 où le simple fait de voir ce genre d’ordi levait quelques sourcils.
Avec les changements de main qui ont eu lieu depuis, quelqu’un sur Nantes a donc un iMac Bondi avec une carte mère de rev c, et une autre personne a un iMac qui paraît rev c, mais avec une V2 à l’intérieur, et peut-être même plus les drivers pour l’exploiter (j’ignore ce qu’il est advenu des CD que j’avais gravé et donné au propriétaire suivant !).