Sony Mavica : les appareils photo qui enregistraient sur des CD

Au début des années 2000, Sony a eu une idée saugrenue : proposer un appareil photo qui stocke les données sur des CD. Il rejoint mon Agfa qui écrit sur des Iomega PocketZip (Clik!) et mon modèle qui utilise des disquettes LS-120 (Panasonic).

Le MVC-CD300 n’est pas le premier des Mavica à base de CD, ni même le premier Mavica – la gamme comprend des modèles qui utilisent des disquettes ou des Video Floppy, comme mon Kyocera ou mes Canon ION. Pour la qualité de l’image, disons qu’on est devant un appareil de 2001, ce n’est pas extraordinaire donc. Je ne vais m’étendre dessus, ce n’est pas la partie intéressante. De même, l’appareil contenait quelques photos sur un CD-RW.


L’appareil

Pour le stockage, assez bizarrement, il utilise des disques de 156 Mo, ce qui est une valeur plutôt faible. Les anciens CD de 8 cm que j’ai utilisé avaient une capacité supérieure. Le MVC-CD300 a tout de même une particularité dans la gamme : c’est la première génération qui utilise des CD-RW (donc réinscriptibles). Le CD1000, par exemple, ne gère que les CD-R. Après le CD300, Sony a sorti deux générations de plus (2002 et 2003). Pour la capacité, donc, Sony utilise des disques des 156 Mo. Généralement, les disques de 8 cm (3 pouces) ont pourtant une capacité de 185 Mo (équivalent 74 minutes) ou 210 Mo (équivalent 80 minutes). Avec mon RipGo, j’avais des CD-R de 201 Mo.

156 Mo


Le lecteur


Avec un CD-RW

Parlons prix. Dans cet article de DPReview, on voit les prix d’époque de 2001 : vers 80 $ (à la grosse louche) les 50 disques (CD-R), vers 140 $ pour 100, donc on va dire vers 1,5 $ le disque de 156 Mo. Nettement moins que les cartes de l’époque, donc, même si les cartes étaient réinscriptibles. Pour se donner une idée, chez Sony et à la même époque (août 2001), une Memory Stick de 128 Mo valait 150 $. En gros, les CD valaient 100x moins (à la grosse louche).

Un CD-R et un CD-RW


Un adaptateur fourni avec pour les CD 12 cm

La gestion des CD est quand même bien particulière : les disques doivent être initialisés, finalisés (pour une lecture dans un lecteur standard) et la compatibilité, à l’époque, n’était pas extraordinaire. Premièrement, les CD de 8 cm posent toujours des soucis. Certaines lecteurs slot-in acceptent les disques, mais ce n’est pas systématique et si Sony livrait un adaptateur pour les lecteurs de ce type, je vous conseille vraiment de plutôt trouver un lecteur avec un moyeu central (et donc à tiroir, probablement). Deuxièmement, l’appareil de Sony ne grave évidemment pas les CD en une seule fois : il travaille par paquets, avec un système de fichiers UDF. C’est un choix qui pose pleins de soucis, tant lors de l’utilisation de l’appareil que pour la lecture sur un PC. Typiquement, on ne peut pas effacer n’importe quel image sans faire tourner (beaucoup) le disque, le changement de taille ou la rotation nécessite de la place sur le disque (une copie est ajoutée, et rendue invisible) et la finalisation nécessite quelques Mo sur le disque. La finalisation ? Oui, parce que comme les disques utilisent l’UDF (en version 1.5) avec une VAT (Virtual Allocation Table), certains OS ne peuvent pas lire les disques. L’idée est de créer plusieurs tables d’allocations : quand un fichier est effacé, une nouvelle table est ajoutée, qui indique qu’il l’est. Prenons Mac OS X (oui, je reste dans la ligne éditoriale) : il faut attendre Mac OS X 10.4.11 pour que les disques des appareils Mavica soient lus correctement, et c’est documenté chez Apple. Il existait des solutions, mais il a fallu attendre un moment pour que ça fonctionne sans bugs. Plus largement, la gestion de l’UDF est toujours un peu compliquée, en fonction des OS.

macOS voit mal la capacité


Pleins de sessions avec ISOBuster


L’appareil est techniquement un graveur externe en USB.

Mais comment ça marche ?

A l’usage, c’est assez compliqué. J’ai d’abord testé avec un CD-RW de 156 Mo, fourni avec et qui contenait des photos, lisibles sur un ordinateur. Dans l’appareil, bizarrement, le CD-RW est bien reconnu, mais les photos invisibles. j’ai donc pris d’autres clichés, finalisés le disque (c’est globalement nécessaire) et mis le CD dans un lecteur externe à tiroir (oui, sur Mac avec les slot-in, c’est une mauvaise idée). Et bizarrement, je n’ai vu que mes clichés récents. Idem sous Windows, mais attention : avec ISOBuster (sous Windows), on peut voir toutes les sessions et donc les images effacées si le disque n’a pas été complètement réinitialisé.

L’interface montre le CD-RW


Finalisation


On peut voir les anciens clichés

Ensuite, avec un CD-R achetés sur eBay. C’est un Dysan de 193 Mo (une capacité un peu bizarre) acheté vraiment pas cher. L’appareil m’indique d’utiliser des CD Mavica au démarrage, et probablement à raison : j’ai tenté de prendre des clichés et de les relire… sans succès. macOS voit des fichiers JPEG en double et illisible. Bizarrement, dans l’appareil et sous Windows 7, ils sont lisibles. Aucune idée de la raison, mais ça fonctionne mal. Bonne nouvelle, on peut continuer à prendre des photos même avec un CD-R finalisés, mais on perd ~13 Mo à chaque fois. Question temps, l’initialisation prend une quinzaine de secondes, la finalisation environ 1 minutes et 20 secondes. Un passage dans ISOBuster (sous Windows) montre que la structure comprend pas mal de sessions et de pistes, ce qui permet de récupérer les données.

Il détecte les CD qui ne viennent pas de Sony


Initialisation


Sans finalisation, c’est illisible.


Avec, macOS n’aime pas


Windows 7 voit bien les images


Et la structure UDF est visible

La conclusion ? C’est un appareil amusant d’un point de vue historique, qui tentait une voie intéressante. Mais les défauts sont quand même rédhibitoires : c’est assez gros, bruyant, avec pa mal de contraintes pratiques à l’usage, comme l’obligation de le déposer (et idéalement de le brancher) pour finaliser. Et les choix fait sur la gestion des données, notamment sur l’UDF, limitent bien la compatibilité et peuvent poser des soucis. Qui plus est, c’est la seconde génération que j’ai ici, capable de travailler sur des CD-RW (donc réinscriptibles) alors que les premiers modèles se limitaient aux CD-R. Après cet interlude, certaines marques ont tenté la même chose dans les caméscopes (avec des DVD et même des Blu-ray) mais ça reste quand même une solution qui amène pas mal de contraintes par rapport à un disque dur ou une carte mémoire.