Sony, à une époque, proposait une série d’appareils photo qui avait une particularité : ils enregistraient sur des disquettes. En 2022, ça peut étonner : pour beaucoup, la disquette est juste une icône d’enregistrement. Mais l’idée avait du sens.
La gamme Mavica (Magnetic Video Camera) est assez large, même dans les modèles avec un lecteur de disquettes. je vais commencer par présenter les différents modèles. Cette solution avait du sens : la disquette offrait une capacité équivalente aux mémoires flash de l’époque (de l’ordre du mégaoctets dans les années nonante) pour un prix bien plus faible. Qui plus est, tous les PC avaient un lecteur et même les rares acheteurs d’iMac à la fin de la décennie achetaient souvent un lecteur externe. Au delà du prix du média, bien plus faible que les cartes mémoire (qui n’étaient même pas toujours amovibles), l’intérêt de la disquette était évident : il suffisait de la mettre dans le lecteur pour lire les fichiers. Pas besoin de câble, de logiciels, etc. Sur les Mavica, c’est très visible : il a fallu attendre la 5e génération pour avoir une liaison directe (en USB).
Sur le coup, la seule contrainte pour Sony a été l’obligation d’accélérer les lecteurs (les disquettes, c’est lent) en même temps que la définition. Si c’était acceptable avec des clichés en 640 x 480, c’était lent sur du 1,3 mégapixel et très lent sur du 2 mégapixels, même avec un lecteur « 4x ». Et l’augmentation de la définition des capteurs (en même temps que celle des fichiers) a finalement tué la disquette dans ce contexte : 20 images en 640 x 480 sur une disquette, c’est suffisant et praticable. 4 clichés en 2 mégapixels, nettement moins.
Le rapport avec le thème de la semaine, c’est que mon modèle prend en charge l’adaptateur FlashPath de Sony, donc il est possible d’utiliser une Memory Stick (lentement, on va le voir).
La première génération (FD5 et FD7) propose un capteur 0,3 mégapixel issu des caméras NTSC de Sony, probablement pas réellement en 640 x 480 (ce thread de Foone l’explique bien) et un lecteur de disquettes classiques. La différence entre les deux vient essentiellement d’un zoom 10x optique sur le FD7. Ils proposent de faire des photos en mode « field » et en mode « frame », un truc qui vient de l’origine du capteur : en mode field, ils ne prennent qu’une partie de l’image (donc avec une définition verticale plus faible), et en mode frame, ils combinent deux images (c’est de l’entrelacé) avec éventuellement un effet de peigne, visible sur les objets en mouvement. Cette vidéo de LGR offre un bon résumé sur cette première génération.
Le FD51 (1998) reprend les mêmes bases (capteur compris, visiblement) mais avec un lecteur de disquettes plus rapide (2x). Le FD71 (1998) améliore le capteur, qui passe a priori sur du vrai 640 x 480 (il n’y a plus d’options field/frame) avec le zoom 10x et la possibilité de sauver en BMP. Le FD81 a un zoom 3x mais un capteur capable de travailler en 1 024 x 768. Il peut filmer en 160×112 (60 secondes) ou 320×240 (15 secondes…) et enregistrer de la voix. Enfin, le FD91 est le même que le 81 avec un zoom 14x.
La gamme de 1999 comprend le FD73 (zoom 10x, capteur 640 x 480, pas de vidéo) et le FD83 et le FD88. Ils sont assez proches avec un lecteur de disquettes 4x et les mêmes fonctions. Le FD83 a un capteur de 1 mégapixel (1 024 x 768) avec interpolation possible, le FD88 un capteur de 1,3 mégapixel (1 280 x 960). Le zoom est un 3x sur le premier, un 8x sur le second. Enfin, ils ont une sortie vidéo analogique. Au passage, cette vidéo explique bien l’intérêt du lecteur rapide des Mavica.
La gamme de 2000 comprend d’abord le FD85 et le FD90, assez proche. Ils inaugurent une fonction intéressante : la possibilité de mettre un adaptateur FlashPath pour remplacer la disquette par une Memory Stick. Le reste similaire : un zoom 3x et un capteur 1,3 mégapixel pour le FD85, zoom 8x et capteur 1,6 mégapixel (interpolé selon certaines sources) pour le second. Il n’y a bizarrement plus de BMP mais la possibilité de sauver en GIF pour des textes (par exemple). Le FD95 (la même année) a un capteur de 2 mégapixels (1 600 x 1 200), un zoom 10x et les mêmes fonctions liées aux Memory Stick. Il peut prendre des photos en 3:2 (un format plus photographique) et il commence vraiment à arriver aux limites des disquettes, avec 4 clichés en définition native.
La gamme 2001 est large, avec le FD75 d’abord. L’entrée de gamme n’a qu’un lecteur de disquettes 2x, un capteur 0,3 mégapixel (sans vidéo) et pas de compatibilité Memory Stick, mais un zoom optique 10x. Le FD87 (le mien) a un capteur de 1,3 mégapixel (avec mode 3:2), le lecteur de disquettes 4x, un zoom 3x, la compatibilité FlashPath. Le FD92 abandonne le FlashPath pour un lecteur de Memory Stick (directement) avec un capteur de 1,3 mégapixel (et de l’interpolation possible), la possibilité de faire du TIFF sur carte mémoire, un zoom 8x et de l’USB. C’est le premier modèle avec cette interface, qui permet de monter les Memory Stick mais aussi les disquettes. Le dernier modèle de 2001 est le FD97 : un capteur de 2 mégapixels avec zoom 10x. Il faut noter qu’il compresser moins les photos sur Memory Stick (il a les mêmes fonctions que le FD92) que sur disquettes.
La dernière génération avec des disquettes date de 2002 avec les FD100 et FD200. Deux appareils encore une fois assez similaires. Ils possèdent un lecteur de disquettes 4x, de l’USB, un emplacement Memory Stick, etc. Ils possèdent un zoom 3x (optique) et un capteur de 1,3 (FD100) ou 2 mégapixels (FD200). Après cette génération, Sony a arrêté les disquettes : la capacité était trop faible et l’USB était assez populaire, ce qui permettait de brancher facilement la carte mémoire, via l’appareil ou via un lecteur.
Le FD87
J’ai un MVC-FD87, le milieu de gamme de 2001. C’est un modèle assez complet, mais qui n’a pas – par exemple – de sortie vidéo (du coup, je n’ai pas de captures de l’interface) ou d’USB. C’est un appareil assez gros et assez étonnamment, la batterie d’époque est encore fonctionnelle avec une autonomie tout à fait correcte. Je l’ai d’abord testé avec une disquette 3,5 pouces classique, et c’est efficace, sans plus. A la définition native (1,3 mégapixel), on peut seulement stocker 6 clichés, donc on atteint vite la limite. L’enregistrement est assez rapide (merci le lecteur 4x) avec environ 4 secondes pour une image. Une animation dans le coin montre l’état d’utilisation de la disquette, sans indiquer le nombre de clichés restants. C’est un peu bruyant, par contre, mais moins contraignant que le Mavica à base de CD. Les données sont en vrac sur la disquette avec des fichiers JPEG de ~210 ko et un fichier HTML qui lie simplement les images. Car oui, Sony recommandait simplement Internet Explorer pour lire les images. Assez bizarrement, les métadonnées sont en format JFIF, un standard assez ancien qui donne peu d’informations.
L’appareil reconnapit parfaitement l’adaptateur MSAC-FD2M de Sony, qui est un FlashPath adapté aux Memory Stick (jusqu’à 128 Mo). Il affiche bien une icône de Memory Stick dans le coin, et il y a un truc qui choque au départ : c’est lent. Genre pour enregistrer une image sur une carte de 32 Mo avec l’adaptateur, il faut ~8 secondes, le double du temps d’enregistrement sur une disquette. Visiblement, la mécanique 4x ne fonctionne pas avec l’adaptateur. Les images font à peu près la même taille, donc l’appareil ne propose pas une qualité meilleure en Memory Stick (~210 ko) et bizarrement, ici, les métadonnées sont en format EXIF.
Dans les trucs originaux, il y a le mode texte : il fait une capture en GIF et en noir et blanc, ce qui permet d’avoir du texte net. Pour le reste, le zoom numérique est vraiment très mauvais (et heureusement désactivable) et il y a un zoom optique 3x, suffisant pour pas mal d’usages. Sur cette itération de 2001, on peut tout de même noter que la disquette montre franchement ses limites : avec six clichés seulement, on est vite bloqué. Et le choix FlashPath, s’il semble intéressant, ne l’est pas vu la lenteur (et le fait qu’il faut prévoir des batteries CR2016 pour l’adaptateur). Même d’un point de vue financier, ça n’était pas très intéressant : il fallait acheter l’adaptateur et une Memory Stick. La même année, Sony proposait d’ailleurs des modèles avec Memory Stick en standard, ce qui rendait la disquette un peu accessoire. Le seul intérêt venait du transfert de données : tout le monde (ou presque, si vous aviez un Mac…) avait un lecteur de disquettes, donc il était possible de passer facilement les clichés.