Il y a quelques années, j’avais parlé d’une carte graphique en PC Card, la VTBook de chez Village Tronic. Mais il existe une autre carte graphique de ce type, plus orientée vers les Mac, la IXMicro Road Rocket.
La VTBook utilise une puce Trident Cyberblade XP2 avec 32 Mo de mémoire et visait les PC et les Mac. Sa compatibilité est donc assez large, et elle se branche en PC Card Type II (c’est-à-dire l’épaisseur standard) : elle rentre donc partout. Qui plus est, le connecteur DVI-I est intégré.
La Road Rocket, c’est tout le contraire : elle intègre une puce TwinTurbo 128 3D et 4 Mo de mémoire, nécessite un dongle pour la connexion et ne fonctionne que sur Mac à ma connaissance. Et même pas tous les Mac : elle se branche en PC Card Type III (double épaisseur) et ne rentre donc pas – par exemple – dans un PowerBook G4.
En pratique, la carte est imposante, assez longue, avec un gros radiateur qui affiche le nom de la carte. Je n’ai pas eu les pilotes avec mais ils sont toujours disponibles chez OWC (bon point). La carte arrivait à l’époque avec deux dongles (un en DA-15 pour les Mac, un en DE-15 pour les écrans de PC) mais je n’ai que le second, ce qui n’est pas réellement un problème. Enfin, il y avait aussi une housse de transport.
Dans la carte, il y a une puce TwinTurbo 128 3D, la même que dans la carte PCI classique Mac Rocket. Avec ses 4 Mo, c’était une carte d’entrée de gamme qui offrait une bonne qualité en 2D et une accélération RAVE assez basique. Vu les spécifications sur le site d’époque, la version PCI avait de la mémoire à 83 MHz et la version PC Card probablement uniquement à 50 MHz (pour réduire la consommation, a priori). Pour les fréquences de la puce, les valeurs annoncées ne sont pas forcément cohérentes (il il y a peut-être plusieurs fréquences), mais c’est environ 75 % de la puissance de la version PCI classique.
A l’usage, c’est quand même un rien compliqué. Premièrement, la carte ne se charge pas sans écran branché. Ensuite, ce n’est pas totalement stable sur mon PowerBook G3. Mais finalement, la carte est bien reconnue une fois un moniteur branché, et elle est gérée par Mac OS sans soucis une fois les pilotes installés. La marque propose tout de même un outil qui permet d’effectuer certains réglages facilement. Dans les benchmarks d’époque (MacBench), on a environ 60 % des performances de la carte ATi Rage Pro LT intégrée, ce qui n’est pas si mal pour une carte externe qui va servir à afficher sur un vidéoprojecteur. Sur certains tests, c’est un peu plus, sur d’autres… nettement moins. Il faut bien dire que la Road Rocket a visiblement des performances plus faibles que la version PCI classique et que le CardBus, même s’il offre en théorie les mêmes performances que le PCI, est généralement en dessous en pratique.
Techniquement, la carte est capable de faire de la 3D accélérée, mais c’est quand même très faible. Premièrement par le format de la carte, qui limite pas mal, et deuxièmement parce que le support de l’API RAVE est un peu particulier. Visiblement, la puce ne supporte que le mode 24/32 bits avec accélération 3D et pas le mode 16 bits (milliers de couleurs) imposés par un jeu comme Quake. Tomb Raider se lance sur la carte, mais il faut descendre en 512 x 384 pour que ce soit vaguement fluide (mais pas trop quand même…) et il manque les menus. Dans un autre registre, Nanosaur fonctionne, mais sans le ciel. De façon plus claire, la carte n’est vraiment pas faite pour la 3D, même si techniquement on a un semblant d’accélération.
Ca reste une curiosité intéressante tout de même, avec des trucs amusants : Mac OS 9 supporte beaucoup miuex l’éjection d’une carte graphique que – par exemple – un macOS moderne. Et pour la cible, ceux qui voulaient un second écran indépendant sur un Mac portable, c’était assez efficace tout de même. Parce que pour rappel, dans les années nonante, les PC portables (et les PC en général) supportaient rarement deux sorties vidéo sur la même carte. Dans le meilleur des cas, on avait une sortie vidéo analogique en plus de l’écran d’un ordinateur portable, et elle affichait la même chose que l’écran interne. Les premières cartes avec deux sorties datent vraiment de la fin des années nonante, et ça s’est généralisé assez rapidement. Et actuellement, à part le cas particulier des Mac M1, la grande majorité des puces graphiques supporte souvent au moins trois écrans (et parfois plus).