Je continue avec Optane, la mémoire révolutionnaire d’Intel (en 2017) qui a été abandonnée en 2022. J’avais parlé du SSD hybride H10, maintenant parlons des M10.
Le H10 est un SSD particulier : il combine de la mémoire Optane (16 G) avec un SSD NVMe à base de mémoire QLC (en gros un Intel 660p). Mais son organisation hybride le rend incompatible avec la majorité des appareils : il câble le connecteur M.2 en deux liens séparés (2x 2x). Pour tout dire, en externe ou dans divers cartes mères, il m’a été impossible de voir la partie Optane (oui, c’est ballot). Du coup, j’ai acheté un module M10, donc.
Le M10, c’est quoi ? La partie Optane du H10, seule sur une barrette M.2. C’est donc un SSD NVMe de 16 Go (ça existe aussi en 32 et 64 Go) interfacé sur deux lignes PCIe avec des performances moyennes sur le papier : 900 Mo/s en lecture, 150 Mo/s en écriture. C’est faible parce qu’avec cette capacité, c’est un peu compliqué de faire un truc vraiment rapide sur ce point. Bon, c’est un peu de la mauvaise foi : l’idée, c’est évidemment de s’en servir comme cache en lecture, pas d’installer l’OS dessus. C’est ce que faisait Intel dans des PC portables pas cher en 2017 : une barrette Optane comme cache, un HDD de 1 ou 2 To et « magie », on vendait ça comme un truc avec équipé d’un « SSD », et parfois même en additionnant la véritable RAM et la barrette Optane, vu que c’était selon Intel une sorte de chaînon manquant entre la RAM et la mémoire flash (non).
Bon, c’est vraiment une curiosié en pratique, mais comme ça vaut littéralement 5 $ sur eBay, j’en ai acheté un sans regrets. Il faut bien dire que s’il est performant en lecture pour l’époque (et la capacité), n’importe quel SSD moderne est plus rapide, même en lecture (ou s’en approche assez pour le rendre inutile). Des rumeurs indiquaient qu’Apple aurait pu intégrer ce type de mémoire dans les Fusion Drive à l’époque, mais dans les faits, Apple a visiblement utilisé des SSD standards forcés en mode pseudo-SLC. Au lieu d’utiliser de la mémoire MLC (2 bits) ou TLC (3 bits) de façon classique, il est possible de n’écrire qu’un seul bit. C’est plus rapide (c’est utilisé comme cache dans les SSD modernes) mais on perd en capacité, en divisant par deux ou trois l’espace. Il faut bien se dire qu’à l’époque, Intel vendait sa barrette de 16 Go la bagatelle de 50 $ (environ), de quoi rendre un SSD classique de 128 Go presque compétitif à l’époque.
Est-ce que ce SSD NVMe de 16 Go fonctionne sur Mac ? Oui (dès High Sierra). Est-ce qu’il a un intérêt ? Pas réellement. A part si vous avez un iMac ou Mac mini qui possède un emplacement PCI-Express et un emplacement SATA, la capacité est trop faible. C’est éventuellement jouable pour un Fusion Drive, mais il semble tout de même nettement plus judicieux d’installer un SSD moderne, surtout quand on trouve des modèles de 500 Go pour environ 50 €. Et il ne faut pas oublier un défaut, qui sera plus visible dans la troisième partie, ça chauffe. Le SSD de 16 Go, lors d’un simple test, dépasse les 60 °C et est à 55 °C sans rien faire, des valeurs assez élevées.
Perso j’adore ces petits SSD, car ils ont une caractéristique intéressante, c’est leur durée de vie énorme : même les petits modèles 16 Go sont donnés pour 360 TBW, ce qui est hors norme (surtout pour 5$…)
ça en fait des SSD vraiment idéaux pour construire des NAS maison vraiment fiables.
Je m’explique : depuis ~20 ans j’ai vu chez mes clients beaucoup de NAS, depuis les NAS « Quantum » en 100Bt et disques IDE (de vrais merdes…) jusqu’aux derniers QNAP / Synology en 10Gb.
Or, outre le risque des cryptolockers qui ciblent spécifiquement ces NAS si ils sont mal configurés, il y a le risque d’avoir ses données inaccessibles un bon moment en cas de panne matérielle: vu que c’est quasi toujours des composants, des alims et un système de fichier propriétaires… (SHR etc.)
C’est là que, pour moi, il faut toujours faire un backup mais vers un système complètement différent : vers des NAS « ouverts » au niveau matériel (boitier ITX, alim flex-ATX) qui :
– sont facilement et très rapidement réparables avec des composants standards
– utilisent du RAID logiciel linux archi standard (mdadm) qui remonte sur n’importe quel PC en deux coups de cuiller à pot
– et au niveau de l’OS du NAS utilisent un OS simple et fiable comme OpenMediavault INDEPENDANT du stockage HDD (très important !)
Bon et là : les Optane c’est juste génial pour installer un OS comme OpenMediavault (ou Unraid) :
-> on a besoin que de ~4Go, donc les 16 Go suffisent amplement
-> c’est rapide
-> ça coûte pas cher
-> et en plus aucune crainte d’avoir un SSD rincé par les écritures des logs et autres, vu la durée de vie en écriture monstrueuse…
voilà pourquoi j’adore ces petits SSD ! surtout n’en achetez pas trop, laissez les moi sur ebay :)