Encore une fois, j’ai tropuvé des programmes pour les ordinosaures sur un média qui contient de la musique. Cette fois, c’est la compilation Refrescos Musicales, qui vient d’Argentine et qui contient deux programmes pour le Commodore 64.
Au lieu de vous mettre tous les articles précédents à chaque fois, je vous renvoie vers la page dédiée, elle explique ce que je fais avec les vinyles et liste toutes les pages qui contiennent les programmes, les explications, etc.
Bon, ça a été compliqué, mais un peu de contexte pour commencer. La compilation existe en cassette et en vinyle, et j’ai la cassette. Anecdote, d’ailleurs, le vendeur m’a demandé pour quelle raison j’achetais une compilation des années 80 en cassette audio dans un pays à l’autre bout du monde, c’est une première.
Mon premier souci, c’est que je n’ai pas trouvé d’exemples du résultat au départ. C’est plus simple quand j’ai une bonne idée de ce que je cherche, mais j’ai trouvé essentiellement une vidéo YouTube avec l’audio et une personne sur Twitter qui s’étonne de la présence de données, mais pas d’images du résultat.
Mon souci, c’est que la récupération de données pour le Commodore 64 est souvent tendue – et ça se vérifie ici – parce que je n’ai pas de Commodore 64. Dans l’idéal, il faut utiliser un lecteur de cassettes de Commodore 64 avec une interface PC pour récupérer les données déjà filtrées. Parce que le Commodore 64, contrairement à d’autres, ne prend pas l’audio directement en entrée avec un magnétophone classique, mais utilise son propre lecteur qui fait une partie de la conversion. Du coup, une bonne partie des outils est pensée pour des fichiers TAP
plutôt que des fichiers WAV
.
Je vais vous passer les détails, mais en gros j’ai passé une bonne partie d’une journée à enregistrer depuis un lecteur de cassettes noname vers du WAV
, avant de tester des tas de logiciels. J’ai filtré, coupé, réenregistré, etc. Je n’ai pas le compte exact du nombre d’essais, mais c’est de l’ordre de la centaine. Le processus consiste à partir d’un enregistrement propre, de le convertir en TAP
puis de convertir le TAP
en un programme utilisable. On peut charger directement le TAP
dans les émulateurs, mais c’est généralement plus lent et plus gros que – par exemple – un PRG
. Un TAP
est une représentation binaire du flux, (donc la succession de 0 et de 1), une sorte de WAV
filtré (les puristes me corrigeront). Dans le cas présent, un fichier WAV
(mono) de 35 seconde fait environ 3 Mo, la représentation TAP
fait un peu plus de 100 ko, le programme lui-même en fait une dizaine (de ko).
J’ai finalement réussi en utilisant une méthode de bourrin : un enregistrement propre depuis la cassette, une amplification assez forte dans Audacity pour bien saturer puis le passage en ligne de commande avec tape64. Ce vieux programme convertit mieux que les autres dans les faits, avec une syntaxe un peu particulière.
tape64.exe -i:nom_du_fichier.wav -or:nom_du_fichier
Ensuite, j’ai utilisé un classique (WAV-PRG) pour convertir le TAP
en PRG
. En pratique, ça marche mieux qu’Audiotap et les autres logiciels que j’ai pu tester.
Pour l’émulateur, ça marche mieux dans Vice pour une fois (j’utilise aussi parfois Denise).
Le premier programme s’appelle Lollipop, sur la face A. Il s’agit d’une sorte de mélange de Pac-Man et de Snake, qui se joue à la manette sur le Commodore 64. En gros, il faut déplacer le serpent sans que la tête touche le reste du corps (donc pas de demi-tour par exemple) en évitant les symboles ♠️ bleus, qui apparaissent aléatoirement. C’est assez basique mais ça peut amuser quelques minutes.
Le second programme, Jackpot, est encore plus basique. C’est un jeu de jackpot dans lequel on doit miser 1, 2, 3 ou 4 dollars (avec les touches associées) et espérer trois symboles identiques. Rien de très passionnant, donc. Assez bizarrement, il marche dans Denise mais pas dans Vice.
Pour conclure, il m’a donné beaucoup de mal, mais je l’ai quand même fait…
Ces explorations sont toujours incroyables, sans parler de la régularité de la tenue de ce blog, unique en son genre !
Je me posais la question de la démarche qui avait pu conduire à l’intégration de ces objets cachés. Je ne vois pas bien ce qui a pu pousser les éditeurs et producteurs là-dedans. Quel pourcentage des acheteurs s’est intéressé à ces trucs plus ou moins difficiles d’accès ?
Autre interrogation : qui gérait techniquement le codage et l’intégration ? S’agissait-il de développeurs indépendants ou de sociétés spécialisées ? Ou bien un « bricolage » par le geek du coin ?
As-tu eu l’occasion d’en parler avec des acteurs de l’époque ?
L’intégration, c’est comme les pistes cachées : pas grand monde ne le voit. Après, chez les anglais avec du ZX Spectrum (le plus courant), c’est assez simple à faire et c’était des machines courantes. Ici, c’est plus compliqué, surtout sur le vinyle : fallait copier sur une cassette avant, etc. Mais ça existe encore plus ou moins, avec les bonus, les CD qui contiennent des données, etc.
Pour le code, c’est dans la majorité des cas les gens du groupe qui le font, c’est souvent dit dans les crédits. Parfois, c’est des gens vraiment geek. Ici, c’est moins évident vu que c’est une compil’, donc aucune idée.
J’ai pu contacter quelques personnes, c’est souvent juste des gens qui travaillaient sur des ordinateurs et qui en ont profité.