Il y a une bonne vingtaine d’année, Sony a sorti un truc de son chapeau, comme souvent : les CD double densité. Ils offraient une capacité de 1,3 Go et nécessitaient un graveur spécifique, le Sony CRX200E. Après des années de recherche, j’ai trouvé un graveur et des disques.
Mon graveur est un modèle japonais, avec un tiroir argenté. Il existe une version européenne de ce graveur avec une façade noire, mais c’est le même graveur. Quelques informations : en France, les disques coûtaient 20 francs au lancement et le graveur lui-même valait un peu plus de 2 200 francs (~350 €). le CRX200E est un graveur IDE assez lent dans l’absolu : 12x pour les CD-R, 8x pour les CD-RW. Il lit en 32x (CAV) mais se limite à 12x pour l’audio et était livré avec un DDCD-RW et un DDCD-R. Dans mon cas, j’ai aussi deux disques vierges en parallèle.
Parlons DDCD
Les DDCD (pour Double Density Compact Disc) viennent de Sony, et ont leur propre livre de référence : le purple book. Pour faire simple, chaque type de CD a sa couleur, et l’audio est parfois référencé sous le nom red book. Sony a modifié quelques points physiques : l’espacement au niveau de la piste passe de 1,6 µm à 1,1 µm, la longueur minimale d’un bit (en résumant) passe à 0,63 µm et la correction d’erreur a été modifiée. Dans les faits, en gardant le même laser (contrairement au DVD), on peut stocker 1,3 Go sur un disque au lieu de 650 Mo. Il y a quelques autres modifications évoquées dans un communiqué de l’époque, mais ce qu’il faut retenir, c’est que Sony a mis plus de données sur la même surface.
Les DDCD existent en version -R (inscriptible), -RW (réinscriptible) et -ROM, au moins en théorie. Mais sur le coup, je ne pense pas que des DDCD-ROM existent réellement, vu la compatibilité très faible. Les disques double densité sont en effet compatibles uniquement avec les lecteurs DDCD. Comme c’est un échec total pour Sony, ça implique un truc : ça ne fonctionne que avec le graveur CRX200E. Dans les autres limites, il y a le fait que les disques ne permettent pas la gravure audio, mais uniquement les données. C’est assez logique : les changements sur la structure rendent de toute façon les disques incompatibles avec les lecteurs de CD Audio.
La gravure
Bon, j’ai commencé par macOS Ventura, mais ça ne fonctionne pas. macOS voit le graveur, mais considère que le disque a une capacité de 950 Mo. D’autres logiciels donnent la même valeur et je suppose que c’est lié à la durée maximale supportée en théorie. Dans tous les cas, impossible de graver.
J’ai ensuite testé sous Windows avec ImgBurn sous Windows dans une machine virtuelle, avec le même souci.
Puis j’ai tenté Nero Burning ROM (vous l’avez ?) avec une version de l’époque. J’ai téléchargé la dernière version 5.5.x et un numéro de série (😇) mais sans succès. Sous Windows 7, Nero ne voit même pas le graveur – Windows 7 prévient qu’il y a un problème dès le départ – et donc impossible de graver. Avec le même OS, j’ai ensuite testé dernière version 6.x (la 6.6.x) qui voit bien le graveur mais ne propose pas de créer de DDCD. Ce qui pose un problème : on ne peut évidemment pas graver.
J’ai ensuite testé sous Windows XP dans une autre machine virtuelle avec la version 5.5.x de Nero, qui voit le graveur, me propose de cérer un DDCD… mais ne grave pas. Puis j’ai testé une version intermédiaire de Nero 6 (6.3.x) avec le même problème. ce qui montre d’ailleurs que le support a été court : la 6.3 gère les DDCD, pas la 6.6.
J’ai ensuite relu les tests de l’époque et je suis allé vérifier ce que Sony livrait. Le programme de l’époque est Prassi PrimoCD Plus. Le site de Sony propose bien une mise à jour, mais elle est pour la version japonaise de l’époque, fournie avec le graveur. Et malheureusement, je n’ai pas le disque avec le logiciel de gravure. Finalement, j’ai « trouvé » une version à jour du programme et ça a fonctionné.
Avec PrimoCD Plus, le graveur est reconnu et il a simplement fallu régler la valeur maximale pour la durée dans les options du programme (par défaut, il est calé sur les 650 Mo d’un CD). J’ai d’abord gravé un DDCD-RW (en 8x, ce qui est assez lent) pour vérifier si ça fonctionne. Dans les faits, les différents OS – Windows 7, Windows XP, macOS Ventura – accèdent bien aux données, mais n’affichent pas nécessairement la bonne capacité.
Enfin, j’ai gravé un DDCD-R de ~1,2 Go. C’est un peu plus rapide (12x) mais ça reste quand même assez lent dans l’absolu : une bonne douzaine de minutes dans les faits (12x, c’est 1,8 Mo/s).
Ça n’a pas marché
Je pourrais ironiser sur les formats propriétaires de Sony, car ils sont nombreux. Mais le DDCD devait au départ être un standard, que personne n’a suivi. C’est en partie liée à l’époque : les CD-R classiques de 80 minutes/800 Mo étaient très populaires et les DVD-R arrivaient avec une capacité de 4,7 Go/ Ils étaient certes plus onéreux, mais (un peu) plus future proof. Même si les DDC avaient l’avantage d’un prix assez faible, la compatibilité était vraiment trop limitée pour créer un marché. Donc 20 ans plus tard, c’est surtout une curiosité dans la liste des formats Sony bizarres.
Vu les dates et les capacités, était-ce un format parallèle au format GDROM de la Dreamcast (https://fr.wikipedia.org/wiki/GD-ROM) ? Ou bien était-ce le même format sous un nom différent ?
Je ne sais pas vraiment. Ce n’est probablement pas du GD-ROM, la capacité n’est pas la même, mais je sais que certains tentent d’utiliser ce type de graveur pou du GD-ROM