Le code SPARS des CD : DAD, AAD ou DDD ?

Le post du premier avril était évidemment une blague : le CD Get a Grip d’Aerosmith n’est pas analogique. Mais une partie du sujet était vraie : le CD est bien noté AAA. C’est une erreur ou une blague à l’époque sur le code SPARS.

Mais le code SPARS, c’est quoi ? Un indicateur porté par la Society of Professional Audio Recording Services (SPARS), lancé en 1984. Il a été employé assez intensivement sur les CD (mais pas que) dans les années 80 et 90. C’est globalement obsolète en 2023 (et dans les années 2000 en général) pour une bonne raison : tout se fait en numérique depuis un bail, et les gens ont plus ou moins compris que l’opposition entre analogique et numérique n’a pas tellement de sens (même si tout le monde n’a pas assimilé ça).

Le code comprend trois lettres, qui peuvent être A (pour analogique) ou D (pour digital, numérique en français). Si vous connaissez le binaire, vous savez qu’il y a donc huit possibilités. Mais comme le code SPARS vise en théorie les CD, il y a quatre possibilités sur les huit qui sont normalement inapplicables (ce n’est pas tout à fait le cas, je vais en parler).

Un CD AAA

La première lettre indique le type d’enregistrement. Sauf cas particulier, c’est assez simple : tout ce qui date d’avant les années 80 est probablement enregistré en analogique, donc c’est un A. Pour les enregistrements des années 80, il y a du numérique (D) ou de l’analogique. Ensuite, c’est majoritairement du numérique. Il y a quelques exceptions : on trouve de temps en temps des enregistrements numériques qui datent des années septante, avec des technologies bizarres. Globalement, il y a eu de nombreux enregistrements numériques avant la sortie du CD, mais qui ont été distribués en analogique, assez logiquement.

La seconde lettre indique le type de matériel utilisé pour le mixage. C’est globalement la même chose : A avant les années 80, A ou D dans les années 80, généralement D après.

La dernière indique le type de master. Sur un CD, de façon logique, c’est normalement uniquement du numérique, donc un D.

Les cas particuliers

En théorie, on a donc quatre possibilités : AAD, ADD, DAD et DDD. D’un point de vue purement pragmatique, le DAD est peut-être moins bon, vu qu’il passe par deux conversions au moins. Dans les faits, c’est un peu plus compliqué, le DDD n’est pas un gage de qualité dans l’absolu, juste une indication sur le fait que l’ensemble a été traité en numérique. Et ça n’indique rien de particulier : les enregistrements numériques des années septante, par exemple, n’étaient pas en 44,1 kHz/16 bits et la conversion du numérique vers le numérique pouvait poser des soucis. De même certains enregistrements analogiques étaient meilleurs que ce que permettaient les premiers enregistreurs numériques.

Il y a surtout des cas particuliers. Premièrement, des CD avec plusieurs codes, selon les pistes. Il y a des albums techniquement en DD, sans mixage particuliers, et au moins un CD noté AAA, soit par erreur soit comme une blague. Il y a surtout des codes qui terminent en A sur des cassettes ou des vinyles, car des sociétés reprennent le code pour autre chose que des CD.

Un DD

Rykodisc, par exemple, a mis des logos AAA sur des cassettes, comme cette version de Space Oditty.

Un autre cas particulier est l’album Dick Hyman Plays Fats Waller. Il a été enregistré en direct sur le CD de référence, sans mixage, et est donc techniquement uniquement D.

Un CD D

Dernier point, les vinyls actuels devraient généralement porter un code DDD. Et ce n’est pas une erreur : beaucoup de disques sont enregistrés en numérique, mixés en numérique et se basent sur un master en numérique. La partie analogique n’arrive qu’au moment du transfert sur le vinyle, et le code SPARS n’est pas adapté à ce cas de figure…