De temps en temps, j’aime parler des LaserDisc un peu atypiques, avec des fonctions bizarres… ou des erreurs. C’est le cas des OAV de Gunbuster : les LaserDisc japonais sont encodés avec un compteur calé sur 30 images/s alors qu’il devrait être sur 24 images/s.
Le LaserDisc est un format un peu atypique : l’image est analogique, mais une partie des données est « numérique » (si on considère que du télétexte est numérique). Et il est possible que cette partie numérique contienne des erreurs, ce qui peut impliquer un souci sur les images. C’est le cas dans l’exemple du jour : les données liées aux images peuvent être mal encodées, par erreur.
Posons les bases, en prenant le cas des LaserDisc NTSC (je ne sais pas si le problème existe en PAL). Un LaserDisc contient un signal NTSC à 60 images/s (59,94 images/s, mais c’est négligeable ici). On a donc 60 demi-images (je vais écrire field dans la suite), plus exactement : il s’agit d’un signal composite entrelacé.
Dans le monde du cinéma, c’est un peu différent : on travaille depuis un moment à 24 images/s. La conversion vers les 60 fps d’un signal NTSC entrelacé nécessite donc une technique qu’on nomme le 3:2 pull down. En PAL, on a 50 demi-images/s et donc la conversion passe par une technique plus simple : une accélération de 24 à 25 images/s. C’est ici que le problème de mastering arrive. Dans un LaserDisc bien fait, il y a un compteur de frames (images) qui est synchronisé sur le nombre d’images par seconde du film : 24. En théorie, on a donc un compteur qui va s’incrémenter 24 fois par seconde, même si le disque contient physiquement 60 field. D’un point de vue pratique, c’est assez simple : un marqueur placé dans les parties invisibles de l’image va permettre d’exclure certains field.
Si vous prenez un LaserDisc de type CAV bien encodé – ou chaque image est stockée dans une rotation du disque -, c’est bien visible : on a un compteur sur 24 images par seconde. Et chaque arrêt sur image est propre et net, parce que le lecteur affiche la même image complète en boucle. Dans un disque CAV, pour faire simple, une image est enregistrée sur un tour complet du disque (une rotation), donc le lecteur peut tourner en boucle sur la même image.
Maintenant, prenons un LaserDisc mal encodé. J’ai pris le cas des OAV de Gunbuster, mais on peut en trouver d’autres (Empire of the Sun, la première édition américaine de La Petite Sirène, etc.). Dans ces disques, le compteur d’images n’est pas calé sur les 24 images/s d’origine, mais sur les 30 images (complètes) du LaserDisc. Au premier abord, ça ne change pas grand chose : le compteur est un peu plus rapide, mais c’est tout. Mais en réalité, ça casse une fonction des LaserDisc : l’arrêt sur image.
Il faut comprendre le 2:3 pull down (la technique utilisée en vidéo, qui fait en pratique 2:3:2:3). Pour afficher les 24 images/s dans 60 field, il faut en doubler certaines. L’image 1 va être affichée sur les field 1A et 1B. L’image 2 va être affichée pendant trois field : 2A, 2B, 3A (2A et 3A sont identiques). L’image 3 va être affichée pendant deux field (3B, 4A). L’image 4 est affichée pendant trois field (4B, 5A, 5B) avec deux field identiques (4B et 5B). On a donc 4 images encodées dans 10 field. J’ai essayé d’être clair, mais il y a des explications plus précises dans ce vieux sujet sur un groupe.
Dans un LaserDisc bien conçu, le compteur est calé pour afficher 1A et 1B, 2A et 2B, 3B et 4A puis 5A et 5B (en zappant 3A et 4B, donc). Dans un LaserDisc mal encodé, on va avoir 1A et 1B (c’est OK), 2A et 2B (c’est OK), 3A et 3B (ce n’est pas OK), 4A et 4B (ce n’est pas OK) et enfin 5A et 5B (c’est OK). Que se passe-t-il dans les cas ou « ce n’est pas OK » ? Un décalage très visible dans l’arrêt sur image. C’est invisible à la lecture dans la majorité des cas, mais pas du tout pour les adeptes des captures, donc. J’ai pris trois captures de Gunbuster pour le montrer : on a un effet fantôme, qui provient du fait qu’on a deux field qui ne devraient pas être associées.
Est-ce grave ? Probablement pas… sauf pour ceux qui tentent de calculer la durée maximale en prenant en compte le compteur (et en assumant qu’il fonctionne à 24 images/s) ou ceux qui aiment les captures au niveau du lecteur, donc.