Test d’une carte SDHC TransferJet : c’était bien une mauvaise idée

Il n’y a pas si longtemps (vers 2014), Toshiba et Sony mettaient en avant une technologie qui semblait intéressante sur le papier : TransferJet. Et en plus des adaptateurs pour les appareils mobiles et les smartphones, ils avaient sortis des cartes mémoire compatibles. Je vais en parler dans une (nouvelle) série d’articles, avec pour commencer une carte SDHC de 16 Go.

TransferJet, c’est une technologie sans fil à courte portée lancée il y a une petite dizaine d’années, avec des débits théoriques assez élevés (560 Mb/s, ce qui est correct pour 2014). J’avais testé des adaptateurs USB et Lightning en 2020, avec des résultats pas très convaincants : il faut des dongles, c’est assez lent (moins de 10 Mo/s en pratique, donc moins de 80 Mb/s sur les 560 Mb/s théoriques) et les différentes applications de l’époque étaient franchement légères.

La carte SD (référence SD-TJA016G)


Une carte basique

La carte SDHC de Toshiba doit régler en partie les soucis sur le papier : la technologie est intégrée dans la carte, et ça doit transférer « seul ». Avant de parler des fonctions TransferJet, un mot sur la carte : c’est une carte SDHC classique de 16 Go, annoncée comme Class 10 (10 Mo/s au moins en écriture) et assez lente. J’ai obtenu 23 Mo/s en lecture et à peine 11 Mo/s en écriture au mieux, donc ce n’est pas glorieux et elle emploie la version de base de la norme. On peut aussi noter que le communiqué de presse de l’époque (2015) montre un appareil photo qui n’accepte pas les cartes SD.

La carte est lente


Le Nikon en question n’utilise pas de cartes SD (je crois)

TransferJet

J’ai commencé par regarder ce qu’il était possible de configurer, mais le site dédié de Toshiba n’existe plus depuis environ 2020. Après quelques recherches, je suis tombé sur la mise à jour de firmware (nécessaire) et le logiciel de configuration. La mise à jour nécessite Windows et un peu de temps : il faut insérer la carte dans un lecteur, attendre, la retirer, la remettre, attendre (et recommencer plusieurs fois). Le programme de configuration, lui, est dans la même veine : il faut mettre la carte dans le lecteur, attendre, l’enlever, attendre, et il va créer les fichiers de configuration. Si vous avez un dongle Windows, les pilotes sont là.

La mise à jour (quelques étapes)





Les options sont peu nombreuses : on peut activer TransferJet, régler la veille (5 minutes par défaut), forcer l’envoi en lot (par défaut), ajouter des dossiers au transfert automatique (par défaut, il y a /DCIM, /MP_ROOT (pour les vidéos) et /PRIVATE/AVCHD/BDMV/STREAM pour les vidéos en AVCHD. On peut ajouter manuellement d’autres dossiers. Enfin, la dernière option est liée à un truc qui m’a bloqué : la sélection des fichiers. Par défaut, en effet, il faut sélectionner depuis l’appareil photo les images à transférer.

Le programme de réglages (quelques étapes)




On peut la réinitialiser


Les différentes options

Le manuel de ma carte était en japonais, donc j’ai d’abord cherché le manuel en anglais, et celui sur ManualsLib a un défaut : il n’explique pas comment sélectionner les fichiers. Celui sur ce site, lui, l’explique : par défaut, il faut indiquer à la carte que les images doivent être transférées. Et la solution est le DPOF (Digital Print Order Format). J’en avais parlé en 2021, c’est une vieille technologie qui permet d’indiquer à une imprimante (par exemple) les fichiers à imprimer. Toshiba le détourne pour les transferts, du coup. En gros, on doit manuellement sélectionner les fichiers sur l’appareil photo, et un fichier texte standardisé contient la liste.

La carte et deux dongles

Avant de continuer, un mot sur le fonctionnement, même si je ne suis pas allé très loin sur ce point : il y a probablement une distribution GNU/Linux basique dans la carte elle-même, qui va lire les fichiers pour lancer les transferts. Pour que ça fonctionne, il faut donc que la carte soit alimentée (par un appareil photo, un lecteur de cartes, etc.) et attendre un peu (10 à 20 secondes). Le logiciel interne lit les paramètres depuis des fichiers cachés, dans un dossier SD_TJET.

Pourquoi c’était une mauvaise idée

Le premier point, c’est que ce n’est pas pratique, même quand ça marche : par défaut, il faut donc sélectionner les images à transférer – ce qui est plutôt fastidieux, même si ça dépend des appareils photo -, et approcher l’appareil photo du récepteur. Du côté de l’ordinateur ou du smartphone, il faut avoir branché le récepteur, lancé un programme et éventuellement être en mode réception. Ensuite, si tout se passe bien, les images vont se transférer plus ou moins rapidement.

La carte est détectée


idem sous Windows

Maintenant, les soucis, dans le désordre. Premièrement, ça reste assez lent : de l’ordre de 6,5 Mo/s (à peu près 50 Mb/s, pour 560 Mb/s théoriques). Deuxièmement, ça ne fonctionne pas avec tous les appareils photo (dixit la documentation) et ce n’est pas pratique : l’appareil doit rester allumer pour alimenter la carte, donc ça peut planter s’il s’éteint pendant les transferts. Avec un PC de bureau, il faut des ports USB accessibles : le dongle est compact et la portée est faible. Avec un Mac mini et ses ports USB à l’arrière, c’était un peu embêtant.

Transfert en cours sous iOS

Troisièmement, surtout, c’est instable. J’ai eu des erreurs avec l’iPhone, des erreurs avec le PC, et parfois ça a planté pendant le transfert. Dans certains cas, ça n’a pas démarré, dans d’autres j’ai eu une erreur directement, ou un transfert bloqué. J’ai aussi eu des fichiers en double sans trop de raisons, et des blocages qui m’ont obligé à reformater la carte. Et quand c’est le cas, il faut (re)configurer la carte si vous voulez d’autres paramètres que ceux par défaut. Enfin, j’ai voulu tenter le transfert de fichiers qui ne sont pas des photos ou des vidéos, mais sans succès : mes fichiers de test ne se transféraient pas.

Une erreur sous Windows

Sur le coup, c’est encore plus instable sous iOS que sous Windows, entre la carte qui n’est pas détectée, les transferts qui plantent et les erreurs qui apparaissent dès que j’approche la carte. Je n’ai par exemple pas pu transférer de vidéos vers l’iPhone.

Une erreur sous iOS

Quand ça fonctionne, c’est amusant et efficace (même si lent) mais la valeur ajoutée par rapport à un transfert classique en branchant un câble ou en retirant la carte est faible. Les cartes SD Wi-Fi (chez Toshiba aussi) sont plus intéressantes sur ce point : on peut transférer à distance. Mais TransferJet nécessite d’être très proche, donc ça n’apporte pas grand chose à part le fait de ne pas brancher un câble. Enfin, on l’a vu au début, la carte mémoire elle-même est franchement lente. Tout ça pour dire que je comprends pourquoi ça n’a pas fonctionné commercialement à l’époque.