Test d’un écran OLED portable de chez Innocn

Il y a quelques mois, suite à une promotion, j’ai acheté un écran portable d’appoint. Plutôt que me tourner vers des modèles d’entrée de gamme en dalle IPS, j’ai choisi un modèle OLED compatible HDR (avec quelques limites), le 15A1F de chez Innocn. J’avais hésité avec le 16MR70 de chez LG (qui a une définition plus élevée) mais le Innocn était moins cher.

Dans les deux cas, c’est assez cher : comptez 300 à 350 € neuf, un peu moins avec les promotions (225 € pour l’Innocn). Mais c’est nettement mieux que les modèles d’entrée de gamme en IPS.

L’écran est brillant

L’Innocn, donc, est un modèle USB-C de 15,6 pouces en 1080p (c’est un peu léger) avec une dalle OLED correcte. C’est la même que les moniteurs d’Asus (bien plus onéreux) selon différents tests et c’est une bonne dalle. On a des noirs profonds, une bonne couverture du DCI-P3 et une luminosité correcte (400 cd/m²). La dalle est limitée à 60 Hz, mais ce n’est pas un énorme problème en pratique, sauf si vous avez vraiment l’habitude d’un moniteur plus rapide.

Ca donne bien sur un bureau, malgré les câbles latéraux visibles

D’un point de vue pratique, il y a des choses à noter quand même. Le moniteur est bien fini, mais la dalle est brillante, ce qui peut vite devenir énervant. Dans mon bureau, j’ai une lampe ronde au plafond et le reflet est très vite gênant. L’OSD de l’écran, comme souvent, est moyen : il vaut se déplacer avec deux boutons et valider avec le bouton qui sert aussi à retourner en arrière (pression longue) et à sortir de l’OSD (pression plus longue).

L’écran a deux entrées vidéo : une entrée USB-C qui peut alimenter le moniteur (la prise du milieu) et une entrée Mini HDMI. Pour l’utiliser en Mini HDMI, il faut l’alimenter en USB-C avec la seconde prise (celle du bas) et un chargeur fourni (30 W). Dans la boîte, on a trois câbles : un USB-C vers USB-C qui ne sert que pour la charge (uniquement USB 2.0), un USB-C vers USB-C pour les données et la vidéo et un HDMI vers Mini HDMI. C’est un peu bizarre de mettre deux câbles USB-C différents, et la différence n’est notée que sur un sticker. A l’usage, je me suis trompé plusieurs fois de câble, c’est vite énervant. Et le positionnement latéral n’est pas parfait : on a des câbles qui dépassent, parfois de façon disgracieuse.

Trois prises : Mini HDMI et USB-C (il ne faut pas se tromper)

Le moniteur est léger (706 grammes) et assez fin et la marque livre un pied assez pratique. J’avais testé un écran portable de ce type avec une sorte de protection qui sert de support (comme pour les iPad), ici c’est un pied qui se fixe magnétiquement sur le dos de l’écran. On peut donc l’incliner facilement et mettre le support à plat. Question consommation, ça reste assez mesuré, même en HDR (on en parle plus bas) : environ 6 W en moyenne à la prise, un peu plus de 7,5 W sur des scènes très lumineuses. Disons que je regrette l’absence d’une housse tout de même.

Le pied est efficace


Il se replie

Sur un Mac, le choix de la norme va dépendre un peu de votre appareil. Les Mac sortis ces dernières années supportent bien la vidéo en USB-C, mais il faudra tout de même passer en HDMI dans certains cas. Le cas typique est un Mac mini M1 : si vous avez un écran sur la prise USB-C/Thunderbolt (mon cas), vous ne pouvez mettre le second écran qu’en HDMI. C’est un point corrigé sur le Mac mini M2, par exemple : vous pouvez avoir deux moniteurs USB-C.

Dernier point, la définition. Le 1080p sur un écran de 15 pouces (141 ppp) est vraiment dans une zone gênante : le texte est souvent trop petit en définition native (sauf en s’approchant un peu trop près) mais la résolution est trop faible pour obtenir un bon résultat avec le redimensionnement de macOS. On ne peut pas travailler en 2x (la définition est trop faible) et tenter de forcer du pseudo 1 440 x 900 (par exemple) donne un résultat assez moyen. Il faudrait donc une définition moins élevée ou plus élevée (comme le LG 16MR70 cité plus haut, même si ce n’est pas parfait).

Les joies du HDR

La prise en charge du HDR sur les ordinateurs, c’est souvent compliqué. J’en avais un peu parlé avec un sujet sur l’iPad Pro, mais le comportement reste bizarre. Pour en profiter avec l’écran d’Innocn, il faut d’abord l’activer dans l’OSD, dans l’option HDR. Comme expliqué plus haut, l’OSD n’est pas pratique : il faut le lancer, se placer sur l’icône HDR et presser le bouton de sélection. L’icône ne change pas visuellement, mais ça fonctionne, et on peut le voir en changeant de menu…

Une option à cocher

Sous macOS Sonoma, dans Réglages Système -> Moniteurs, il faut activer Plage dynamique étendue. Le résultat, c’est une image un peu fade en temps normal, mais un effet HDR avec les programmes qui acceptent ça. Pour les images, il y a Pixelmator Pro par exemple. Attention, il faut mettre le programme sur l’écran HDR (si vous en avez d’autres) et ensuite activer le HDR dans Réglages -> Général -> Charger le contenu HDR. Ensuite, les images en HDR devraient se charger avec les métadonnées (par exemple des photos d’iPhone). C’est assez vite énervant quand on a un autre moniteur qui n’est pas HDR : on a un message demandant de déplacer la fenêtre.

Une case à cocher après avoir mis la fenêtre sur le bon écran

Ca fonctionne aussi avec Disney+ ou Netflix si vous avez l’abonnement idoine, ou avec YouTube. Le service de Google a l’avantage d’afficher quand le HDR est activé, ce qui peut aider à bien vérifier que ça fonctionne.

YouTube indique si le HDR est actif

Maintenant, est-ce que l’écran d’Innocn est un bon écran HDR ? Pas vraiment, mais je m’y attendais. En fait, la luminosité maximale est assez faible : 400 cd/m² (je n’ai pas de quoi le mesurer, mais les tests indiquent 375 cd/m² en pratique). C’est en partie lié à la dalle de PC portable employée, mais aussi au fait que c’est un écran portable qui doit être relié à une alimentation USB-C, un peu limitée en puissance. Visuellement, on voit donc qu’il y a du HDR, c’est très visible sur les photos d’iPhone, mais l’effet reste tout de même très limité.

Une photo prise en HDR, on voit (un peu) l’effet

Face à un iPad Pro M2 (12,9 pouces), c’est flagrant : le pic de luminosité est bien plus faible sur l’écran Innocn. Typiquement, les séries ou les films avec des éclairs dans le noir sont à la limite du supportable avec l’iPad Pro et parfaitement supportables avec l’écran Innocn. C’est donc plus un bon moyen de tester si le HDR fonctionne qu’un écran vraiment adapté à ce genre de contenus. Cette vidéo est d’ailleurs un bon exemple pour montrer l’intérêt du HDR, avec différents types d’effets.

Pour conclure, c’est un bon écran d’appoint, pour accompagner un PC portable compact ou pour avoir un second moniteur sur un bureau. Mais il a les défauts classiques des écrans portables : une définition trop élevée ou trop faible (selon le point de vue), une ergonomie parfois moyenne (les câbles qui dépassent sur le côté, l’absence de housse, l’OSD) et des performances contraintes par la consommation. Malgré tout, le fait d’avoir une dalle OLED avec du HDR (même si le rendu est limité) est tout de même intéressant. Reste que je vous conseille quand même d’attendre une promotion, le prix public reste un peu élevé pour moi.