Les cartes UFS de Samsung, un format mort-né et inutile

Je parlais il y a quelques jours des NM Card, un format de cartes mémoire propriétaire, mais il existe un autre format encore plus rare et encore plus propriétaire (oui, la formulation est bizarre) : l’UFS de Samsung, lancé vers 2018. Les cartes sont rares, les appareils capables de les lire encore plus.

Une carte UFS de 128 Go

L’idée est à peu près la même que les NM Card : reprendre un protocole employé en interne pour en faire une version externe. Les cartes NM sont des cartes eMMC, les cartes UFS sont des cartes… UFS. L’Universal Flash Storage est le standard qui est employé dans pas mal de smartphones Android (Apple passe par du PCI-Express en NVMe) pour le stockage interne. Les cartes UFS reprennent la version 2.0 de la norme, qui permet un débit de 600 Mo/s.

Physiquement, les cartes reprennent le format des cartes microSD avec juste une petite encoche dans un coin. Mais le brochage, lui, est totalement différent et les contacts ne sont pas placés au même endroit. Je suppose que l’idée était peut-être de proposer des cartes avec les deux interfaces, mais en pratique ce n’est pas le cas avec les cartes de Samsung : elles ne fonctionnent pas dans un lecteur de cartes microSD.

Les cartes sont très proches, mais il y a une petite différence en bas à gauche


Le brochage n’est pas du tout le même

Une compatibilité très faible

Trouver une carte, ce n’est pas (trop) compliqué : Samsung en a vendu il y a quelques années et on peut en dénicher sur eBay, par exemple. Mais trouver un lecteur, c’est un défi. Acasis en a proposé un, tout comme Innotech et Roipple, mais les trois sont pratiquement introuvables. Après pas mal de recherches, j’ai finalement commandé un modèle Innotech en Corée du Sud. Les lecteurs se basent sur la même puce JMicron, la JMS901, et elle offre des performances correctes, nous allons le voir. En dehors des rares lecteurs USB, il n’y a pas de smartphones compatibles à ma connaissance (ce qui est un peu dommage) et seulement quelques PC portables Samsung (il y a une liste dans les spécifications) et aussi visiblement quelques PC portables LG Gram.

Une rallonge USB-A pour un lecteur USB-C, une boîte de cartes SD, des coques en rab’. WTF ?


La carte s’insère dans le corps

Petit aparté rapide sur le lecteur : le vendeur m’avait demandé la couleur que je voulais, et j’ai reçu un lecteur mais aussi deux autres morceaux de coque colorés, une rallonge USB-A (?) et une boîte pour ranger les cartes SD (?). Le lecteur est USB-C (5 Gb/s) et les cartes s’insèrent au-dessus de la prise. Il lit les cartes UFS mais aussi les cartes microSD classiques. Pour les performances en UFS, on est un peu en-dessous de la théorie : Samsung annonce 500 Mo/s en lecture et 200 Mo/s en lecture pour une carte de 128 Go et j’ai atteint 405 Mo/s et 195 Mo/s sur un Mac mini 2018 avec un contrôleur USB Intel. Mais en USB à 5 Gb/s, les 500 Mo/s théoriques sont impossible à atteindre, étant donné un débit pratique de ~440 Mo/s dans le meilleur des cas. Sur un Mac Apple Silicon, vous serez probablement un peu en-dessous, d’ailleurs. Les performances sur les accès aléatoires sont assez bonnes, avec 16 Mo/s, largement plus que ce que les cartes SD classiques proposent.

Avec la carte UFS, c’est rapide

Sur une carte microSD rapide, le lecteur est visiblement uniquement en mode UHS-I et offre des performances correctes, sans plus. Typiquement, un lecteur Sandisk overclocké sera plus rapide.

Avec une carte microSD correcte, c’est classique

Pour conclure, c’est un format de cartes mémoire mort-né, qui n’a pratiquement jamais été utilisé et qui n’apporte finalement pas grand chose. En théorie, c’est plus rapide – même si les cartes microSD UHS-III peuvent atteindre des débits équivalents sur le papier – mais en pratique, on n’est pas dans un domaine où les débits importants sont nécessaires. Outre le fait que les smartphones ont largement abandonné les cartes mémoire, elles servent dans la majorité des cas pour de la musique ou des photos, donc pas des cas où il faut écrire à 200 Mo/s. Et j’ai tendance à penser que le format (micro)SD Express, qui reprend un peu l’idée des cartes UFS, va se retrouver dans le même cas. Mais on en parlera peut-être plus tard…

Pour terminer, un truc qui montre que Samsung n’avais pas d’arguments : sur la page des cartes (encore en ligne), on apprend qu’elles résistent aux rayons X, à l’eau, aux champs magnétiques et aux variations de températures… comme toutes les cartes mémoire à base de mémoire flash depuis une bonne trentaine d’années.