La LaserDisc NTSC le plus long

La LaserDisc est un format un peu particulier, parfois mal compris. Et la question du LaserDisc le plus long (sur une face) est intéressante. En NTSC, le maximum connu est de 62 minutes et 54 secondes sur une face.

La LaserDisc en question n’est pas un film, mais une (mauvaise) compilation pour du karaoké avec des filles dans des endroits paradisiaques : Top Hits English Songs 24.

La pochette donne le ton


123 minutes sur deux faces

Les LaserDisc sont fondamentalement analogiques, et il ne faut donc pas raisonner en termes de capacité pour les disques, mais bien en durée. Dans un disque en technologie CAV, celle qui donne la meilleure qualité d’image, la vitesse de rotation est fixe (1 800 tpm en NTSC). Il y a une image par rotation et la durée maximale est fixe aussi : on peut avoir 54 000 images par disque (le LaserDisc contient une image composite entrelacée). A 30 images/s en NTSC (29,97 en réalité), on a donc à peu près 30 minutes sur un disque.

Pour stocker plus de données, les créateurs ont donc développé le mode CLV et le mode CAA, qui sont très proches. En CLV, l’idée est la même que pour les CD Audio : travailler avec une vitesse de rotation variable, de 1 800 tpm à 300 tpm en NTSC. Cette solution permet de stocker plus d’informations sur les pistes, avec une limite communément admise de 60 minutes. Cette solution a quelques défauts mais comme elle permet de stocker à peu près deux fois plus d’informations, elle est courante. Pour les films qui faisaient souvent moins de deux heures dans les années 80, le CLV évitait de devoir fabriquer un disque de plus. Et parfois certains trichaient pour faire rentrer les disques, en accélérant un peu la cadence ou en coupant les crédits.

Le premier défaut, c’est l’absence d’arrêt sur image propre. En CAV, on a une image par rotation, donc on peut mettre en pause et avoir une image parfaitement propre. En CLV on a plus qu’une image par rotation, donc un décalage éventuel, sauf sur les dernières générations de lecteurs avec une mémoire tampon numérique (qui amène d’autres soucis). On a aussi éventuellement du crosstalk, c’est-à-dire des informations récupérées sur la piste adjacente par erreur (en simplifiant).

Le troisième mode, le CAA, est très proche. La vitesse de rotation est variable, mais avec des plateaux prédéfinis. Plutôt qu’une vitesse de rotation qui diminue de façon linéaire, on a donc différentes zones à une vitesse de rotation précise. La page Wikipedia explique qu’il existe différents modes CAA, avec 45, 55, 60, 65 et même en théorie 70 minutes sur un disque. Dans la pratique, de ce que j’ai vu, le CAA70 n’a pas été utilisé et le CAA65 est rare : la majorité des disques ne dépasse pas 60 minutes et 5 secondes (la limite du CAA60).

62 minutes et 54 secondes

Le LaserDisc le plus long, donc, serait cette compilation du début des années nonante, avec 62 minutes et 54 secondes. De façon un peu étonnante, ce post de forum explique que le disque n’est pas en CAA mais bien en CLV pur, donc qu’il pousse les limites au maximum. On trouve une copie sur Internet Archive, obtenue à partir du contenu brut du disque. J’ai fait une capture vidéo (en composite) pour montrer le compteur avec le temps de lecture.

62:45 annoncés


On s’en approche


On est au bout

Il est possible que l’on découvre un jour un LaserDisc NTSC plus long, les LaserDisc ont parfois été fabriqués dans de (très) petites séries et ils ne sont pas nécessairement tous documentés. En PAL, j’en parlerais peut-être un jour, la limite est un peu plus élevée. C’est essentiellement dû au fait que les disques tournent moins rapidement dans nos contrées (1 500 tpm).