Les DVD avec de l’audio Hi-Res, j’en avais parlé il y a très longtemps. Depuis, j’en ai récupéré deux issus de deux collections intéressantes.
Pour commencer, un avis purement personnel : c’est un peu du bullshit. La première série de disques, DAD 24-96, date de la fin des années 90 et du début des années 2000 (le plus récent des disques date de 2002). Si l’intérêt d’encoder de la musique avec une fréquence d’échantillonnage de 96 kHz et une quantification sur 24 bits est déjà critiquable à notre époque, c’était totalement inutile il y a 25 ans.
A master identique, les quelques essais en double aveugle que j’ai pu lire au fil des années montrent que différencier du 44,1 kHz/16 bits (le format CD) et du 96 kHz/24 bits est totalement illusoire. Et pour une bonne raison : trouver une personne capable d’entendre au-delà de 20 kHz est une gageure, et encore plus chez les audiophiles qui sont en général des blanc riches d’un certain âge. Et ça, c’est en partant du principe que vous avez du matériel moderne capable d’atteindre les fréquences en question.
Les DVD que j’ai testé date d’il y a 25 ans, à une époque ou la matériel n’est tout simplement pas adapté. Techniquement, un lecteur de DVD classique va décoder du LPCM en 96 kHz/24 bits, mais le DAC intégré ne va probablement pas dépasser 48 kHz en sortie sur ses prises RCA. Et il n’y avait pas à l’époque de liaisons numériques capables de traiter ce débit : le S/PDIF peut en théorie le faire, mais c’est plutôt rare, et il n’y avait pas de sorties HDMI à l’époque. Donc sur du matériel d’époque, l’argument du Hi-Res était totalement illusoire.
Le premier disque
Le premier disque est all in one day de Lorna Hunt. Il existe visiblement aussi en CD et le DVD contient toutes les pistes en 96 kHz/24 bits. Un sticker précise bien qu’il faut un lecteur de DVD (vidéo) et donne quelques explications sur le traitement.
J’ai encodé les pistes en ALAC avec DVD Audio Extractor et donc on a bien du LPCM. Dans un DVD Video, le débit reste limité par la norme : un lecteur doit lire les disques à 10,5 Mb/s mais la partie audio ne peut pas dépasser 6,1 Mb/s. Dans la pratique, on ne peut donc pas dépasser le 96 kHz / 24 bits en stéréo, soit un débit de 4,6 Mb/s en pratique. J’ai vérifié rapidement aussi un truc bête : est-ce qu’il y a de l’audio au-delà de 22 kHz ? La réponse est oui, ce n’est pas comme pour un disque « MVI » où le 96 kHz / 24 bits était clairement du 44,1 kHz.
Ce n’est pas systématique et il n’y a pas grand chose au-delà de 22 kHz, mais l’analyse du spectre montre qu’il y a quand même de l’audio qui dépasse largement 22 et même 24 kHz, ce qui implique qu’on a donc probablement bien un enregistrement avec une fréquence d’échantillonage de 96 kHz. Ça n’implique pas que c’est audible, mais les données sont présentes.
Le second disque, un hybride
Le second disque fait partie d’une collection un peu plus récente, avec des disques hybrides. Il s’agit d’un Requiem de Berlioz. On a une face avec un DVD vidéo et le même genre de contenu que le premier, soit du LPCM en stéréo avec une fréquence d’échantillonnage de 96 kHz et une quantification sur 24 bits. Sur la seconde face, c’est un DVD Audio. Il s’agit d’un format du début des années 2000 pensé pour l’audio, très performant. Le problème expliqué plus haut sur les DVD est moins important ici, étant donné que les lecteurs de DVD Audio sont pensés pour gérer les fréquences élevées par exemple.
Sur la partie DVD vidéo, c’est simple : les analyses de spectre montrent que même si la fréquence d’échantillonnage est élevée, la partie audio n’en profite absolument pas. C’est largement sous les 20 kHz dans ce que j’ai vu. Sur la première piste, c’est flagrant, avec juste une pointe vers 30 kHz qui a priori un artefact audio.
La partie DVD Audio monte à 192 kHz (toujours en 24 bits) avec exactement le même résultat. On peut noter que la partie DVD Audio n’a pas de DRM, VLC peut lire le contenu.
Il y a un second disque fourni, qui contient une version sur plusieurs canaux. Sur la face DVD vidéo, ce n’est pas du LPCM, mais du simple AC-3 sur quatre canaux (4.0) à 448 kb/s avec une fréquence d’échantillonnage de 48 kHz. Pour le DVD Audio, c’est encodé en MLP (le codec de la norme) sur quatre canaux (4.0) en 24 bits / 96 kHz. Ce n’est pas du 192 kHz pour des questions de débits sur les DVD.
Sur le papier, la présence d’une face DVD Audio rend la solution un peu plus intéressante : on peut supposer que le matériel est plus adapté au l’audio Hi-Res. Mais dans la pratique, ça ne change rien au problème, spécialement dans le cas de ce disque : vous n’entendrez pas ce qu’il y a au-dessus de 20 kHz (et c’est optimiste) et de toute façon, il n’y a rien au-dessus de 20 kHz dans le cas présent.
Bien évidemment, vous pouvez ne pas être d’accord avec moi, et penser que je n’avais pas les bons câbles audio (ni de SSD idiophile). Mais de façon très pragmatique, c’est au mieux un argument de vente sans intérêt. Parce qu’il faut le dire une troisième fois : vous n’entendrez pas ce qui dépasse 20 kHz (même si votre matériel peut le reproduire, ce qui n’est pas une évidence) et un des deux disques ne contient littéralement rien au-delà de 20 kHz. Ou plus simplement, vous entendrez la même chose avec la fréquence d’échantillonnage de 44,1 kHz des CD.
Bonjour,
Permettez-moi de ne pas être d’accord sur le raisonnement.
Un échantillonnage au delà de 44 kHz ne sert pas que pour avoir des fréquences audibles supérieures à 22 kHz, qui n’apportent quasiment rien à l’écoute.
Je dirai même plus, toute fréquence supérieure à 20 kHz n’apporte que des distorsions sur les mécanismes de reproduction (essentiellement les haut-parleurs, mais aussi l’électronique).
Un bon technicien du son doit positionner un filtre passe-bas éliminant ces fréquences sources, qui soit le moins agressif possible et respecte la phase.
Mais où est le bénéfice, alors ?
Dans le fait que les équipements électroniques, comme les lecteurs, les puces de conversion numérique vers analogiques, etc sont générateurs de fluctuations d’horloge (le jitter). Et l’oreille normal d’un jeune, comme d’un vieux qui ne perçoit plus au delà de 14 kHz (comme moi) est quand même sensible à ces variations.
Et mathématiquement, un doublement de la fréquence va diminuer par deux les fluctuations (et à 192 kHz, une division par 4).
Le grand souci avec l’électronique qui doit convertir du numérique en analogique (seul moyen pour nous autres êtres humains d’écouter) ets de partir du théorème de Shanon et de supposer que l’électronique est parfaite.
Si le rendu audio est vraiment différent entre deux dispositifs ayant les mêmes fonctions, c’est bien dû aux composants de conversion.
Exemple personnel :
Le même CD donne une impression d’espace, que les instruments de l’orchestre sont bien mieux répartis sur mon lecteur de CD 723 Philips, le lecteur DVD-575-A Pioneer est encore agréable, mais moins défini et enfin le lecteur Blu-Ray BDP-S590 SONY est le moins détaillé.
Et ceci pour ma femme et moi (64 et 65 ans) comme pour nos filles et leurs compagnons (de 26 à 39 ans).
Rappel :
Le Philips CD 723 fait du CD 44 KHz en 16 bits
Le Pioneer DVD-575-A fait du SACD (DSD 64) et du DVD-A (192 kHz / 24 bits en 2.0)
Le SONY BDP-S590 fait du SACD (DSD 64) et du Blu-ray Audio HFPA (192 kHz /24 bits)
Pour expliquer l’importance du jitter et de la phase :
Le repérage sonore est important dans la musique instrumentale, ou le chant, pour avoir une sensation de son cohérent.
Pour focaliser sur un espace sonore, le cerveau utilise 3 informations que lui donne le système auditif lorsque la tête ne vise pas la source sonore :
– la différence de temps interaural (entre les deux oreilles)
– le déphasage
– l’atténuation des fréquences aiguës entre les deux oreilles.
Il est admis que la meilleure résolution possible pour l’homme est de 6 degrés, ce qui donne une distance minimale de 1,8 cm pour une distance entre les deux tympans de 17 cm. Soit à la vitesse du son de 340 m/s, une différence de temps de 53 micro-secondes.
Si il y a une variation de fréquence de 5%, un son à 500 Hz aura un décalage de 100 micro-secondes. Donc bien audible, le son sera localisé 10 degrés plus loin.
En équivalence de transport de l’onde sonore, pour respecter les 53 micro-secondes, il faut un dispositif qui soit linéaire jusqu’à au moins 1 / 53µs, soit 18800 Hz.
Il faut donc que cette onde de 500 Hertz soit transmise par un dispositif qui ait cette bande passante de 18800 Hz. (oui, je sais, ce n’est pas facile à expliquer, donc encore moins à comprendre). Donc, un dispositif qui passe du 96 kHz respectera bien mieux une onde (sans la déphaser) qu’un dispositif limité à 44 kHz, où les déphasages apparaissent dès les 16 kHz.
Les caractérisations des équipements audio sont faites sur le spectre sonore (de 20Hz à 20 kHz), comme si nous n’avions qu’une oreille, car c’est le plus facile à mesurer, alors que l’usage des deux oreilles est bien importante pour que nous reconnaissions un ensemble sonore cohérent, confortable pour le cerveau.
Conclusion :
Ce n’est pas parce que l’oreille est limitée dans le spectre sonore qu’il faut se limiter à 20 kHz, il faut prendre en compte la réception des deux oreilles et donc des dispositifs qui sont linéaire en phase et en volume jusqu’à 20 kHz.
Petite anecdote :
Lors des premières présentations des CD Audio en 1983, Philips sort un lecteur CD 14 bits, mais avec un quadruple sur-échantillonnage (176,4 kHz) et SONY en 16 bits à 44,1 kHz.
– Le son du Philps est tout à fait correct, les écoutes dans l’auditorium permettent de reconstituer l’orchestre en fermant les yeux.
– Le son du SONY est déroutant, en fonction de la hauteur du son, les instruments semblent changer de place, un riff sur une guitare donne l’impression que la guitare tourne sur place.
L’explication : le lecteur Philps a un filtre lent vers les 30 kHz (12 dB / octave), le SONY un filtre du 18ème degré à 20 kHZ. Ce qui fait qu’entre 2 kHz et 20 kHz, la phase a tourné 16 fois !
En mesure d’amplitude, les deux lecteurs donnent à peu prés les mêmes résultats. Pas vraiment pour le respect de la phase …