Test de la manette Xbox Adaptive avec les produits Apple

La manette Xbox Adaptive de Microsoft, c’est un produit assez particulier : c’est une manette pensée pour les personnes avec un handicap, qui est surtout extrêmement modulaire. Elle date de 2018, et si elle est pensée pour les Xbox, elle fonctionne bien sur les PC sous Windows… et avec les produits Apple.

Bon, je vais commencer par un point : je n’ai pas de handicap. Je ne suis pas la cible principale de cette manette, mais je trouve le produit intéressant pour son côté modulaire.

La manette de Microsoft

Il y a plusieurs choses à dire sur le produit, et je vais commencer par la manette elle-même. Elle est vendue 90 € et se trouve relativement facilement : on peut l’acheter chez Microsoft et de temps en temps chez d’autres revendeurs. La boîte a été pensée pour s’ouvrir facilement, et au premier abord, elle ressemble un peu à une grosse manette de NES (292 x 130 mm tout de même) : on a une croix directionnelle imposante et deux énorme boutons A et B. Elle est compatible avec tous les produits Apple depuis un moment, et elle est reconnue comme une manette classique. La synchronisation est simple : il faut l’allumer avec le bouton Xbox et ensuite presser le bouton de syncronisation placé à l’arrière quelques secondes. macOS, iOS et les autres devraient voir la manette (en Bluetooth).

Avant de passer à la configuration, quelques points à noter. La manette dispose d’une batterie intégrée qui peut se recharger en USB-C (un câble USB-C vers USB-A plutôt long est fourni) ou avec une prise barrel classique. Il faut un adaptateur secteur capable de fournir 5 V et 2 A, avec le positif au centre, ce qui se trouve assez facilement. Plusieurs fonctions ne sont pas disponibles avec les appareils Apple, comme toujours avec les produits Xbox. Le premier est la sortie audio, elle ne fonctionne qu’avec une console Xbox ou un PC. Le second vient de la connexion filaire : Apple a ajouté la prise en charge des manettes Xbox en filaire avec Sequoia, mais ça ne fonctionne pas avec cette manette précise et la seule solution est le Bluetooth. Enfin, la manette ne vibre pas, même si elle remonte l’information au système d’exploitation.

Il y a un point à prendre en compte qui n’est pas nécessairement bloquant : vous aurez besoin d’une console ou d’un PC sous Windows 10 (au moins) pour mettre à jour le firmware de la manette. C’est important pour certaines fonctions dont je vais parler et ma manette achetée début 2024 est arrivée avec un vieux firmware. On peut parfaitement faire la mise à jour dans une machine virtuelle, si vous n’avez pas de PC sous la main.

Les boutons et autres accessoires

De base, la manette n’a que peu de boutons. C’est certes suffisant pour jouer à la NES ou au Game Boy, mais c’est à peu près tout. l’idée de Microsoft est intéressante : à l’arrière de la manette, il y a des prises jack qui permettent de connecter des accessoires pour chaque fonction d’une manette Xbox. On a A, B, X, Y, les boutons des sticks analogiques, les boutons des gâchettes, les gâchettes, les boutons de menus, les quatre directions et des sticks analogiques en format jack (X1 et X2).

C’est une solution pratique et en même temps singulièrement limitée, parce que Microsoft ne livre pas de boutons. Il existe de nombreux fabricants de boutons pour trouver votre bonheur (et ce qui est adapté à un handicap précis) mais ce qui est mis en avant est le kit de Logitech. La versions pour Xbox vaut 100 € et contient quatre petits boutons tactiles avec une pression légère pour l’activation, trois petits boutons à presser (35 mm de diamètre), trois gros boutons (65 mm) et deux gâchettes variables… ce qui n’est pas suffisant. Si par exemple vous voulez les quatre boutons principaux de la console, vous ne pourrez pas avoir les quatre directions en même temps (sauf à utiliser la croix intégrée). Le kit de Logitech n’est pas assez complet pour être vraiment pratique, en réalité, et la version destinée à la manette PlayStation Access est encore pire. Elle est un peu moins onéreuse (80 €) mais il n’y a que deux boutons de chaque type.

Petite astuce importante : les deux kits sont compatibles avec les deux manettes (Xbox ou PlayStation). Il n’y a que deux différences : moins de boutons dans la boîte de la version PlayStation, et un marquage différent. Ce sont simplement des stickers qui reprennent les noms des boutons en fonction des consoles, donc ce n’est pas un énorme problème dans l’absolu.

Pour le reste, les boutons de Logitech restent assez pratiques : les câbles sont longs (2 mètres), le rangement est bien pensé avec des velcros et de quoi ranger les câbles, il y a un tapis antidérapant dans la boîte qui peut être fixé à un autre avec des rails, etc. La connexion en jack est suffisament simple pour permettre à des bricoleurs de se faire des accessoires maison, par ailleurs. Il reste possible de se faire une configuration personnalisée et il existe de nombreux accessoires tiers, mais je trouve dommage que le kit mis en avant ne contiennent pas assez de boutons pour vraiment profiter d’une manette complète.

Le cas épineux des joysticks

Sur le papier, Microsoft a trouvé une bonne solution pour les sticks analogiques, meilleure que celle de Sony avec la manette PlayStation Access qui demande d’acheter deux manettes. En théorie, on peut brancher un joystick USB sur une des prises latérales de la manette pour obtenir un stick analogique XXL. Dans la pratique, j’ai essayé quelques joysticks et quelques manettes avec des sticks analogiques sans trop de succès. Le seul qui fonctionne bien est le Logitech Extreme 3D Pro de Logitech. Microsoft a annoncé un nouveau modèle de stick pour cet usage, mais ce n’est pas encore disponible.

Le joystick de Logitech n’est pas mauvais, c’est un modèle d’entrée de gamme très courant, mais il a le défaut d’être assez imposant tout de même et surtout d’être cher. Le prix officiel aux États-Unis est de 35 $, mais en France, il faut 65 €. On le trouve heureusement moins cher, mais tout de même. Je vous conseille de chercher sur leboncoin si vous en voulez un : il a eu pas mal de succès chez les adeptes de Flight Simulator et on en trouve très facilement entre 10 et 20 €. Attention, vous aurez besoin de deux joysticks pour profiter pleinement de la manette, étant donné qu’il y a deux sticks sur une manette.

La première chose à faire est de mettre à jour le firmware si vous n’avez pas la dernière version. Je l’ai expliqué plus haut, vous aurez besoin d’un PC sous Windows, d’une console ou à la limite d’une machine virtuelle. Ensuite, il suffit de brancher le joystick à gauche ou à droite, pour le stick de gauche ou de droite. Microsoft donne la correspondance entre les touches du joystick sur son site.

Un prix élevé

Le principal problème, c’est le prix. Pour une configuration complète, on est à 90 € pour la manette, 80 ou 100 € pour un ensemble de boutons et potentiellement 130 € pour deux joysticks en France, soit 320 €. On peut s’en tirer pour un peu moins en cherchant une promotion sur les joysticks ou de l’occasion, mais ça reste quand même assez loin d’une manette de Xbox classique. C’est un problème identique à la manette de Sony : elle vaut 90 € mais vous aurez besoin de deux manettes pour avoir les deux sticks analogiques, et potentiellement d’un ensemble de boutons. Je ne suis pas la cible, mais je me rends tout de même bien compte que c’est cher, même s’il n’existe pas tellement d’alternatives.

La prise en charge sous macOS et iOS

Les fonctions sont à peu près les mêmes avec tous les OS Apple. Premièrement, la manette est bien vue comme une manette par le système et donc tous les jeux qui reposent sur le protocole d’Apple fonctionnent. Elle s’identifie comme une manette Xbox, avec les fonctions classiques. Attention, elle remonte la possibilité d’envoyer des vibrations, mais elle ne vibre pas.

Dans Réglages Système -> Manette de jeu (Réglages -> Général -> Manettes de jeu sous iOS), on peut modifier un Profils (en bas) qui peut ensuite être assigné à la manette. Il y a pas mal de personnalisations possibles. On peut modifier la correspondance des boutons classiques, des boutons des gâchettes et des boutons des sticks. Attention, Apple a choisi une voie particulière pour les noms : plutôt que de mettre A, B, etc. ou croix, rond, etc. Apple parle de bouton du haut, du bas, de gauche et de droite. Il faut donc regarder sur une manette de Xbox pour la correspondance. A est le bouton du bas, B celui de droite, Y celui du haut et X celui de gauche.

Pour la croix directionnelle et les sticks analogiques, il y a moins de réglages : on ne peut pas déconstruire la croix pour assigner un bouton à une direction, mais on peut forcer un stick analogique à fonctionner comme une croix (ou le contraire). Les boutons Xbox et autres boutons de menus ne peuvent pas être modifiés. Dans tous les cas, entre les possibilités de personnalisation physique et la personnalisation du côté du logiciel, il est possible d’adapter la manette à vos besoins, normalement.

La manette de partenaire

J’avais déjà parlé de cette fonction de macOS et iOS : il est possible de lier deux manettes, que le système verra comme une seule manette. Avec la manette Adaptive, c’est plutôt efficace : vous pourrez pallier l’absence de certains boutons (par exemple si vous n’avez qu’un joystick) avec une vraie manette de Xbox. C’est une solution qui permet aussi de demander de l’aide, en laissant une autre personne passer un passage ardu avec une manette plus classique, par exemple. Je vous renvoie vers mon article précédent pour les détails.

Plus adaptée à un Mac ou à l’Apple TV

La manette peut être placée sur un trépied (il y a trois pas de vis sous le boîtier) mais elle reste tout de même fondamentalement plus adaptée à un usage fixe qu’à un usage mobile. C’est plus agréable sur un bureau avec un Mac ou devant un téléviseur avec l’Apple TV qu’avec un petit écran d’iPhone ou d’iPad.

Pour une personne avec un handicap, je pars du principe que c’est un bon produit : les retours sont généralement bons et Microsoft avait bonne presse au lancement. Je n’ai pas d’avis réel sur ce point, parce que je ne suis pas la cible. Sur le côté technique et la personnalisation, j’ai un avis, et il est positif. C’est un produit bien pensé, qui n’a pas de gros défauts (on peut noter une mise en veille un peu trop rapide). La prise en charge sous Windows est très bonne, celle avec les systèmes Apple est bonne. On peut personnaliser la manette physiquement avec de nombreux accessoires, et la partie logicielle sous macOS ou iOS reste très correcte.

Le principal problème reste le prix et en partie la disponibilité. La manette Adaptive n’est pas disponible partout et les kits de Logitech n’ont pas assez de boutons, par exemple. De même, la gestion des joysticks est un peu légère, avec le modèle de Logitech qui est pratiquement la seule référence qui permet une bonne compatibilité. Un exemple simple vient de la disponibilité des accessoires : certains de ceux que j’avais testé en 2018 pour Canard PC Hardware n’existent plus et quand j’ai voulu acheter un kit de boutons début 2024, Logitech n’en avait pas en stock et j’ai attendu plusieurs semaines pour pouvoir en commander un.