Dans une vidéo, je suis tombé sur quelqu’un qui explique pourquoi il ne faut pas utiliser une rallonge en USB-C, et aussi pourquoi elles ne font pas partie de la norme USB-C. Une des raisons, c’est que dans certains cas, l’USB-C n’est pas réversible.
Premier point, les rallonges USB-C ne font pas partie de la norme, et ne sont donc pas certifiées USB. Sur le papier, ça ne doit donc pas exister, mais en pratique vous en trouverez très facilement. Pour l’essai, j’ai acheté une noname avec un nom généré par une IA (ou quelqu’un qui tape n’importe au clavier) et une Ugreen. Ugreen, c’est un peu du chinoisium++ pour moi (c’est un avis personnel). Ce sont des câbles et accessoires qui sont globalement passable sur la qualité, avec un SAV qui sera réactif et pas de grosse arnaque en vue. Dans le cas de la rallonge, celle de 1 mètre vaut à peu près le double d’une rallonge noname. Mais il ne faut pas oublier un truc : ça reste un produit qui n’est pas certifié USB et qui est techniquement hors norme.
La qualité perçue est à peu près la même : un gros câble tressé et des prises USB-C assez imposantes. La version noname est peinte en doré pour faire croire à de l’or, mais c’est évidemment du toc.
En USB 2.0, ça ne fonctionne pas dans tous les cas
Je vais commencer par la partie qui pose des soucis dans certains cas : l’USB 2.0. Dans une prise USB-C mâle, les broches de données de l’USB-C sont doublées : elles sont présentes des deux côtés de la prise. Pour respecter la norme, les broches sont par contre reliées à la même source dans le périphérique, donc elles fournissent exactement le même signal. Dans une prise USB-C femelle, ce n’est par contre pas le cas : il n’y a qu’une face de la prise qui a les broches de données.
Dans un fonctionnement normal, le câble qui part du périphérique (prenons un truc courant en USB-C, un microphone) a donc les broches des deux côtés, et l’hôte (votre ordinateur, au sens large) n’a qu’un côté câblé. Quel que soit le sens d’insertion du câble, il y aura donc deux broches du câble (côté mâle) sur les deux broches de la prise (côté femelle).
Maintenant, prenons une rallonge USB-C basique, comme la noname. Il y a des broches des deux côtés sur la prise mâle et des broches d’un seul côté sur la prise femelle. Et du coup, dans certains cas, ça ne fonctionne pas. Si vous mettez la rallonge dans le bon sens (on va dire avec le logo vers le haut), les deux broches de la prise femelle de l’ordinateur sont reliées à deux broches de la prise mâle, qui sont reliées à deux broches de la prise femelle. Dans ce cas, ça fonctionne. Mais si vous mettez la prise mâle dans l’autre sens… ça ne passe pas. C’est logique : un seul coté est câblé.
C’est parfois un peu surprenant, par exemple avec un iPhone : l’énergie passe dans tous les cas, donc l’iPhone va réagir au branchement. Mais dans un sens, il sera accessible depuis le Mac, et pas dans l’autre.
C’est ici que la rallonge Ugreen montre que le fabricant fait (un peu) plus le boulot qu’un constructeur noname basique : le problème ne se pose pas. Je suppose (je n’ai pas vérifié physiquement) que le signal est dédoublé dans la prise mâle et que les deux séries de broches sont reliées aux broches de la prise femelle, ce qui n’est visiblement pas le cas dans la prise de la rallonge noname. Empiriquement, il y a aussi certaines prises où la rallonge noname fonctionne dans tous les cas : directement sur le Mac, elle ne fonctionne que dans un sens. Sur la prise USB-C de ma station d’accueil Startech, ça fonctionne dans tous les cas, comme avec ma station WD Black.
Est-ce un problème ? Pas nécessairement. Premièrement, on le voit plus bas, les appareils USB 3.0 n’ont pas le problème. Sur un SSD externe, un iPhone Pro, certaines webcam, etc., c’est l’USB 3.0 qui est de la partie et ça fonctionne. Dans les appareils USB 2.0, on trouve les iPhone classiques (15 et 16), parfois des clés USB, la majorité des interfaces audio et les rares claviers et souris en USB-C.
En USB 3.0, pas de soucis
Le fonctionnement même de l’USB-C, lié à la détection du sens, fait que le problème ne se pose pas si vous avez un périphérique USB-C qui fonctionne en USB 3.0. C’est lié à la disposition des broches : les lignes de données sont toujours au même endroit dans le câble, quel que soit le sens d’insertion, et c’est un composant qui va effectuer la détection du sens. J’ai testé avec un SSD externe et ça fonctionne dans tous les cas.
Les dangers des rallonges
Même si ça fonctionne en USB 3.0 et potentiellement en USB 2.0, installer une rallonge USB n’est pas une bonne idée pour plusieurs raisons. La première, c’est que vous risquez des erreurs ou un fonctionnement aléatoire pour les données. Du point de vue de l’USB, et compte tenu des fréquences, la norme impose une longueur maximale de 5 mètres en USB 2.0 (et 1.1), de 2 mètres pour un débit de 5 Gb/s en USB 3.0 et de 1 mètre pour un débit de 10 Gb/s. Ce n’est pas uniquement pour embêter les gens : au-delà, vous risquez des erreurs à cause des fréquences élevées. Parce qu’un câble de 80 cm qui transmet parfaitement un signal à 10 Gb/s, il ne va pas nécessairement fonctionner de la même façon si vous ajoutez 1 mètre avec une rallonge dont vous n’avez aucune idée de la qualité.
Le second est lié, ça peut poser des soucis en Thunderbolt. Le fonctionnement n’est pas exactement le même, mais en gros les câbles passifs permettent 40 Gb/s s’ils font nettement moins d’un mètre (la limite est vers 80 cm dans les faits) et on peut parfois avoir 20 Gb/s sur des longueurs plus élevées. Pour du 40 Gb/s sur une bonne longueur, il faut un câble actif, cher. Les rallonges sont généralement trop longues (et de mauvaise qualité) et ne permettent pas le mode passif, et la détection du mode actif peut être perturbé, donc ce n’est pas une bonne idée.
Le dernier point est la charge. En théorie, un câble USB-C doit accepter une intensité de 3 ampères et une tension de 20 V (soit 60 W). C’est la norme, et on peut supposer qu’un bon câble l’accepte. Dans le cas d’une rallonge, il y a déjà un problème : on ne peut pas partir du principe que ça va fonctionner parce que c’est la norme, étant donné que par définition, une rallonge ne suit pas la norme. L’autre problème, c’est que l’activation des modes qui permettent 100 ou même 240 W dépendent d’une puce dans le câble, l’eMarker. Avec la puce, on part du principe (encore) qu’un câble qui annonce qui accepte 100 W (5 A, 20 V) ne va pas fondre. Mais si vous mettez une rallonge dans la boucle, le système va toujours voir la puce eMarker et ne peut pas détecter la rallonge, donc il va potentiellement envoyer 100 W dans un câble prévu pour 60 W (en théorie), ce qui peut être dangereux, avec un éventuel risque d’incendie.
Vous avez compris, je vous déconseille vraiment les rallonges USB-C. Mais je comprends aussi qu’on puisse avoir besoin d’une rallonge dans certains cas, même s’il semble plus sûr d’acheter un long câble de qualité. Sinon, vous trouverez quelques exemples de trucs USB-C qui ne devraient pas exister dans cet article.
Merci pour cet article.
Pourquoi les fabricants ne rallonges USB-C ne câblent pas les broches D+ et D- des 2 cotés de la prise mâle pour ainsi éviter tout problème ?
Sinon sur la charge et le risque, en effet si c’est pour un usage à plus de 60W mieux vaut être très prudent avec un câble de bonne qualité et bien indiqué pour plus de 60W.
Perso j’ai acheté il a un moment déjà cette rallonge UGreen pour un HomePod mini à 30W (on ne peut pas changer l’entièreté du câble donc je n’avais pas le choix) et maintenant la rallonge me sert sur un chargeur d’iPhone à 20W donc tout vas bien .
Pour les broches, aucune idée, mais je suppose que ça peut créer un court-circuit.
Pour les risques, le problème c’est que même pour 60 W, y a un risque possible : parce que des gens qui font un truc qui ne devrait pas exister ne s’embarrasse pas nécessairement de suivre les règles.
Ça me fait penser à une interrogation que j’ai depuis que j’ai une nouvelle voiture!
J’ai mis dans la prise allume-cigare un chargeur USB avec un connecteur Type-A et un USB-C. Et l’autoradio a en façade une prise Type-A pour brancher clef USB ou smartphone (Android auto).
Qu’est ce qui se passerait si je branchait an cable Type-A -> USB-C de l’autoradio vers le chargeur ? Ya pas un risque que du courant parte du chargeur vers l’autoradio et crame l’électronique ?
J’ai jamais essayé évidemment !
Oui, c’est probable, et comme les chargeurs sur allume-cigare c’est parfois mal pensé, ça peut même envoyer probablement trop.