Dans le monde des cartes microSD, il y a une interface qui permet des débits assez élevés, l’UHS-II. La norme se place entre les débits de l’UHS-1 (104 Mo/s en théorie, 208 Mo/s dans certains cas) et le SD Express (~1 Go/s), avec un débit maximal de 312 ou 624 Mo/s (en UHS-III). Mais la compatibilité UHS-II est compliquée, spécialement dans le cas des cartes microSD.
Je commence par une petite anecdote. Dans les actualités que j’écris, je vois régulièrement des lecteurs outrés quand un appareil n’est pas compatible UHS-II ou UHS-III, et en général, ça me fait sourire. Parce que trouver une carte compatible UHS-II (spécialement dans le cas des microSD) n’est vraiment pas une sinécure. Les cartes sont rares et onéreuses.
Que ce soit dans les cartes SD ou dans les cartes microSD, le principe de l’UHS-II est un peu particulier. Il y a deux rangées de broches, mais seule la seconde sert en mode UHS-II. La première, la principale, reste sur la norme classique avec un but 4 bits et une fréquence de 208 MHz (ce qui donne 104 Mo/s). Quelques cartes utilisent un transfert en mode DDR (deux bits par cycle), ce qui double de facto le débit mais ne suit pas la norme. Ce mode permet 208 Mo/s et se retrouve souvent chez Sandisk. L’UHS-II est différent : c’est un bus série, à la manière de l’USB ou du PCI-Express. La norme permet 156 Mo/s en full duplex et 312 Mo/s en half duplex. Dans le premier, il y a un lien dans chaque sens en simultané, dans l’autre les deux liens sont liés. De ce que j’ai pu voir, les cartes sont habituellement half-duplex. L’UHS-III permet le double, de façon basique. J’avais testé une carte SD UHS-II il y a quelques années.
Sur les cartes SD et microSD UHS-II, il y a donc une rangée de broches en plus (huit). Un lecteur de cartes standard va prendre la première rangée, un lecteur compatible UHS-II va prendre la seconde. Les broches en question servent aussi pour les cartes SD Express, mais avec une petite différence entre microSD et SD. Dans les SD classiques, les broches sont les mêmes de ce que j’ai pu voir. Avec les cartes microSD, ce n’est pas le cas : elles ne sont pas alignées de façon identique.
Petite astuce : les cartes UHS-II affichent un II
pour indiquer l’interface sur la face avant (comme sur la carte en photo plus haut), s’il n’est pas possible de voir les broches.
Les rares cartes microSD UHS-II
Pour trouver une carte microSD UHS-II, il faut un peu de recherche. L’énorme majorité des cartes est en effet en UHS-I et les cartes UHS-II sont rares et surtout très onéreuses. Sandisk, par exemple, ne semble plus en proposer. J’ai une Lexar Gold, et c’est un modèle assez cher (une bonne cinquantaine d’euros). Dans la pratique, je vois plusieurs raisons à cette absence. Premièrement, l’interface amène un surcoût évident, avec un contrôleur différent et de la mémoire qui doit être performante. Deuxièmement, il y a probablement peu de demande pour des cartes microSD rapide : l’UHS-I suffit pour la majorité des usages. En dehors de quelques cas particuliers en vidéo, un débit supérieur à 100 Mo/s n’a que peu d’intérêt pratique. Enfin, le mode DDR208 que j’évoque plus haut à probablement tué l’UHS-II dans ce domaine. Même s’il est techniquement hors norme, il double les débits sans modifications particulières : les cartes doivent prendre en charge le mode DDR par défaut et donc il est facile de l’adapter à la fréquence la plus élevée.
Au-delà de la carte, il faut évidemment un lecteur. Les lecteurs de microSD UHS-II sont rares, et il faut bien vérifier une compatibilité explicite sur la fiche technique. Lors de mes essais, la carte Lexar fonctionne en UHS-II dans un lecteur Kingston, mais pas dans mon lecteur Transcend (il n’est qu’UHS-I) ni dans mon lecteur Sandisk (qui est UHS-I DDR208) ou dans un lecteur de cartes SD Express. J’ai aussi un petit problème sur lequel je reviendrais : Lexar ne livre pas d’adaptateur microSD vers SD et celui acheté à vil prix sur eBay ne semble pas fonctionner. Ma carte microSD UHS-II ne fonctionne pas dedans.
Dans la pratique, la carte de Lexar est rapide (~266 Mo/s en lecture) dans un lecteur dédié, mais évrit assez lentement (~105 Mo/s). En mode UHS-I dans mes autres lecteurs, elle est vers 95 Mo/s en lecture (c’est nettement moins) et un peu moins de 90 Mo/s en écriture. Si le gain est conséquent en lecture, il ne l’est donc pas tellement en écriture. Le seul intérêt vient éventuellement des débits sur les accès aléatoires, plus rapides en mode UHS-II, mais une carte microSD un peu optimisée comme celle des Raspberry Pi a des résultats plus élevés en pratique.