La Jeronimo Pro de chez Appian Graphics : une carte graphique avec deux GPU des années nonante

Connaissez-vous les cartes d’Appian Graphics ? Moi, pas réellement. Donc quand un vendeur que je connaissais vaguement a proposé une carte Jeronimo Pro pour Mac à un bon prix, je l’ai achetée. Et je me suis rendu compte ensuite que ce n’est pas une carte pour Mac. Mais elle reste intéressante.

Appian Graphics est une société qui proposait des cartes qui permettaient d’afficher sur plusieurs écrans quand ça n’existait pas réellement. Dans les années nonante, les cartes graphiques n’avaient qu’une seule sortie vidéo et la seule solution pour avoir deux écrans était de passer par deux cartes graphiques. C’était vaguement possible sous DOS avec une carte VGA et une carte MDA (monochrome) mais ce n’était pas très pratique. Appian Graphics a proposé une solution intéressante pour régler ça : deux cartes graphiques sur la même carte physique. L’idée est de mettre un pont PCI (une puce qui va permettre de séparer le bus en deux) et l’équivalent de deux ou quatre cartes.

La carte, avec ses deux « GPU »

On n’est pas du tout dans la logique des cartes bi-GPU des années 2000, qui étaient essentiellement là pour améliorer les performances avec les Voodoo 5 ou plus tard quelques modèles de GeForce ou de Radeon. Le but ici est d’afficher sur plusieurs écrans avec des cartes séparées, qui ne communiquent pas réellement. La carte Jeronimo Pro est basée sur la puce Permedia 2 (un truc orienté vers les professionnels au départ, mais parfois employés dans des cartes de joueurs) avec 8 Mo de RAM par puce. Je pensais qu’il existait une version Mac (mon erreur) mais c’est la puce Permedia 3 qui a été adaptée aux Mac. Il existe bien une carte Jeronimo pour Mac, mais c’est une version spécifique de la Jeronimo 2000, équipée de deux puces Permedia 3.

Le nom de la carte


Le pont PCI

Physiquement, la carte est assez imposante, car elle contient l’équivalent de deux cartes graphiques classiques. On a donc deux puces sous des radiateurs, deux fois 8 Mo de RAM, deux sorties, etc. Pour les pilotes, j’ai installé ceux présentés dans ce sujet. Les pilotes génériques pour les cartes FireGL me donnaient des erreurs et je n’ai pas cherché plus loin. Sous Windows 98 sur mon vieux PC, on a donc bien réellement deux cartes vues, avec un pont PCI.

On voit deux cartes


Les réglages

Je n’ai pas réellement testé la carte. D’abord parce que la puce Permedia 2 n’est pas un foudre de guerre. C’est un composant destiné au départ au monde professionnel, avec de l’OpenGL (le pilote est correct). Mais je n’avais pas de jeux OpenGL installé, et Unreal Gold n’est pas compatible OpenGL par défaut. Mais même quand les jeux se lancent, les limites de la carte peuvent amener un résultat inattendu. De ce que j’ai lu, Quake 2 et Quake 3 ont par exemple un rendu différent de celui d’autres cartes car la puce Permedia 2 n’est pas capable d’effectuer certaines opérations sur les couleurs.

On voit les deux « GPU » et la mémoire (16 Mo au total)

Pour terminer, il faut noter que le concept a fait long feu au début des années 2000 pour une bonne raison : nVidia (avec les GeForce 2 MX), Matrox et ATi ont proposé à l’époque des cartes graphiques capables de gérer plusieurs moniteurs avec une seule carte. C’était évidemment plus intéressant techniquement et financièrement que d’intégrer deux cartes complètes. Le concept n’a pas été totalement abandonné, mais il a surtout visé les joueurs avec les cartes dotées de deux GPU pour améliorer les performances avec du SLI ou du CrossFire interne et parfois les traders avec des cartes capables de gérer beaucoup d’écrans. En 2025, c’est quand même plus ou moins terminé, étant donné que le SLI ou le CrossFire n’existent plus réellement. La Jeronimo Pro est donc une curiosité issue d’une époque révolue.