Au début des années 2000, Sony a lancé un truc très pratique et inattendu à cette époque, le eMarker. C’est un petit boîtier qui permettait de reconnaître une chanson qui passait à la radio, de façon (presque) magique, un peu à la manière de Shazam.
Le fonctionnement était simple : un petit boîtier de la taille d’une grosse clé USB avec un bouton et un petit écran. Quand on entendait un titre à identifier, il fallait presser une fois le bouton pour un titre entendu à la radio, deux fois pour un truc vu à la TV et deux secondes si vous étiez un peu loin de chez vous. L’appareil était capable de stocker dix pressions, ensuite il fallait le connecter à un PC.
Pour obtenir le titre enregistré, il fallait passer par le site dédié (qui n’existe plus), en branchant le boîtier en USB. Le site affichait ensuite normalement le titre en question avec quelques informations, comme Shazam. Le fonctionnement lui-même n’avait rien de magique : au moment de s’inscrire sur le site (gratuit), il fallait donner quelques informations sur sa localisation, ce qui permettait au site de définir à peu près ce que vous entendiez. C’est la raison d’être de la troisième option (la pression longue) : pour que la détection fonctionn, il fallait indiquer votre position approximative. Sony proposait par ailleurs une liste avec les stations de radio et de TV surveillées, ce qui permettait d’affiner le résultat directement.
Dixit ce site, comparer le service à Shazam n’est pas idiot : Sony travaillait avec une société spécialisée qui utilisait une technologie proche de Shazam. Elle écoutait en permanence de nombreuses radios et TV avec un système de reconnaissance équivalent à Shazam actuellement, pour créer une base de données des titres joués sans devoir interroger toutes les radios et TV. C’est plutôt malin et visiblement assez efficace, car même s’il y avait un décalage lié à la détection dans les années 2000 (10 minutes selon les sources), le fonctionnement asymétrique permettait de cacher la latence. En effet, nous n’alliez probablement pas aller brancher directement le eMarker pour obtenir la réponse.
Un produit abandonné assez vite
Le produit est peu connu car il dépendait évidemment des serveurs, et Sony a coupé le service assez vite. Il a été lancé vers l’été 2000 (archives.org a les premières pages en août), Sony a lancé une version Mac du logiciel – je n’ai pas trouvé le pilote – en mai 2001, annoncé une version 2.0 sans Flash en août 2001 et l’annonce de la fermeture date du 4 septembre 2001… pour une fermeture le 30 septembre. Sony a remboursé les utilisateurs à hauteur de 25 $ (l’appareil valait moins) et a donné quelques explications à l’époque sur le site dédié.
Et en 2025 ?
Le pilote (pour Windows) se trouve sur archives.org, mais il ne sert à rien : l’appareil se connectait à un site qui n’existe plus. Un site montre l’intérieur du boîtier et explique à peu près comment ça fonctionne, avec notamment un pilote pour Linux, développé dans les années 2000. L’appareil n’enregistre pas la date ni l’heure directement, mais simplement la différence (en secondes) entre la dernière synchronisation et les pressions. Le logiciel fait ensuite le calcul pour déterminer ensuite à quel moment le bouton a été pressé. Le truc, c’est que le code date du début des années 2000, donc c’est un peu compliqué à compiler en 2025. Et même s’il est probablement possible de le faire fonctionner, ça ne change rien au problème de base : il n’y a plus de base de données pour effectuer la correspondance entre l’heure et ce qu’on écoutait.
Enfin, il faut noter que le mien est la version américaine, mais que Sony a proposé la même chose au Japon avec une version physiquement assez différente (elle a n’a notamment pas de prise USB mâle) capable d’enregistrer 25 marques, donc probablement basé sur une technologie un peu différente.
Dans tous les cas, l’idée de départ était plutôt bonne avec une solution techniquement intéressante. Le principal problème, c’était évidemment la monétisation, surtout à une époque ou la détection devait être assez onéreuse.