Les CD-RW préformatés pour DirectCD, une bizarrerie de chez Sony

En lisant un article de Gough Lui, je suis tombé sur un truc qui m’a intrigué : Sony a vendu des CD-RW (réinscriptibles) préformatés pour DirectCD, un programme Adaptec.

Un CD-RW est donc un CD réinscriptible, c’est-à-dire qu’il est possible de modifier les données présentes sur le disque, contrairement aux CD-R. On peut donc écrire, effacer, réécrire. A l’époque des premiers graveurs, les fabricants pensaient que les CD-RW allaient remplacer la disquette, et donc différentes méthodes pour rendre les CD-RW plus pratiques ont été proposées. Le fonctionnement de base n’est évidemment pas pratique : on peut graver des données comme sur un CD-R classique, puis effacer tout le disque et recommencer. L’idée des logiciels d’écriture par paquets (au sens large) est de cacher tout ça et de permettre d’écrire comme si c’était une disquette ou un disque dur, de façon transparente.

La pochette l’indique bien

Dans le cas des CD-RW, il faut passer par un logiciel d’écriture spécifique (par exemple Adaptec DirectCD) ou éventuellement par Mount Rainier, qui est une sorte de standardisation de l’écriture par paquet (et qui ne marche pas réellement). Le fonctionnement nécessite un formatage spécifique en UDF (un système de fichiers notamment employé dans les DVD) et des logiciels adaptés. Le plus courant à la fin des années nonante est Adaptec DirectCD, qui était fourni avec pas mal de graveurs. Un CD-RW formaté pour DirectCD a une capacité réduite (530 Mo) mais ensuite on peut l’utiliser comme une clé USB.

Ce que Sony proposait, c’était des CD-RW déjà formatés en UDF pour Adaptec DirectCD. Ce n’est pas forcément contraignant, mais le formatage en UDF prend environ 30 minutes et donc avoir des disques formatés en usine permet d’éviter de le faire et simplement d’insérer le CD-RW pour s’en servir directement.

Le CD aussi

Formatage en cours


Un tout petit peu moins de 30 minutes

Dans les points à prendre en compte, on va le voir, l’UDF est un système de fichiers dont la compatibilité est moyenne. Tous les systèmes d’exploitation ne le lisent pas, et quand ça fonctionne c’est généralement en lecture seule. Sans DirectCD, il est donc impossible d’écrire. C’est un problème en partie réglé par les DVD-RAM, qui sont une sorte d’évolution des CD-RW. Les DVD-RAM n’ont pas besoin de logiciels adaptés (toute la logique est prise en compte par le lecteur physique) et sont formatés en FAT32 (enfin, peuvent être formatés en FAT32), ce qui simplifie les choses.

Quelques essais

Premièrement, j’ai testé différentes machines virtuelles avec le CD. Sous Windows 2000, XP, 7 et 10 (je n’ai pas installé Vista), le disque est lisible, mais en lecture seule. Sous Windows 98 SE, ce n’est pas le cas, mais il y a visiblement une partition cachée qui permet d’installer Adaptec DirectCD Reader, qui est en simplifiant un pilote pour l’UDF. Une fois qu’il est installé, le disque est accessible en lecture seule.

Windows 98 ne lit pas l’UDF


Un programme se lance



Ca fonctionne

J’ai vérifié avec ISO Buster, il y a bien une partition en ISO 9660 avec le programme de lecture, et une partition en UDF, donc les systèmes qui prennent en charge l’UDF n’affichent que cette dernière.

Il y a deux partitions

macOS Sequoia monte bien le CD en lecture seule, tout comme Snow Leopard, dans une machine virtuelle.

macOS voit le CD


On est en lecture seule, en UDF

Sous Mac OS 9, c’est un peu plus compliqué. D’abord, le lecteur de CD de mon Power Mac G3 n’a pas accepté le CD-RW. C’est un vieux modèle en SCSI, et impossible de lire le CD : les CD-RW ont une structure différente des CD classiques et réfléchissent moins la lumière, donc les vieux lecteurs optiques ne les acceptent pas. Avec un lecteur optique en USB, ça a fonctionné. Avec Mac OS 9.2.2, le pilote UDF lit le CD sans soucis, mais encore une fois en lecture seule. Visiblement, ça peut tout de même poser des soucis dans certains cas et une extension existe et est encore disponible.

Mac OS 9 le monte en lecture seule

Avec le programme

Pour vérifier le fonctionnement, j’ai récupéré une version de DirectCD que j’ai installé dans une des machines virtuelles. Avec Windows 98, ça n’a pas fonctionné : le lecteur de CD émulé de VMware Fusion n’est pas compatible et l’absence de pilotes standardisés pour l’USB m’a empêché de brancher le lecteur en direct. Sous Windows 2000, même chose, même avec mon graveur (moderne) en USB. Et sous Windows XP, la version la plus récente de DirectCD est annoncée directement comme incompatible. Même avec la mise à jour 3.05, le lecteur optique externe n’est pas reconnu comme compatible.

Le programme peut poser des soucis et est bloqué


Avec un graveur quelconque, ça ne fonctionne pas, même après avoir installé la mise à jouer

J’ai un peu cherché, sorti un vieux PC portable sous Windows XP (équipé d’un graveur plus moderne que lui, l’original était mort), là aussi sans succès. Puis en cherchant, je me suis rendu compte que DirectCD n’accepte que des vieux graveurs. J’ai donc sorti celui que j’avais utilisé il y a quelques années pour la bidouille originale de MacBidouille. C’est un vieux modèle qui grave en 8x et qui a le défaut d’être ventilé (il fait un bruit d’enfer). Mais avec un adaptateur USB vers IDE qui accepte les lecteurs optiques, ma machine virtuelle a reconnu le graveur correctement et DirectCD aussi.

Le vieux graveur de l’enfer et son ventilateur

A l’insertion d’un des CD-RW, j’ai eu un message m’indiquant que je pouvais directement écrire sur le disque, sans formater. J’ai copié quelques images, ce qui a prix un peu de temps parce que les CD-RW sont lents par défaut (c’est du 4x habituellement, 600 ko/s) mais ça a fonctionné. Une fois les traitements effectués, il faut éjecter le disque avec l’assistant DirectCD : par défaut, le disque est bloqué pour éviter qu’un utilisateur ouvre le tiroir pendant qu’il écrit. Je n’ai pas fait trop de tests, d’abord parce que le bruit du graveur est vraiment insupportable. La seconde raison, c’est que DirectCD, même à jour, est instable sous Windows XP. Je me suis retrouvé avec des écrans bleu en arrêtant la machine virtuelle. Donc j’ai tout simplement déinstallé le programme.

Le message avec le disque préformaté


Il est reconnu


On peut copier


Il faut éjecter

La bonne nouvelle, c’est que les données gravées sous Windows XP sont parfaitement visibles avec les autres systsèmes d’exploitation, mais toujours bien évidemment en lecture seule. Le dernier essai que j’ai fait, c’est tenter d’effacer un des disques CD-RW et ça a fonctionné. Bien évidemment, on se retrouve dans ce cas avec l’équivalent d’un CD-RW classique, sans le préformatage. On a donc la capacité classique (de l’ordre de 650 Mo) mais pas d’UDF.

macOS permet de formater un disque CD-RW